C’était il y a tout juste 50 ans: le 1er janvier 1961

Le gouvernement concentre troupes et mitrailleuses sur la route qui mène de Mons à Bruxelles. Il sait que les dirigeants du mouvement ouvrier ne sont pas disposés à organiser la marche sur Bruxelles, mais il ne veut prendre aucun risque. Sous la formidable pression de la grève générale, certaines fractions de l’appareil de la FGTB radicalisent verbalement leurs positions.

Cet article, ainsi que les autres rapports quotidiens sur la  »Grève du Siècle », sont basés sur le livre de Gustave Dache  »La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 60-61 »

C’est ainsi qu’après 14 jours, la centrale des métallurgistes, réputée de gauche, a décrété la grève générale nationale pour le mardi 3 janvier 61 et cela : «après inventaire de la situation existante dans la métallurgie.» Par contre, des dirigeants du PSB pèsent de tout leur poids pour contenir la grève générale dans les limites de l’ordre capitaliste.

Le 31 décembre, J. Bracops, député socialiste de Bruxelles avait accordé une interview au quotidien libéral La Dernière Heure. Il n’ a pas craint de déclarer à la presse réactionnaire que : «cette grève dépasse tout ce qui était prévu, et la situation devient chaque jour de plus en plus critique. L’avenir me fait peur. Le gouvernement a peut-être espéré la lassitude des manifestants après deux réveillons de grève, mais le mécontentement est tel que je ne crois pas à cette lassitude. Je place mon dernier espoir dans une solution qui pourrait intervenir mardi à la rentrée des chambres. En ce qui concerne les évènements d’ hier, ils sont infiniment regrettables : cette manifestation n’ était nullement voulue par les dirigeants de l’ Action Commune Socialiste.»

Le week-end du réveillon du nouvel an n’ a nullement émoussé la volonté de lutte des grévistes. La grève générale s’ étend toujours. Certains dirigeants bourgeois sont parfaitement conscients des dangers que la situation représente. Bien que le gouvernement soit décidé à résister coûte que coûte et à réprimer davantage la grève, ou peut être à cause de cela, ils craignent l’ explosion révolutionnaire et l’ affrontement direct entre leurs forces et celles du prolétariat.

A cette phase de la bataille, les tentatives de compromis esquissées par les représentants de certaines fractions plus éclairées de la bourgeoisie illustrent très bien la gravité de la menace que la classe ouvrière mobilisée fait peser sur l’ appareil de l’ Etat bourgeois. Les bourgeois accordent plus de crédit à la volonté des grévistes qu’à celle de leurs propres dirigeants. Or, ils savent que la marche sur Bruxelles les contraindrait à céder. C’ est ainsi que le journal La Libre Belgique, qui pourtant a toujours incité le gouvernement à «tenir bon», écrit : «L’ idée a été lancée dans certains milieux de mettre rapidement fin à cette situation confuse par la dissolution du Parlement, et le recours dans les quarante jours au corps électoral. Ainsi, la loi unique étant le seul prétexte des gréviculteurs, ceux-ci n’ auraient plus qu’à désarmer.»

La bourgeoisie en particulier, mais aussi les dirigeants réformistes et staliniens, se rendent parfaitement compte qu’avec cette revendication d’ une marche sur Bruxelles, un dangereux climat pourrait dégénérer en conflit mortel dès l’ instant où les masses ouvrières se mettraient en marche.

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