Quel front progressiste contre la N-VA et le patronat ?

Fin octobre, la FGTB a lancé une campagne pour la solidarité et contre le nationalisme. En soi, c’est une bonne chose, les syndicats doivent aussi prendre position sur des projets politiques. Mais la façon dont Rudy De Leeuw (président de la FGTB) a mis en avant cette campagne n’est pas un pas en avant dans la lutte pour défendre la sécurité sociale.

Par Bart Vandersteene

De Leeuw a appelé à la formation d’un front progressiste du PS, du SP.a et des verts pour contrer la N-VA. Le SP.a et Groen se sont empressés de rejeter cette proposition. Ils veulent rejoindre un gouvernement dirigé par la N-VA et ont trouvé que la note de De Wever était une bonne base pour poursuivre les négociations.

Le PSL n’est pas non plus pour le projet de la FGTB, mais pour des raisons nettement différentes. Pour nous, il s’agit d’une nouvelle tentative de consolider le statu quo politique limitant le choix et la discussion politique aux partis traditionnels existants.

On a pu lire dans l’éditorial du magazine flamand Knack du 27 octobre quelques raisons de se méfier de ce soi-disant front progressiste. ‘‘Au congrès du syndicat chrétien, le président Cortebeeck se demandait : ‘Estce qu’on doit accepter que la Flandre devienne un paradis patronal sur base d’un cimetière social ?’ Cortebeeck et De Leeuw n’étaient probablement pas au pays pendant une longue période… Ils auraient sinon constaté ce que le président de la FEB Leysen a écrit dans une brochure de la Chambre du Commerce belgo-Japonaise. Leysen y décrit la Belgique comme le pays où le taux de taxation réel des entreprises est le plus bas au monde – grâce à la déduction des intérêts notionnels -, et comme un pays très favorable pour les entrepreneurs en termes d’embauches et de licenciements. En bref, le paradis des employeurs existe déjà et s’appelle Belgique.’’

Et d’après la direction de la FGTB, nous devons compter sur ceux-là même qui ont créé ce paradis des employeurs pour stopper la création d’un paradis encore plus intéressant pour les employeurs en Flandre ? Le PS et le SP.a sont les seuls partis qui ont participé à presque chaque gouvernement sur le plan national et régional depuis plus de 20 ans et sont responsables de la politique menée.

Certains pensent qu’une défaite électorale de la social-démocratie peut les conduire à un virage à gauche. Ils ont tort. Le SP.a a déjà connu plusieurs défaites mais, même avec la crise économique, il n’est pas question de virage à gauche. A la question : ‘‘Votre parti se tourne résolument vers les électeurs du centre. Mais est-ce qu’un parti socialiste ne doit pas se concentrer sur les couches les plus défavorisées de la société ?’’, Caroline Gennez, la présidente du parti, a répondu : ‘‘Nous ne devons pas aller encore plus à gauche, ces dernières années nous avons déjà tourné à gauche.’’ Que celui qui l’a remarqué se fasse connaître…

Dans le quotidien De Morgen, le journaliste Walter Pauli se demandait: ‘‘Supposons qu’il y ait un compromis et que le SP.a et Groen se mettent d’accord sur la régionalisation partielle de l’impôt sur le revenu. Qu’est ce que Rudy De Leeuw dira alors aux travailleurs ? Que le SP.a et Groen ont montré leur faillite ?’’ Il a raison. En tant que président de la FGTB, Rudy De Leeuw devrait dénoncer que la social- démocratie et les verts n’offrent aucune alternative. En termes de dénonciation de la N-VA, De Leeuw est d’ailleurs mal placé… En tant président du SP.a à Denderleeuw, il fait partie d’une coalition locale avec le CD&V et… la N-VA !

Les syndicats jouent un rôle important au niveau politique, mais tant que leurs directions continuent de soutenir les ‘‘amis’’ des partis traditionnels, les élections sont limitées au choix entre la peste et le choléra. Contre la politique néolibérale agressive du patronat et de la N-VA, il faut clairement dire que nous n’accepterons pas que les travailleurs et leurs familles payent la crise capitaliste. Seule une gauche combative peut défendre ce message de façon crédible.

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