Colloque « Grande Grève » à l’Université de Liège

Durant trois jours, l’ULG a accueilli un colloque consacré à la grève générale de l’hiver 60-61. Il a été clôturé hier par une table ronde qui a réuni des témoins de l’époque, et notamment Gustave Dache qui, une fois encore, a fait sensation. Sur la quarantaine de participants, une quinzaine sont d’ailleurs repartis avec un exemplaire de son livre "La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 1960-61".

Il a notamment beaucoup été question du fédéralisme et d’André Renard. Gustave Dache a expliqué que, durant la grève, le mouvement s’est retrouvé devant un choix : la confrontation directe avec le régime capitaliste ou la retraite. Mais pour cette dernière option, il fallait un prétexte capable de sauver la face à une partie au moins de l’appareil syndical. C’est dans ce cadre qu’il faut considérer l’appel au fédéralisme lancé par André Renard, un appel qui fut fatal à la grève générale.

Quand, le 31 décembre 1960, le Comité de coordination des régionales wallonnes de la FGTB a publié un communiqué déclarant que la grève était essentiellement localisée en Wallonie, il s’agissait d’un mensonge. Alors que, partout, les travailleurs réclamaient des actions plus dures, le Comité a répondu en semblant prétendre que seule la Wallonie luttait.

Le 3 janvier, André Renard a déclaré "Le peuple Wallon est mûr pour la bataille. Nous ne voulons plus que les cléricaux flamands nous imposent la loi. Le corps électoral socialiste représente 60 % des électeurs en Wallonie. Si demain le fédéralisme était instauré, nous pourrions avoir un gouvernement du peuple et pour le peuple." (Le Soir du 4 janvier 1961) Le 5 janvier paraissait le premier numéro de l’hebdomadaire dirigé par André Renard, Combat. Son slogan de première page était :"La Wallonie en a assez."

Peu à peu, et sans consultation de la base, c’est ce mot d’ordre, une rupture de l’unité de front entre les travailleurs du pays, qui a été diffusé par l’appareil syndical. A ce moment, des dizaines de milliers de travailleurs flamands étaient encore en grève à Gand et Anvers, mais aussi dans des villes plus petites comme Bruges, Courtrai, Alost, Furnes,… Finalement, faute de mots d’ordre et de perspective, le mouvement s’est essoufflé. La grève s’est terminée le 23 janvier 1961.

Si ce sujet vous intéresse, nous vous conseillons bien entendu de commander le livre de Gustave, mais aussi de venir participer aux meetings et présentations de ce livre dans votre région (Plus d’informations)

De gauche à droite: Jean Louvet (militant wallon et dramaturge (Le train du bon Dieu, 1962 ; L’An I, 1963, etc.), fondateur, suite à la Grève, du Théâtre prolétarien de La Louvière), Jacques Hoyaux (militant wallon, ancien ministre, sénateur honoraire et président d’honneur de l’Institut Jules Destrée), Gustave Dache (à l’époque ouvrier de la base, membre de la FGT B et président des Jeunes gardes socialistes de la Fédération de Charleroi, membre du Bureau national des Jeunes gardes socialistes, ainsi que militant de la IVe Internationale), Philippe Walkowiak (animateur du débat, RTBF), Georges Dobbeleer (à l’époque membre des Jeunes gardes socialistes et militant de la IVe Internationale), Valmy Féaux (à l’époque militant socialiste et assistant à l’Institut de sociologie de l’ULB. Ancien ministre et gouverneur de la Province du Brabant wallon). Louis Van Geyt, ancien président du PCB-KPB, n’a pas pu venir et avait envoyé un texte qui a été lu durant le débat.

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