La Flandre vire-t-elle à droite ?

En Flandre, ce qui est officiellement considéré comme étant de ‘gauche’ (le SP.a et Groen) n’obtient plus qu’à peine 20% des suffrages aux élections. Différents commentateurs concluent alors, un peu vite, que le Flamand est de droite, conservateur et flamingant.

Ils partent de l’idée qu’un soutien électoral pour un parti implique un soutien à son programme. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas le cas des 13% d’électeurs de la N-VA qui disent vouloir revenir à une Belgique unitaire… Des études ont démontré que pour les élections de 2009, les thèmes importants qui ont déterminé le vote des électeurs flamands étaient la crise financière (32%), la sécurité sociale (23%) et le chômage (11%). Seuls 8% estimaient que la réforme d’Etat constituait le thème le plus crucial. Côté francophone, les mêmes thèmes sont mis en avant : crise financière (32%), sécurité sociale (14%) et chômage (14%). Et même parmi les électeurs de la NVA, seuls 27% avaient pour priorité la réforme d’Etat (c’est à peine 6% de l’électorat du Vlaams Belang et de la Lijst Dedecker). Dans les différentes parties du pays, les principales inquiétudes des couches larges de la population sont donc similaires.

Après trente années de politique d’austérité, l’autorité des institutions capitalistes est minée, y compris celle de ses instruments politiques. Cela entraîne une recherche d’alternatives et une plus grande instabilité électorale.

En Flandre, il y a eu la percée du VLD (les libéraux), puis du Vlaams Belang, des verts de Groen à certains moments aussi, et puis la Lijst-Dedecker (LDD). En 2004, l’extrême-droite du Vlaams Belang était encore à 24% et maintenant, elle est sous la barre des 10% dans les sondages. Quant à la LDD, elle n’arriverait même pas aujourd’hui à dépasser le seuil électoral pour avoir des élus. Mais dans les sondages de début 2009, c’était encore le deuxième parti de Flandre avec 16,6%. A ce moment, la N-VA était à peine au-dessus du seuil électoral.

Il est vrai que les partis soi-disant de “gauche” entrent à peine en ligne de compte, ce qui provient surtout du fait que le SP.a et Groen n’ont pas vraiment une approche combattive et de gauche. Ils suivent aujourd’hui les positions de De Wever et de la N-VA, pourquoi dès lors ne pas voter pour l’original ? Où la gauche officielle fait-elle encore différence ? De quand date leur dernier spasme idéologique qui n’était pas de nature néolibérale ? La gauche officielle n’est plus à gauche, et cela ouvre la voie à la droite.

La différence qui existe entre la Flandre, la Wallonie et Bruxelles n’est pas due à des différences ‘‘culturelles’’ avec une ‘‘droitisation’’ en Flandre. La Flandre ne se distingue pas vraiment par une montée de la droite mais par la faiblesse de la gauche. Les médias jouent évidemment là-dessus, ce qui fait qu’un point de vue de droite néolibéral devient la norme. Il s’agit surtout d’un développement au sommet de la société. Parmi les couches larges, on se fait un sang d’encre à cause de la crise, de la sécurité sociale et du chômage. Et là, la droite n’a aucune réponse.


(1) Chiffres de “De stemmen van het volk. Een analyse van het kiesgedag in Vlaanderen en Wallonië op 7 juni 2009”. Par Kris Deschouwer, Pascal Delwit, Marc Hooghe, Stefaan Walgrave

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