Haïti : violent conflit entre manifestants et troupes de l’ONU.

A Haïti, de violents affrontements ont eu lieu le 14 novembre dernier entre manifestants et troupes des Nations Unie et ont causé au moins deux morts et 16 blessés à Cap-Haïtien, la deuxième ville du pays. Les barricades ont forcé la fermeture de plusieurs bâtiments publics de la ville ainsi que l’aéroport. Le poste de police a également été incendié. D’autres manifestations et fusillades ont été rapportées à Hinche et Gonaïves.

Niall Mulholland, CIO

Les autorités gouvernementales craignent que le mécontentement s’étende à la capitale, Port-au-Prince, qui a été dévastée en janvier dernier par le tremblement de terre qui fit 250.000 morts et sans-abris.

Cette manifestation a pour élément déclencheur l’apparition d’une épidémie de choléra qui a, jusqu’ici, officiellement causé plus de 1.000 morts et 1.000 nouveaux cas sont déclarés tous les jours. Des spéculations se généralisent, affirmant que la maladie, ressemblant de très près à une variante sud-asiatique, aurait été introduite accidentellement par les troupes népalaises de l’ONU.

Quand l’ouragan Tomas balaya l’île le 5 novembre, les voies fluviales ont débordé, créant ainsi les conditions idéales pour la diffusion du choléra. Cela a renforcé la rancune qui vit depuis longtemps parmi les Haïtiens envers les troupes de l’ONU.

La colère est aussi générale contre le gouvernement du Président René Préval, considéré comme corrompu, affaibli et incapable de prendre des mesures pour stopper la propagation du choléra. Les diplomates étrangers sont maintenant en train de spéculer sur la tenue ou non des élections prévues pour le 28 novembre.

L’épidémie a commencé comme un cas isolé de colique il y a un mois dans la vallée rurale d’Artibonite, et a rapidement concerné plus de 17.000 personnes conduites à l’hôpital. Les épidémiologistes avertissent que la maladie est maintenant présente dans les provisions d’eau et elle peut y rester pour des mois voire des années. La maladie a maintenant atteint Port-au-Prince, qui est encore en ruines après le tremblement de terre de Janvier.

Le choléra est causé par une bactérie d’origine aquatique appelée le Vibrio choléra. S’il reste non traité, il cause des diarrhées, des vomissements, la déshydratation et peut tuer en 24 heures seulement. Cette maladie ne cause que peu de problèmes quand de l’eau propre est disponible ainsi que de bonnes conditions sanitaires et d’hygiène, mais Haïti, un pays très pauvre est particulièrement vulnérable. Il n’existe pas une seule usine de traitement des eaux usées dans tout le pays, mais les riches ont des fosses sceptiques dans leurs maisons. Même avant le tremblement de terre, les Haïtiens vivaient dans des conditions très malsaines. Maintenant, les 3 millions d’habitants de Port-au-Prince vivent dans des cités de tentes, à côté des égouts en plein air.

D’un bout à l’autre du pays, beaucoup de gens sont obligés de se procurer de l’eau dans la rivière dans laquelle les gens se lavent et font leurs besoins.

Le choléra est relativement facile à soigner si les patients reçoivent des antibiotiques à temps, mais le service de national de santé du pays a des moyens limités et est incapable de tenir le coup. La pauvreté et l’infrastructure en ruines font que beaucoup d’Haïtiens reçoivent l’assistance médicale trop tard, ou pas du tout.

Les Nations Unies estiment que 200.000 Haïtiens pourraient être infectés par la maladie et ont fait appel à la ‘‘communauté internationale’’ pour 163 millions de dollars d’aide d’urgence. Mais les misérables dons pour Haïti de la part des principaux gouvernements capitalistes ne peuvent donner aucune assurance d’avenir aux pauvres. Dix mois après le tremblement de terre, 1,5 millions d’Haïtiens restent sans-abris et la plus grande partie de Port-au-Prince est encore en ruines. Seule une minuscule partie des 5 milliards de dollars promis par les gouvernements pour la reconstruction ont actuellement réellement été versés. La multitude d’associations et d’ONG qui sont apparus à Haïti ses dernières années ne peuvent bénéficier que d’une toute petite part de l’aide dont ils ont désespérément besoin.

Sur base du capitalisme, la grande majorité des Haïtiens va rester pauvre, sans emplois, illettrée, affamée et vivant dans des bidonvilles et des tentes. Cette vie signifie que la masse de la population va rester hautement vulnérable face aux maladies et aux désastres naturels. 80 % vivent sous le seuil de pauvreté. Le chômage atteint 75%.

Contrôle démocratique des ressources

Plus que jamais, les masses haïtiennes ont besoin d’un contrôle démocratique des ressources dans la société. Les véritables socialistes appellent à une aide médicale d’urgence immédiate et gratuite pour combattre l’épidémie de choléra, tout comme à un programme massif de reconstruction sous le contrôle de comités démocratiquement élus de travailleurs, de paysans et de pauvre dans chaque région.

Les masses d’Haïti ont un besoin urgent d’habitations, d’hôpitaux, d’écoles, de routes et d’infrastructures de bonne qualité et résistants aux tremblements de terre, cela inclut un accès à de l’eau potable, aux sanitaires et à d’autres ressources et services publics de première nécessité. Le Comité pour une Internationale Ouvrière s’oppose aux échanges injustes imposés à Haïti par les grandes puissances capitalistes et appellent à l’annulation des dettes du pays. Nous appelons à un politique pour procurer des emplois avec de bons salaires pour tous ainsi qu’à des subsides de l’Etat pour les petits fermiers. Le niveau de vie des masses ne peut être amélioré que par l’instauration d’une planification centrale de l’économie et de la nationalisation des secteurs clés de l’économie sous le contrôle démocratique des travailleurs.

Pendant des décennies, Haïti a été frappé par la pauvreté, le chômage et la dictature militaire. Le grand fossé qui existe entre la majorité pauvre noire parlant Créole, composant plus de 95% de la population, et le 1% de riches francophones possédant près de la moitié des richesses du pays, reste intouché.

Les travailleurs et les pauvres d’Haïti ont besoin de leurs propres organisations de classe indépendantes, de syndicats et d’un parti de masses avec un programme socialiste afin de se battre pour de réels changements fondamentaux. Les Le CIO revendique la fin de l’ingérence impérialiste – les forces de l’ONU hors d’Haïti ! – pour un Haïti socialiste, faisant partie d’une fédération égalitaire et socialiste des Caraïbes.

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