Jeunes en lutte pour l’emploi : Interview d’Aisha Paulis

Après la Marche des jeunes pour l’emploi de Bruxelles, nous avons discuté avec Aisha Paulis, membre du PSL et du Comité Jeunes en lutte pour l’emploi de Bruxelles. Inutile toutefois de revenir sur la nécessité d’une telle campagne, aujourd’hui, à Bruxelles, 1 jeune sur 3 est au chômage. Dans certains quartiers, comme celui de ‘‘Maritime’’ à Molenbeek, ce chiffre atteint même les 70% pour les moins de 26 ans !

Article tiré de l’édition de novembre de Lutte Socialiste

Lutte Socialiste : Quel est ton bilan de la Marche des Jeunes à Bruxelles ?

Aisha Paulis : ‘‘Je pense que c’était une bonne première action. Des étudiants du secondaire et du supérieur étaient présents mais aussi des jeunes travailleurs, quelques délégués syndicaux et des chômeurs. Cela démontre clairement que l’unité nécessaire à ces jeunes est possible. Ils ont manifesté dans les rues de Bruxelles avec des slogans tels que ‘‘les vieux dans la misère, les jeunes dans la galère, de cette société là, on n’en veut pas’’ ou ‘‘contre le chômage et les emplois précaires, 32 heures sans perte de salaire.’’’’

‘‘Nous sommes passés dans des quartiers populaires où ces questions d’emploi précaire, de chômage et de discriminations vivent très fortement. C’était bien sûr l’opportunité de faire connaître notre campagne. Des gens s’arrêtaient autour du cortège et soutenaient notre initiative : des passants ont donné directement 5 euros de soutien, en disant que c’était une bonne chose que les jeunes se bougent. En général, l’écho dans le quartier des Marolles était très bon, mais certains pensent encore qu’une telle action ne sert à rien. Pourtant on n’aura de cadeaux ni des patrons ni des politiciens. Si nous voulons un avenir, nous devons commencer à nous organiser et lutter. Pour moi, cette action est une réussite si elle est vue comme une étape dans la construction de la campagne. Nous ne pouvons pas nous arrêter maintenant. Il y avait une centaine de participants et, pour un début, c’est déjà très bien.’’

LS : Justement, quelle est la dynamique de construction du comité?

AP : ‘‘La campagne est commencée depuis plusieurs mois maintenant. Nous nous sommes réunis avec les Jeunes-FGTB, ABVV-Jongeren et la Jeunesse Ouvrière Chrétienne pour développer un programme commun : un emploi décent pour tous, l’arrêt de la chasse aux chômeurs et la lutte contre toutes les formes de discrimination. Nous n’avons, bien sûr, pas fait que discuter du programme, nous sommes aussi intervenus en rue. Au fur-et-à-mesure du développement de la campagne, d’autres associations et quelques jeunes non organisés se sont également impliqués.’

‘‘Je me rappelle d’une intervention que nous avions faite avec le PSL, alors que nous étions encore en discussion avec les premières organisations signataires de la plateforme. C’était à l’European Jobs Day, où des milliers de chômeurs étaient présents. Les files étaient véritablement impressionnantes. C’est un exemple concret qui dément toute la rhétorique selon laquelle les jeunes se complaisent au chômage.’’

‘‘Ensuite, nous avons mené des actions en commun avec les Jeunes FGTB et la Jeunesse Ouvrière Chrétienne, dans l’idée de ne pas seulement impliquer des organisations mais aussi toute cette couche de jeunes qui sont à la recherche de solutions contre la précarité, le coût des études, le chômage,… Cet été, nous sommes intervenus à différents festivals pour mobiliser pour une réunion en septembre et pour la marche du 14 octobre. Nous nous sommes aussi rendus devant les agences intérims, dans les marchés, etc. Lors de la manifestation de la Confédération Européenne des Syndicats du 29 septembre dernier, une délégation de Jeunes en Lutte pour l’Emploi était présente avec les jeunesses syndicales pour construire la campagne bien sûr, mais aussi pour mettre en avant la nécessité d’une résistance internationale contre tous les plans d’austérité qui arrivent en Europe.’’ ‘‘Toutes ces interventions nous ont permis d’impliquer quelques jeunes non-organisés dans la campagne même si aujourd’hui le nombre de jeunes qui voient l’utilité de s’organiser pour un emploi décent reste encore limité.’’

‘‘Beaucoup de jeunes croient encore aux solutions individuelles, à la débrouille, aux formations,… pour se tirer d’affaire. Mais c’est un élément qui commence à tourner avec la crise économique. On voit bien en France que dans le mouvement contre la réforme des retraites, les travailleurs ont été massivement rejoints par les jeunes, étudiants et lycéens. Toute une série de jeunes se rendent bien compte que ces attaques les concernent aussi directement. Si les travailleurs plus âgés restent au boulot plus longtemps, ça fait moins de place pour eux. Seule l’unité des jeunes et des travailleurs permet de lutter contre ces plans.’’

‘‘Pour nous, en Belgique, cette campagne des Jeunes en lutte pour l’emploi sert à construire un outil de lutte pour les jeunes et les travailleurs dans la perspective des futurs plans d’austérité. Mais même aujourd’hui, le soutien passif pour cette campagne est très large, tant parmi la jeunesse que chez des travailleurs plus âgés.’’

LS : Et pour la suite?

AP : ‘‘Le défi est de réellement construire des comités dans les quartiers, les entreprises, les universités et les écoles. C’est le meilleur moyen pour élargir cette campagne et commencer à construire un rapport de force. Pour l’instant, il y a des comités à Anneessens, Flagey, Schaerbeek, à l’ULB et à la VUB. Nous allons avoir des réunions de ces comités dans les semaines à venir afin de discuter et de proposer de nouvelles actions pour poursuivre la construction de cette campagne.’

LS : Et toi, en tant que membre du PSL?

‘‘Au niveau très pratique, comme nous sommes une organisation nationale, c’est plus évident de faire le lien avec les différentes initiatives dans le Hainaut, à Liège, mais aussi en Flandre où le PSL a récemment organisé une action à la Millionaire Fair pour dénoncer le fossé entre riches et pauvres. Le PSL a entretenu une tradition militante et combative en étant systématiquement en rue pour vendre son journal, distribuer des tracts,… C’est évidemment un grand atout dans ce type de campagne.’’

‘‘Le PSL-LSP propose l’unité des travailleurs contre le communautarisme, le racisme, le sexisme pour lutter contre l’austérité. Nous nous battons contre le système qui est à la base de tous ces problèmes : le capitalisme. Pour moi, la question fondamentale est de savoir pour quelle alternative on se bat. On nous a matraqué durant des années que le capitalisme était le seul système viable, pourtant ce n’est clairement pas le cas. Le capitalisme a fait faillite, nous avons besoin d’une société qui pourra répondre aux besoins de chacun, une société socialiste.’’

Partager :
Imprimer :

Soutenez-nous : placez
votre message dans
notre édition de mai !

Première page de Lutte Socialiste

Votre message dans notre édition de mai