Les infrastructures sportives de l’ULB menacées par la direction!

Interview d’Alby, étudiant en éducation physique.

Pierre et Gégé.Au début du mois de mars, les étudiants d’ISEPK (faculté d’éducation physique et de kinésithérapie) ont appris que l’ULB comptait les délocaliser pour 2007 à Erasme. C’est la seule information qui nous a été fournie dans un premier temps. Tous les étudiants se posaient des questions car le site d’Erasme n’est pas du tout adapté pour nous accueillir. Par exemple, il n’y a pas de locaux de sport et tout le monde se demande où est-ce que nous allons pouvoir faire du sport. De plus, les auditoires et les locaux sont déjà en saturation. Ils veulent nous y caser en plus des horaires déjà prévus, ce qui est une pure folie. Rien ne nous a été expliqué officiellement, on se demande vraiment ce qu’on va devenir et il semble que l’ULB n’en ait vraiment rien à foutre.

EGA : -Peux-tu nous expliquer en quelques mots ce qui s’est récemment passé dans la faculté d’ISEPK ?

Alby : Au début du mois de mars, les étudiants d’ISEPK (faculté d’éducation physique et de kinésithérapie) ont appris que l’ULB comptait les délocaliser pour 2007 à Erasme. C’est la seule information qui nous a été fournie dans un premier temps. Tous les étudiants se posaient des questions car le site d’Erasme n’est pas du tout adapté pour nous accueillir. Par exemple, il n’y a pas de locaux de sport et tout le monde se demande où est-ce que nous allons pouvoir faire du sport. De plus, les auditoires et les locaux sont déjà en saturation. Ils veulent nous y caser en plus des horaires déjà prévus, ce qui est une pure folie. Rien ne nous a été expliqué officiellement, on se demande vraiment ce qu’on va devenir et il semble que l’ULB n’en ait vraiment rien à foutre.

Un autre problème est que dans son projet, la direction compte également raser le hall sportif pour en faire un nouvel auditoire. C’est une décision qui risque de toucher tous les étudiants de l’ULB car cette salle est tout le temps utilisé et ouverte à tous les étudiants toute la journée.

EGA : -Comment avez-vous appris ce projet ?

Alby : Nous l’avons appris jeudi passé du fait qu’il y a eu une fuite qui est arrivée jusqu’au conseil facultaire, où le projet a donc été dévoilé au grand jour. Nous n’avions cependant que très peu d’informations concrètes sur les détails du projet.

EGA :-Quel impact penses-tu que cela puisse avoir au niveau social et financier sur les étudiants, et sur leurs conditions d’étude ?

Alby : Je pense que ce qui se cache derrière ce projet est le fait que la faculté ISEPK coûté trop chère à l’université. Pour exemple, pour certains cours, il arrive que nous ayons un prof d’athlétisme pour 8 ou 10 étudiants. Cela revient évidemment plus cher que les cours qui sont donnés par un prof dans un auditoire de 200 ou 300 étudiants. L’ULB veut donc faire des économies, mais cela au détriment de la qualité de notre enseignement. J’estime qu’à partir du moment où les étudiants paient un minerval de 700 euros, la moindre des choses est qu’ils aient droit à un enseignement de bonne qualité. Il est pourtant clair que les mesures qui vont être appliquées vont dans le sens contraire. On va priver de distractions sportives non seulement les étudiants de notre faculté, mais en réalité tous les étudiants de l’université. Sans compter que des gens de l’extérieur utilisent également ces infrastructures sportives. Par exemple, le hall de sport accueille chaque mercredi 200 enfants à qui nous donnons cours. Si le hall est rasé, non seulement ces enfants n’y auront plus accès, mais en plus, nous perdrons un acquis supplémentaire, dans le sens que le fait de donner cours à des enfants nous permettaient d’avoir un petit job rémunéré sur le site même de l’université. Ce ne sera plus le cas.

EGA : -Quel est l’état du matériel de sport aujourd’hui ?

Alby : La salle n’est pas très neuve, ce n’est pas le grand luxe mais nous ne pouvons pas nous plaindre. Par contre, s’il n’y a plus de hall de sport, tout ce que la direction est capable de nous répondre, c’est qu’ « on aura qu’à aller à l’ADEPS à Auderghem ». Ce qu’ils ne nous disent pas, c’est que le site d’Auderghem se trouve à 1h30 en transport en commun à partir d’Erasme, et qu’il n’y a pas de station de métro pour y arriver. Vous vous imaginez faire systématiquement l’aller-retour Erasme-Auderghem à chaque fois que l’on a cours de sport ? C’est impensable.

EGA : -Comment ces décisions sont vécues chez les étudiants et les professeurs ?

Alby : Le sentiment général est que le fait, en soi, d’aller à Erasme ne serait pas une mauvaise chose si dumoins il y avait les moyens financiers et les infrastructures nécessaires pour que cela puisse se faire dans de bonnes conditions. Je connais à la VUB des étudiants en éducation physique. Ils sont beaucoup mieux lotis (piscine, piste d’athlétisme, …). Ca prouve qu’avoir de bons équipements est quelque chose de réaliste. Cependant, je pense qu’à terme, les étudiants des autres universités seront victimes de la même politique. Je ne l’espère pas pour eux mais je crains fort que c’est ce qui risque d’arriver. Toutes les décisions prises par la direction de l’ULB ces dernières années n’ont rien apporté de bon aux étudiants. Encore dernièrement, ils ont voulu réintroduire le numérus clausus chez les kinés…

EGA : -Que penses-tu du mouvement qui vient de s’enclencher ?

Alby : Je pense que c’est très positif, ça montre que beaucoup de gens sont conscients du danger. Un autre point que j’estime important, c’est que, si ce sont les profs qui ont entamé le mouvement, tout de suite une solidarité s’est crée entre les profs et les élèves. Il est clair que si l’ULB n’est pas décidée à changer d’optique, il faudra continuer le mouvement et surtout l’élargir et mobiliser davantage.

EGA : -As-tu encore quelque chose à ajouter ?

Alby : Oui. Je pense que le sport est un facteur socio-culturel important, et que c’est particulièrement déplorable, pour une université qui se dit « libre », de vouloir nous l’enlever. Pour moi, « libre » ne rime pas avec…libéral.


Pour EGA, il est clair, que cette nouvelle attaque sur les infrastructures sportives et toute la faculté de l’ISEPK se retrouve dans le cadre de l’élitisation de l’enseignement supérieur. Le processus de Bologne vise (et on a déjà pu entendre de nombreuses fois le recteur Demarret en vanter les mérites) à instaurer la compétition entre les différentes universités d’Europe, et ainsi, créer des pôles d’excellence, universités de référence, d’élites, très coûteuses et dans lesquelles se retrouveront uniquement les cours les plus demandés et les plus intéressants sur le marché du travail.

On peut déjà imaginer avec cette mesure, qu’à terme, l’ULB, pour se débarrasser définitivement de cette faculté qui ne l’intéresse pas, la fusionnera avec la Haute Ecole pratiquant le même enseignement, et se trouvant, comme par hasard, juste à côté d’Erasme. C’est malheureusement le début de toute une série de mesures offensives que l’on prévoit sur toutes les facultés « trop peu rentables », contre lesquelles il va falloir se battre vigoureusement. Pour empêcher l’application de ces mesures d’austérité et surtout pour préserver ou arracher les acquis que nous sommes en train de perdre sur l’université, la seule solution est de s’organiser pour lutter, étudiants, travailleurs, et professeurs ensembles. Pour que les étudiants de l’ISEPK n’essuient pas un échec, il est fondamental d’élargir le mouvement un maximum, vers toute la population de l’université, et de faire un lien clair avec toutes les attaques que mène actuellement la direction de l’ULB sur nos acquis (privatisation des services sur le campus, fermetures des infrastructures pour les étudiants, augmentation du minerval intermédiaire, limitation d’accès à la bibliothèque, envoie des forces de l’ordre sur les étudiants…) !

EGA est pour un refinancement massif de l’enseignement à tous les niveaux et s’oppose bien évidemment à son élitisation. Nous sommes pour un enseignement gratuit, de qualité et accessibles à tous. Mais c’est seulement par la lutte que nous pourrons imposer aux élites dirigeantes l’enseignement démocratique auquel nous avons le droit.

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