LA DATE du 17 décembre sera décidément à marquer d’une pierre noire pour les réfugiés et leurs défenseurs. Quelques heures avant la condamnation des membres du collectif, la police investissait l’ULB – à la demande de sa direction – pour en déloger la cinquantaine de réfugiés iraniens qui menaient encore leur occupation.
Thierry Pierret
Les forces de l’ordre ont vidé la salle Honoris Causa de ses occupants et défoncé les locaux de la délégation étudiante (BEA), où femmes et enfants dormaient. Les Iraniens ont été répartis entre plusieurs centres ouverts et un d’eux se trouverait en prison faute de place dans les centres fermés.
Le vice-président du Conseil d’Administration (CA), Fabrizio Bucella, justifie la décision d’expulsion pour des motifs de sécurité (l’ULB ferme ses portes pour les vacances de Noël) et sous prétexte que l’occupation ne se justifierait plus après l’accord conclu entre les Iraniens et le ministre de l’Intérieur Patrick Dewael. C’est proprement scandaleux. Ceux-ci avaient stoppé leur grève de la faim le 14 novembre suite à un accord conclu avec Dewael. Cet accord disait que ceux d’entre eux qui avaient été déboutés du droit d’asile pouvaient introduire une nouvelle demande d’asile individuelle. Mais les Iraniens maintenaient l’occupation entamée le 19 septembre tant que l’Office des Etrangers ne déclarait pas ces nouvelles demandes recevables. Or, l’Office n’a rendu jusqu’ici que 61 décisions sur plusieurs centaines de dossiers! Dont seulement 17 positives… L’expulsion des Iraniens n’est pas restée sans réaction de la part des étudiants: quelque 300 d’entre eux ont manifesté devant le rectorat avant de bloquer l’Avenue Roosevelt. De nouveau la police est intervenue et ce même sur le campus. Cela annonce l’attitude qu’est prête à prendre les autorités envers tout mouvement de contestation.
Pour nous, cette issue illustre la faillite de la stratégie des délégués étudiants au CA qui dirigeaient le comité de soutien. Ils insistaient sur la nécessité d’éviter toute confrontation avec les dirigeants de l’ULB même lorsque ces derniers rechignaient à mettre les infrastructures de l’université à la disposition des Iraniens, même lorsqu’ils leur posaient des ultimatums pour les inciter à partir.
Les Etudiants de Gauche Actifs (EGA) ont dès le départ pris une part très active à la lutte des Iraniens. Nous insistions sur la nécessité d’élargir le mouvement au sein comme à l’extérieur de l’université, de faire l’unité avec les étudiants et les travailleurs plutôt qu’avec les caciques de l’université qui soutenaient les revendications des Iraniens en paroles tout en leur mettant des bâtons dans les roues en pratique.
Nous voulons faire le bilan du mouvement avec ceux qui se sont impliqués dans les actions de soutien afin d’en tirer ensemble les leçons pour l’avenir.