Nouvelle étape dans la lutte contre la politique de Sarkozy

Depuis le début de la crise économique en 2008, en France, comme partout en Europe, le gouvernement n’a qu’un seul objectif : faire payer la crise aux jeunes et aux travailleurs pour maintenir les profits des patrons. Ainsi Sarkozy et son gouvernement alternent lois anti-sociales et mesures et discours racistes. De la casse de l’éducation (100 000 postes supprimés entre 2007 et 2012), aux licenciements en passant par la privatisation de la Santé, rien ne nous est épargné.

Alex Rouillard et Cassandra Dessannau, Gauche Révolutionnaire (CIO-France)

En 2009 on a vu se multiplier des luttes isolés contre des licenciements, pour de meilleurs salaires ou encore pour des primes de départs plus élevés pour lors de fermetures d’entreprises ou de plans de licenciements.

Une des grandes réformes prévues dans le plan d’austérité de Sarkozy est l’attaque du régime des retraites. Mais au même moment, Woerth, ministre du Travail, en charge de casser les retraites, a fait scandale dans une affaire de corruption avec la patronne de l’Oréal, Béthencourt (qui détient une fortune de 22 milliards d’euro quand on sait que le déficit de la Sécurité sociale, dont la caisse des retraites fait partie, est de 22 milliards d’euros…). dans cette affaire, Woerth a facilité des avantages fiscaux pour Bettencourt à hauteur de 100 millions d’euro en échange de dont de quelques centaines de milliers d’euro au parti du Président Sarkozy, l’UMP. La collusion ainsi révélée entre le parti présidentiel et les grandes fortunes a alimenté la colère des travailleurs et de la population contre la politique du gouvernement et contre Sarkozy en particulier.

Une colère qui demande à s’exprimer dans la lutte

L’attaque sur les retraites vise à allonger le nombre d’années de cotisation à 41,5 ans, de repousser l’âge de départ à 62 ans, et l’âge pour une pension complète à 67 ans. Pour beaucoup, cela va vouloir dire une pension très réduite, et pour les jeunes, un marché du travail encore moins ouvert puisque les travailleurs partiront plus tard en retraite. Les milliards que le gouvernement vient ainsi cherché dans la poche des travailleurs sont autant de cadeaux aux riches et aux capitalistes. Le but du gouvernement est en fait d’avancer pas à pas vers un système de retraites privées.

Depuis l’annonce de l’attaque sur les retraites, les journées de mobilisation réunissant les travailleurs du secteur privé comme ceux du public se sont multipliées. Le 24 juin c’est la première fois qu’un appel à la grève aussi tardif réunit autant de travailleurs dans les rues, des millions de travailleurs ont manifesté exigeant que la lutte continue en septembre. Durant tous l’été les militants ont mobilisé de façon intensive pour le 7 septembre, la nouvelle journée de grève posée. Bien que cette journée arrive très tôt après la rentrée on pouvait compter 2.5 millions de manifestants. Dans de nombreuses villes on n’avait pas vu un tel niveau de mobilisation depuis 995. Suite à cette journée les directions syndicales, poussées par la base qui ne voulait pas en rester là, appellent à une nouvelle journée le 23 septembre. De nouveau la mobilisation est massive, on atteint les 3 millions. Les militants syndicaux et les travailleurs poussent de plus en plus leur direction à appeler à un mouvement plus fort qui s’inscrive dans la durée. Les dirigeants syndicaux ont donc été obligé d’appeler, en même temps qu’une manifestation le samedi 2 octobre, à une nouvelle journée de grève le 12. La journée de samedi loin de marquer l’essoufflement du mouvement montre une réelle colère de l’ensemble de la population.

De nombreuses personnes peu habitué à battre les pavés sont sortis dans la rue ce jour là pour montrer leurs colère. Comme ce n’était pas une grève, il pouvait s’agir souvent de partie différentes de la classe ouvrière (travailleurs de petites entreprises, travailleurs précaires) mais aussi un public peu habituel des grandes entreprises : cadres, et des travailleurs non grévistes ces dernières semaines.

Un mouvement de fond

Certains secteurs vont se saisir de la journée du 12 octobre pour aller plus loin et tenter d’impulser une grève illimitée. Des appels dans ce sens se multiplient : cheminots, dockers, pétrochimie, mines, énergie… Ce sont soit plusieurs syndicats de ces secteurs, soit la CGT seule, comme dans l’éducation (pour le moment). Il y a également la multiplication d’initiative locales ou d’entreprises, qui peuvent jouer un rôle important. L’annonce de l’appel à grève reconductible (c’est à dire que chaque matin une assemblée générale décide de continuer ou non la grève, ce qui lui donne un caractère illimité) de la CGT et de SUD dans les raffineries du groupe Total a par exemple poussé la CGT du secteur pétrochimique à se prononcer elle aussi pour la grève reconductible. La ville de Marseille (et le département des Bouches du Rhône font elle fait partie) a joué depuis le début le rôle de fer de lance, et on compte pas moins de 230 appels à la grève reconductible dans le département, depuis les travailleurs municipaux jusqu’aux marins. A Paris, plusieurs syndicats de la Poste, par exemple, ont également appelé à une grève reconductible. A Rouen, le syndicat CGT des transports en commun a déposé un préavis de grève du 12 octobre au 30 novembre.

Les retraites mais également la situation générale, aggravée par la crise

La question retraite est l’élément unifiant mais c’est la politique globale de Sarkozy qui est contesté. Dans un sondage, 71 % répondaient qu’ils étaient contre la réforme des retraite et 74 % contre la politique de Sarkozy. Ce sentiment anti Sarkozy est très fort dans la jeunesse et de plus en plus les lycéens et les étudiants se joignent aux grèves et manifestations.

Il y a un ras-le-bol global et de nombreux travailleurs se radicalisent. Beaucoup de luttes locales se déclenchent sur des questions de conditions de travails ou de salaires ou contre d’autres attaques du gouvernement. Les employés des deux ports pétroliers près de Marseille sont en grève depuis 12 jours contre la réforme des ports qui va conduire à une dégradation des conditions de travail, avec la perspective d’un mouvement plus long à la prochaine journée de grève touchant l’ensemble des activités portuaires. Dans de nombreux bureaux de poste, centre de tri ou de distribution postale, des grèves locales ont éclaté.

Il reste incertain de savoir dans quelle mesure le secteur privé est en mesure de faire une grève reconductible. Les retraites sont une question aussi importante que les conditions de travail ou les salaires. Néanmoins, les cortèges des entreprises du privé étaient en croissance le 23 septembre par rapport au 7. Et parfois, des grèves éclatent dans des entreprises où des travailleurs se mettent en grève pour la première fois. Les commerciaux d’Educatel (une entreprise donnant des cours par correspondance), par exemple, en sont à leur 38ème jour de grève. (41 si c’est lundi qu’on publie). 3500 ouvriers du secteur automobile ont envahi le « Mondial de l’auto », on pouvait lire, entre autre, « Michelin champion du monde des fermetures d’usines ».

Quelles perspectives ?

Malgré la situation explosive le niveau de conscience reste confus. La colère sociale, le sentiment anti-Sarkozy ont une tendance à se généraliser mais sans pour l’instant trouver de voie nette. Les freins bureaucratiques restent nombreux dans les syndicats et malgré un calendrier syndical qui a permis une mobilisation constante, il manque une stratégie claire. Le gouvernement n’a fait que de maigres concessions, et a annoncé refuser d’en faire plus. Evidemment, un recul sur ce sujet serait un signal à toute l’Europe, celle des capitalistes comme la classe ouvrière européenne, qu’une défaite européenne des politiques néolibérales est possible. La droite, qui est extrêmement divisée et craint une grève générale massive et illimitée, serre les rangs. Pour l’instant, seule une généralisation de la grève après le 12 Octobre (y compris en utilisant la nouvelle date annoncée par les syndicats d’une journée de manifestation… le samedi 16 octobre) peut permettre d’avancer. La multiplication des assemblées générales, des comités de lutte doit permettre d’aller dans ce sens et de se diriger vers les entreprises qui ne sont pas encore en grève mais qui pourraient y entrer.

Le cœur du problème reste l’absence d’une perspective politique, d’une alternative socialiste au capitalisme et d’un parti ouvrier de masse qui porte celle-ci. Le mouvement actuel pose les base d’une période sociale et politique agitée, qui va être riche de lutte, de discussions politiques sur l’alternative à Sarkozy et au capitalisme. Ces de ces débats qu’il faut également se saisir, en proposant des pas concrets pour la lutte et en mettant en avant la perspective de la révolution socialiste.

C’est ce que tente de faire la Gauche révolutionnaire, section française du Comité pour une internationale ouvrière, aussi bien au sein du Nouveau parti anticapitaliste dont nous sommes un courant, que dans sont journal ou son bulletin jeune. Les évènements actuels montrent qu’une fois de plus, l’approfondissement de la crise et la multiplication des attaques patronales et gouvernementales, pousse les travailleurs à entrer en lutte à une échelle chaque fois plus importante.

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