Répression policière lors de l’euro-manifestation du 29 septembre

On se souviendra de la journée du 29 septembre pour son énorme mobilisation, mais aussi pour la répression policière brutale qui a touché certains manifestants. Dans cet article, Jalil, de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne et du PSL, revient sur ces évènements.

Par Jalil (Bruxelles)

Lors de l’euro-manifestation du 29 septembre, la Jeunesse Ouvrière Chrétienne (JOC)a décidé de faire partie du bloc ‘‘jeunes en lutte pour l’emploi’’. Les marches des jeunes pour l’emploi sont une initiative qui est prise dans plusieurs villes de Belgique et la JOC y participe, il nous a donc semblé approprié de nous joindre aux autres organisations signataires.

Certains permanents et militants de la JOC actifs sur la question des sans-papiers ont décidé de rejoindre la manifestation avec les ‘‘militants No Border’’. Le camp No Border est un camp où se sont réunis des militants qui luttent pour la libre-circulation des personnes et qui a été mis en place fin septembre. Dès le début du camp, lors d’une manifestation devant le centre fermé de Vottem, les militants avaient déjà fait l’objet d’une répression assez forte de la police, celle-ci n’hésitant pas à charger avec des chevaux dans la foule des manifestants.

Lors de la manifestation du 29 septembre, la police avait déjà commencé son harcèlement en bloquant toutes les sorties du camp No Border situé à Tour & taxis. De nombreux de ces militants, alors qu’ils n’avaient rien fait, se sont fait arrêter avant même d’arriver au lieu de rendez-vous de l’euro-manifestation. Ceux qui ont réussi à se joindre au cortège ont directement été entourés par un dispositif policier impressionnant, notamment de par le nombre important de policiers en civils. Ce groupe s’est fait violemment arrêter alors qu’il manifestait pacifiquement. Parmi les manifestants arrêtés se trouvaient également quelques syndicalistes ainsi que notre permanent de Namur qui a subi lui aussi les violences de la police alors qu’il était tout à fait pacifique.

De nombreux témoignages ont été récoltés, notamment des images qui nous montrent la violence des arrestations, des témoignages de militants de la JOC qui ont dû passer leur soirée au commissariat. Tous les témoignages confirment que les manifestants ont subi la violence policière dans les rues, mais aussi dans les cachots. L’un de nos permanents s’est fait déshabiller et a subi des violences, comme c’est relaté dans le communiqué de presse ci-joint.

Les arrestations n’ont pas été limitées à la manifestation du 29 septembre. En effet, une manifestation était prévue par le No Border camp le vendredi 1er octobre. À cette occasion, la police a arrêté « préventivement » toute personne qui « semblait » se rendre à la manifestation, qui « semblait » avoir une tête de militant… Ces arrestations, à nouveau très violentes, ont exacerbé les tensions et ont provoqué des actes de vandalisme de la part de manifestants en colère.

De nombreuses vidéos de la manifestation du 29 septembre circulent sur le net, dans lesquelles on peut voir des syndicalistes de la FGTB, de SUD, de la CNT solidaires des manifestants en train de se faire arrêter. Certains de ces syndicalistes ont été gazés, violentés et arrêtés. Mais on peut également voir sur ces vidéos que certaines personnes du service d’ordre des syndicats ont appelé à continuer la manifestation comme s’il ne se passait rien. On peut alors se poser la question de savoir s’il y a eu un mot d’ordre des instances syndicales? Des témoignages de délégués syndicaux et de manifestants affirment que ce service d’ordre aurait menti aux syndicalistes, déclarant que des anarchistes auraient mis le feu ou les faisant passer pour des partisans d’extrême-droite, légitimant ainsi les arrestations qui avaient lieu.

Les violences qui ont lieu lors de manifestations sont connues depuis des années. La JOC les a toujours condamnées. Nous ne pensons pas qu’occuper un lieu ou le bloquer est un acte de vandalisme ou de violence. L’histoire du mouvement ouvrier dont on se revendique est fait d’occupations d’usines, de blocages du système économique qui permettent de revendiquer nos droits, de mener les luttes. Il est cependant clair que certains groupes profitent des grands rassemblements pour mener des actions violentes de manière isolée et sans concertation avec les autres organisations. Cela a souvent pour conséquence le désaveu de certains manifestants et d’une partie de la population qui se détournent alors de la lutte que nous menons.

Nous pensons qu’il est tout de même dangereux d’assimiler tout manifestant à un groupe très minoritaire et isolé qui commet des actes de violence. On a entendu, après la manifestation du 29 septembre, des gens dire que des anarchistes auraient détruit des biens publics. Il est évident qu’utiliser une telle façon de parler revient à englober tous les manifestants sans vraiment distinguer de responsables. Si demain des manifestants avec des chasubles de la JOC ou du PSL menaient de telles actions, seraient-ils forcément membres de cette organisation? 100.000 personnes se sont rassemblées pour manifester. On ne peut pas contrôler les agissements de 100.000 personnes. De plus, nous avons connu beaucoup de cas où la police elle-même se déguise en manifestants pour provoquer des actions de violence et ainsi légitimer une réaction de la police. C’est arrivé à de nombreuses reprises. Ainsi, en mars dernier, lors d’une manifestation contre le NSV, l’organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang, à Anvers, des policiers avaient pris des chasubes du PSL et de Blokbuster et avaient même arrêté des manifestants en les portant!

Nous condamnons fermement les violences menées contre les manifestants, ainsi que l’arbitraire qui a régi les arrestations lors de la manifestation du 29 septembre et des jours qui ont suivi. Nous avons décidé de réagir à ces événements avec un communiqué de presse et en appelant à manifester ce samedi 16 octobre…

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