Forum social mondial de Porto Alegre
Honoré comme le grand héros de la gauche au Forum de 2003, Lula, après 2 années de politique néo-libérale, fut cette année confronté aux protestations des participants. De grands groupes de jeunes et de travailleurs ont exprimé leur mécontentement lors de la marche d’ouverture du FSM et au stade où Lula faisait son speech.
Els Deschoemacker
Lui et ses partisans furent interrompus par un brouhaha bruyant à chaque fois que la politique gouvernementale du PT était évoquée: réforme des pensions des fonctionnaires et de l’enseignement supérieur, libéralisation des services publics et limitation des droits syndicaux. Ces 2 dernières années, des protestations se sont élevées des travailleurs du secteur bancaire, des paysans sans terre et des sans-abri. Tous espéraient que le PT allait arriver à améliorer leur sort, l’indifférence du gouvernement a brisé leurs illusions.
Lula, alors qu’il devenait un allié des capitalistes et du FMI, s’est heurté à une résistance croissante de sa base. Celle-ci avait élu l’ancien cireur de chaussures et dirigeant syndical comme président, mais elle n’obtint en retour qu’une douche froide : les premiers plans d’austérité arrivèrent 3 mois à peine après les élections. Les discussions sur la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs suivirent rapidement. Elles ne devinrent concrètes qu’avec l’exclusion de 4 parlementaires du PT refusant de voter la réforme des pensions qui mena au rassemblement des « radicaux du PT » – c’est comme ça que les dissidents étaient appelés – avec certaines sections syndicales et partis de gauche radicaux dans une nouvelle formation: le PSol.
Socialismo Revolucionario, l’organisation sœur du MAS/LSP au Brésil, appelait déjà à un nouveau parti des travailleurs et a joué un rôle important dans la mise sur pied du PSol. Bien que peu puisse déjà être dit sur le développement de ce parti – les forces politique en présence diffèrent beaucoup – il est déjà clair qu’il y a là un potentiel énorme.
Grâce à son intervention durant les 2 premiers jours du Forum, le Psol a dominé les discussions chez les jeunes et les travailleurs. Plus de 1.800 participants ont fait de la deuxième conférence nationale du PSol un événement très animé. La discussion portait sur la voie à suivre: se concentrer premièrement sur la participation électorale ou surtout sur les mouvements de lutte? La sympathie de la jeunesse radicalisée et des travailleurs n’est pas encore acquise. Leur question est surtout: comment éviter que le PSol ne suive le même chemin que le PT. Le PSol va devoir répondre à cela avant de pouvoir devenir l’instrument de lutte de la jeunesse et des travailleurs combatifs.
Le point culminant du FSM était le meeting avec Chavez. Plusieurs heures avant le meeting il y avait déjà de longues files sous le soleil brûlant. Chavez est populaire grâce à sa confrontation avec le capitalisme vénézuélien et l’impérialisme et grâce à ses projets sociaux. Il est vu comme une alternative au néolibéralisme de Lula. Pour la première fois, il a parlé, devant les 25.000 participants, du «socialisme» et a cité divers révolutionnaires. Tout indique que Chavez est poussé dans une direction plus radicale par les masses qui le maintiennent en place malgré les tentatives de coups d’état et de lock-outs de l’élite. Heureusement pour Chavez le prix élevé du pétrole lui laisse une certaine marge économique. Il gagne du temps, mais à terme, les mesures prises jusqu’à maintenant ne vont pas suffire. Chavez est devant un choix crucial: ou il suit les masses en démocratisant et en approfondissant la révolution vénézuélienne, en prenant vraiment l’option d’une société socialiste, ou il reste quelque part à mi-chemin entre le capitalisme et le socialisme, jusqu’au moment où la bourgeoisie aura rassemblé assez de forces pour évincer Chavez du pouvoir et réprimer avec encore plus de force les travailleurs et les paysans.