Partout en Europe, le débat fait rage concernant l’augmentation de l’âge d’accès à la retraite. Dans notre pays, cette attaque n’est pas encore à l’ordre du jour, mais tous les partis traditionnels suivent la logique de s’en prendre aux fins de carrière, à l’exemple des Pays-Bas où la retraite est maintenant fixée à 67 ans. En clair, une nouvelle attaque se prépare contre les prépensions.
Par Geert Cool
Avant les élections, la plupart des partis flamands prônaient la condition d’une carrière de 45 ans pour accéder à une pension complète, mais les autres, voulaient quand même s’en prendre à la prépension. Personne n’explique comment les nombreux jeunes actuellement au chômage faute de trouver un emploi vont faire pour avoir une telle carrière. Peut-être en travaillant jusqu’à tomber raide mort ? L’augmentation de la productivité et de la flexibilité rend déjà bien compliqué de tenir le coup 40 ans. Pour messieurs dames les politiciens, les chefs d’entreprises et les topmanagers, c’est peut-être encore faisable, mais qu’ils essayent un peu de suivre le rythme d’un travailleur durant 40 ans !
Les soi-disant ‘socialistes’ du PS et du SP.a suivent également cette logique. D’ailleurs la précédente attaque sur les fins de carrière en 2005, le Pacte des générations, est arrivé à l’initiative du SP.a, avec la complicité active du PS également présent au gouvernement. Maintenant aussi, ces gens-là se préparent à opérer une nouvelle réforme. Du côté du SP.a, on parle de donner jusqu’à 200 euros de plus par mois à ceux qui travailleraient plus longtemps. Dans le contexte de crise actuel, ça signifie surtout que ceux qui ne travailleront pas jusqu’à 65 ans devront se contenter d’une retraite de misère. Du côté du PS, c’est Daerden qui a été le plus clair. Pour lui, le Pacte des Générations n’a pas été assez loin, ses résultats sont ‘‘décevants’’ parce que le salaire des travailleurs âgés est selon lui trop élevé! Les pistes de réflexion qu’il a défendues dans son Livre Vert des pensions au moment où il était encore ministre fédéral en charge des pensions sont de s’en prendre au système des prépensions, d’accorder des diminutions fiscales ou des subsides pour l’engagement de travailleurs âgés, de prendre en charge par l’Etat une partie des salaires des plus de 50 ans,…
A Bruxelles, le taux de chômage chez les jeunes dépasse les 30% et en Wallonie, une étude de l’économiste et président du CPAS de Namur Philippe Defeyt parle de 40% pour 2011. Toutes les perspectives économiques parlent d’une future hausse du chômage, même avec un rétablissement économique limité. Dans ce cadre, il est totalement illogique que nos aînés travaillent plus longtemps, il n’y a déjà pas assez d’emploi pour les jeunes.
Le système de prépension doit être conservé et lié à une augmentation de la retraite légale afin que les retraités ne tombent pas dans la pauvreté. Certains parlent plutôt de renforcer les pensions en faisant appel à des fonds de pensions qui placent des cotisations en Bourse, mais c’est ce système qui a maintenant pour conséquence aux Pays-Bas que jusqu’à 200.000 retraités vont recevoir moins d’argent à cause des troubles financiers. Nous ne pouvons accorder aucune confiance envers les fonds privés. De plus, une privatisation des retraites via les assurances groupe, etc. augmenterait les inégalités alors que selon l’Union Européenne, 23% des retraités belges sont déjà sous le seuil de pauvreté.
Nous devons défendre nos pensions, nos prépensions et exiger une retraite légale d’au moins 1.250 euros nets par mois. Ce combat, nous devons le livrer ensemble, personnes âgées et jeunes, retraités et travailleurs.
15 septembre : Manifestation en front commun syndical à Bruxelles pour la défense des fins de carrière, à 10h30 à Schumann