Chasse aux chômeurs: 600 exclusions en quatre mois

600 exclusions temporaires de chomeurs ont été prononcées par l’ONEm depuis la mise en application de la loi Vandenbroucke. Nous avons interviewé Didier Brissa, animateur des Travailleurs Sans Emploi de la FGTB Liège-Huy-Waremme.

Propos recueillis par Jean Peltier

A.S. : Où en est la chasse aux chômeurs aujourd’hui?

Didier: “Nous n’en sommes qu’aux débuts: seuls les moins de 30 ans sont convoqués et on n’est qu’à la première phase des contrôles. Si plus de 80% des appelés ont été acceptés par l’ONEm, les autres se retrouvent avec un «contrat », c’est-à-dire avec une série d’obli-gations à remplir (preuves de recherches d’emploi etc) avant un deuxième contrôle. 600 jeunes chômeurs ont été sanctionnés d’une suspension d’un mois d’allocations pour ne pas s’être présentés au contrôle. Beaucoup d’entre eux ont d’autres problèmes sociaux (analphabétisme, endettement,…), les sanctions de l’ONEm ne vont pas les aider à se relancer! Tout cela n’est encore qu’un début. Dans les prochains mois, l’ONEm va convoquer les 30-40 ans, puis les 40-50 ans. Il y a 1 emploi pour 25 chômeurs en Belgique, 1 pour 32 en Wallonie, 1 pour 45 à Liège et 1 pour 121 à La Louvière. Même si chaque chômeur s’inscrit dans 10 agences d’intérim, ça ne créera pas de l’emploi! Par contre, le dispositif de la chasse aux chômeurs coûte 130 millions d’euros par an. Avec cela, on pourrait créer un emploi pour la moitié des jeunes qui arrivent au chômage chaque année.”

A.S. : Comment s’organise la réponse syndicale?

Didier: “Vu les différences de situation entre Wallonie et Flandre (le pourcentage de chômeurs et la durée moyenne du chômage sont deux fois moindres en Flandre), il n’y a pas une réponse unie des syndicats au niveau fédéral(*). De plus, la campagne menée par plusieurs ministres (libéraux et socialistes) contre la «fraude sociale» a eu un impact réel, ce qui rend difficile de mobiliser les actifs contre la chasse aux chômeurs. Il n’est pas facile de mobiliser les chômeurs non plus. Beaucoup s’imaginent qu’ils ne seront pas visés parce qu’ils sont chefs de famille ou isolés (ce qui est tout à fait faux), beaucoup se sentent aussi abandonnés et se disent que manifester ne sert pas à grand-chose.”

(*) Note de la rédaction d’Alternative socialiste : Nous ne pensons pas que ce sont les différences de taux de chômage entre les régions qui font « qu’il n’y pas de réponse unie des syndicats au niveau fédéral ». Nous pensons qu’il n’y pas de réponses syndicales parce que les directions syndicales ne veulent pas lutter.

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