Dévastations sans précédent causées par les inondations au Pakistan : les pauvres souffrent le plus. Appel à la solidarité des travailleurs !

Socialisme.be et Socialistworld.net, le site du Comité pour une Internationale Ouvrière, vous invitent à répondre de toute urgence à l’appel à la solidarité en faveur des victimes des récentes inondations au Pakistan. Des militants de la Fédération Progressiste des Travailleurs du Pakistan et de la campagne TURCP (Campagne pour les Droits Syndicaux) luttent héroïquement pour organiser l’aide, malgré qu’ils aient eux-mêmes été affectés par ce désastre. Pour effectuer une donation, voyez qui accompagne cet article.

Par Khalid Bhatti, Trade Union Rights Campaign (TURCP) et secrétaire général du Mouvement Socialiste du Pakistan (CIO-Pakistan)


Appel à la solidarité des travailleurs! De la part de la Progressive Workers Federation (PWF) et de la Trade Union Rights Campaign Pakistan (TURCP)

Nous invitons tous nos frères, nos sœurs et nos camarades dans le mouvement syndical international à montrer leur solidarité et à soutenir les personnes affectées par les inondations, particulièrement des syndicalistes, des travailleurs et des paysans.

Nous avons un besoin urgent de ressources afin d’aider nos frères et sœurs. Parmi les millions de personnes touchées par les inondations se trouvent 200 membres de la campagne TURCP (Trade Union Rights Campaign – Pakistan) et de la Progressive Workers Federation ainsi que leurs familles. Leurs maisons, leurs champs et tout se qu’ils possédaient a été emporté. Ils ont besoin de nourriture, d’eau potable, de médicaments, de tentes et d’autres objets d’utilité quotidienne. Nous tentons de les aider, selon nos moyens, mais nous avons un besoin urgent de votre aide, de votre solidarité et de votre soutien. Nous invitons tous les syndicats, les sections syndicales locales, les travailleurs et les syndicalistes à soutenir notre campagne. Chaque euro récolté sera consacré à l’aide pour les personnes touchées par le désastre.

Syed Fazalabbas Secrétaire Général de la Progressive Workers Federation, Organisateur en chef pour le syndicat United Workers Union (TP: +92 321 426 2167)

Malik Muhammad shabir Président de la Progressive Workers Federation, secrétaire général du PTV, le syndicat central des employés

Khalid Bhatti Secrétaire financier de la Progressive Workers Federation, organisateur national de la campagne TURCP (TP: +92 333 433 1755)

Rukhsana Manzoor Secrétaire financier de la campagne TURCP

Vous pouvez envoyer vos donations au n° de compte du PSL 001-2260393-78 avec mention “Pakistan”.

En savoir plus:

  • Pakistan – rapport de l’utilisation de l’aide
  • Témoignage – Crise humanitaire à Khyber Pakhtoonkhwa
  • Témoignage – Situation après les inondations dans la vallée de Swat

14 millions de personnes affectées, plus de 1.500 morts, des milliers menacés de personnes menacées par la faim – l’incompétence du gouvernement a empiré les choses

Selon les Nations Unies, 6 millions de personnes ont un besoin urgent d’aide, tout simplement afin de pouvoir survivre. Sans vivres ni aide, leur vie est en danger. L’Organisation des Nations Unies estime qu’elle va lancer une des plus grandes campagnes de son histoire en termes de nombre de personnes à secourir. La situation actuelle dépasse les 5 millions de personnes qui ont été aidées après le tsunami dans l’Océan Indien, et les quelques 300.000 foyers détruits au Pakistan rivalisent avec le nombre de logements détruits par le tremblement de terre dévastateur de Haïti.

Mais selon les chiffres du National Disaster Management Authority (NDMA), la catastrophe connue par le Pakistan est plus grande qu’initialement estimé. Il semblerait que le nombre de personnes affectées dépasse les 11 millions et que le total des maisons détruites ou endommagées s’élève à 750.000. Au total, 8.604 villages ont été affectés. Les plus grands dégâts ont touché les 8 districts de la province de Khyber Pakhtoonkhwa et les 7 districts de la province de Punjab. Mais 4 districts de la province de Sindh et quelques endroits du Cachemire, du Balûchistân et du Gilgit-Biltistan ont aussi été atteints.

Des centaines de milliers de personnes, y compris des enfants, des personnes âgées et des femmes, vivent en plein air faute de tentes. Ils font face à un temps très chaud et humide ainsi qu’à des pluies torrentielles. Ces pluies ajoutent l’insulte aux blessures, des milliers de personnes ont dû rester dans les eaux des jours durant suite à l’inondation, sans toutefois pouvoir boire une goutte d’eau potable ou avoir accès à de la nourriture. Les infrastructures ont également été affectées, des ponts, des écoles, des hôpitaux et des routes ont été emportés par les eaux.

Ce désastre est sans précédent. A côté des pertes immédiates de vies humaines et la dévastation de propriétés publiques ou privées, l’impact global de la catastrophe peut être bien plus grand qu’actuellement envisagé. A court terme, la pénurie alimentaire, l’inondation des champs et les hauts prix de l’alimentation vont attaquer chaque pauvre et chaque travailleur.

Une réponse très faible

La destruction causée par les inondations est visible presque partout dans le pays. Plus de 1.500 personnes ont perdu la vie, des centaines de milliers de personnes sont maintenant sans-abri et des biens ainsi que de la nourriture pour une valeur de plusieurs milliards de roupies ont été détruits. Le gouvernement affirme que cette destruction est la conséquence d’un désastre naturel, mais le fait est que le niveau de destructions n’aurait pas été si élevé si les dirigeants et les autorités concernées avaient tenté quelque chose pour améliorer la situation.

Le Pakistan est au beau milieu de la plus grande catastrophe de son histoire. Cependant, ce qui est le plus marquant, c’est la réponse totalement inadéquate de l’Etat. Il semble bien que malgré les désastres répétés, les institutions étatiques ont bien peu appris de leur expérience. Le National Disaster Management Authority (NDMA) qui a spécifiquement été créé pour faire face aux désastres naturels et aux situations d’urgence a totalement failli à sa mission. Il y a un manque criant de préparation et de planification. La réponse du NDMA face à la présente catastrophe est en soi devenue un désastre national. Cette institution a été instaurée dans la suite du tremblement de terre de 2005 et a été dirigée au début par un général, et actuellement par un ancien général. On se demande comment une institution aussi cruciale peut espérer faire relever les défis sans équipement ou machines de sauvetage et en étant caractérisée par le manque de moyen et d’entraînement.

La capacité du gouvernement à agir face aux désastres n’a cessé de diminuer, que cela soit vis-à-vis du tremblement de terre, du cyclone dans les régions côtières, les éboulements et la formation du lac dans la région d’Attabad à Gilgit, ou encore du crash aérien de Margla. Il y a une absence complète de sensibilité aux victimes ou de vision quant à la manière de prendre en main leurs problèmes. Le message indubitablement donné à la population est qu’elle doit se tenir prête à se defendre d’elle-même. De l’autre côté, les travailleurs et les pauvres ont démontré un sens remarquable de la solidarité, qui a survécu désastre après désastre.

Le service météorologique avait prévenu les autorités concernées que des pluies torrentielles étaient attendues pour cette saison des moussons. Le service météo avait même prévenu que ces pluies allaient causer des inondations importantes. On se demande donc pourquoi les autorités concernées n’ont pris aucune mesure de précaution après avoir reçu ces informations. Mais la raison est simple à comprendre : ils s’attendaient à ce que les victimes ne soient que des pauvres et des travailleurs et non l’élite du Pakistan. Maintenant, le Premier Ministre a lui-même admis que le gouvernement a fait l’erreur de ne pas informer la population de la possibilité d’inondations. Beaucoup de mesures auraient pu être prises pour minimiser les dégâts. Mais les bureaucrates, assis dans leurs bureaux confortables avec air conditionné, n’ont montré qu’indifférence et attitude pathétique face aux pauvres et aux travailleurs. Les “efforts” de nos dirigeants, des principaux partis politiques, du grand capital et d’autres institutions de l’Etat n’ont concerné que la défense de leurs propres intérêts. Les gouvernements fédéral et provinciaux ont commence très tard à venir en aide aux victimes, avec un planning totalement inefficient. La bureaucratie a une nouvelle fois fait la preuve de son incapacité et de son manque d’intérêt quant au sort du peuple. La faillite de la bureaucratie civile et des politiciens a une nouvelle fois poussé les personnes affectées à regarder en direction de l’armée pour leur aide. L’armée est la principale force impliquée dans le travail de secours et a donc été capable d’améliorer son image et sa réputation.

Les profits avant le peuple

Le grand capital, les industriels, les banques et les traders se préparent à utiliser ce désastre pour servir leurs intérêts. Ils ont augmenté le prix de la nourriture, y compris ceux des fruits et des légumes de tous les jours. Tout le pays est touché par une inondation d’augmentation des prix. Le prix du sucre, par exemple, est passé de 62 roupies 74 pour un kilo, mais le prix des légumes a augmenté de presque 100%! Le prix du thé a augmenté de 30% et le prix du lait ou du lait en poudre a aussi augmenté. La banque centrale a augmenté ses taux d’intérêt pour rendre les prêts plus chers. Les entreprises de transports ont augmenté les prix des camions et des autres moyens de transporter la nourriture. Dans quelques régions affectées, les gens ont été forcés de payer 300 ou même 400% de plus pour véhiculer leurs biens. Pour le transport de passagers, la situation est identique. D’autres augmentations sont encore à craindre comme la période sainte du Ramadan a commencé. Les prix de certaines denrées pourraient même être plus chers qu’en Angleterre ou dans d’autres pays européens! Le gouvernement a totalement perdu le contrôle des prix. L’économie de marché libre tourne uniquement pour le grand capital, alors que des millions de travailleurs et de pauvres sont en train de souffrir. L’échec du gouvernement à contrôler les prix et les super profits d’une minorité de riches va rendre la vie des victimes encore plus misérable. La soif de profits va encore augmenter les prix de l’alimentation, même des familles de la classe moyenne vont éprouver des difficultés pour faire face à leurs frais de cuisine. Une fois de plus, il vient d’être démontré que le capitalisme est un système basé sur le profit et non sur les besoins de la population. Sous le capitalisme, le peuple va continuer à souffrir de misère et des désastres naturels ou de la main de l’homme. Les moyens existent en suffisance pour venir en aide aux personnes affectées, mais une redistribution équitable et juste de ces moyens est nécessaire. Cela est impossible sur base capitaliste. Nous avons besoin du socialisme pour donner l’accès aux ressources. Une économie socialiste démocratiquement planifiée est nécessaire pour lutter contre ce genre de désastres et pour les prévenir. La nationalisation des grandes industries, des banques, des compagnies d’assurance et d’autres secteurs importants de l’économie sous contrôle démocratique des travailleurs est une urgente nécessité.

La menace des maladies

En plus des morts et de la destruction, la population va avoir à faire face à un autre danger; celui des épidémies. Au vu de la situation concrète dans les régions affectées, le développement de maladies liées à la pollution de l’eau est un réel problème. Les rapports font état de milliers de patients souffrant de diverses maladies conséquentes à l’impureté de l’eau dans différent districts de Sindh. Des rapports de Khyber Pakhtunkhwa suggèrent que plus de 100.000 personnes, principalement des enfants, souffrent de diarrhée et de gastroentérite. Les maladies de peau se développent aussi en conséquence de l’ingestion d’eau non-potable. De telles maladies s’étendront aux autres régions. Si le gouvernement, et particulièrement les services de soins de santé, échouent à donner les soins adéquats, une nouvelle crise va arriver. De l’eau potable et de bonnes installations sanitaires sont nécessaires pour stopper le développement de ces maladies.

Des comités locaux de travailleurs et de paysans

Les travailleurs, les pauvres et la population rurale ne doivent pas faire confiance aux institutions de l’Etat et du gouvernement. Il est nécessaire de construire des comités ouvriers et paysans pour gérer l’approvisionnement des communautés et le travail de reconstruction. Ces comités doivent être responsables des personnes affectées, de leur approvisionnement et de leur secours, et également être responsables devant elles et fonctionner de façon transparente et démocratique. Des représentants par district doivent aussi être nommés pour coordonner le travail au niveau des différents districts.

La Progressive Workers Federation et la Trade Union Rights Campaign ont déjà lancé des comités de travailleurs à une échelle nationale. Beaucoup de syndicats locaux et nationaux ont rejoint ces comités. Nous nous occupons actuellement de campagnes d’approvisionnement dans différents endroits du pays et appelons tous les syndicats et les mouvements sociaux à se joindre pour aider les personnes affectées, dont l’écrasante majorité est composée de travailleurs et de pauvres.

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