Venezuela / Colombie : Chavez rompt les relations diplomatiques avec la Colombie

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Le 22 juillet, le président Chavez a annoncé qu’il rompait tout lien diplomatique avec la Colombie. Cette décision a été prise après que le gouvernement colombien ait encore une fois dénoncé à l’OEA (l’organisation des Etats américains) la présence de la guérilla des FARC sur le territoire vénézuélien. Pour le gouvernement colombien, le gouvernement vénézuélien soutient et protège l’ELN et les FARC, qu’il qualifie de terroristes.

Socialismo Revolucionario (CIO-Venezuela)

Avant la période présente de tensions, le Venezuela et la Colombie ont partagé une longue histoire commune dans leur développement en tant que nations indépendantes. Jusqu’en 1830, les deux pays formaient une seule nation, “la Gran Colombia”, un projet d’unité continentale encouragé par Simon Bolivar. Mais après la mort du “Liberator” Bolivar, tant dans le territoire vénézuélien que dans le colombien, les classes dirigeantes ont développé des mouvements séparatistes ce qui a abouti à la fin de “la Gran Colombia” et à la formation des ces deux Etats qui existent toujours aujourd’hui. Le 20e siècle a vu des incidents variés apparaître entre les deux pays voisins, jusqu’à atteindre connaître des situations proches de la guerre, comme avec le conflit de “Caldas” en 1987, quand un bateau colombien a été coulé dans les eaux vénézuéliennes, ce qui avait aggravé la dispute concernant la frontière entre les deux pays au Golfe du Venezuela.

Au cours de ces dernières 100 années, la grande majorité des conflits politiques entre Venezuela et Colombie ont été motivés par des questions territoriales, et largement “gagnées” par la Colombie. Mais c’est depuis l’arrivée de Chavez au pouvoir et la déclaration de la révolution bolivarienne en 1998 que nous avons vu se développer une période de tensions plus aigües.

Depuis le début de la révolution bolivarienne il y a 11 ans, il y a eu divers incidents au scenario plus ou moins semblable: le gouvernement colombien accuse le Venezuela de soutenir les guérillas qu’il qualifie de terroristes, et le gouvernement vénézuélien répond en disant que l’administration colombienne est d’ultra droite et est un laquais de l’impérialisme.

Au cours de ces dernières années, le gouvernement vénézuélien a aussi déclaré à la communauté internationale qu’il reconnaissait les guérillas colombiennes des FARC et de l’ELN comme des forces belligérantes et non comme des terroristes. Il argumente en disant que les guérillas colombiennes sont des combattants de la liberté armés, luttant contre une classe dirigeante qui attaque les intérêts du peuple. Cela a constitué l’une des déclarations de Chavez les plus sujettes à controverse et une des raisons principales qui explique pourquoi la classe dirigeante colombienne, dirigée par l’ancien président Alvaro Uribe et avec le soutien des USA, ont augmenté leurs attaques diplomatiques contre la révolution bolivarienne.

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Certains pourraient conclure que le conflit actuel entre la Colombie et le Venezuela est un conflit entre la gauche et la droite au niveau régional et international. Nous pouvons dire que cela est vrai en surface, mais des conclusions plus précises peuvent être tirées d’une analyse plus profonde.

Colombie: nouveau président, même agenda

La Colombie est en train d’opérer une transition “démocratique”, le gouvernement dirigé par le président Alvaro Uribe quittant le pouvoir après 8 ans. Mais Uribe avait tenté, en vain, de se représenter aux élections présidentielles avec un referendum constitutionnel permettant une réélection indéfinie, une belle hypocrisie quand on se souvient des critiques qu’avait reçues le gouvernement vénézuélien pour une même tentative! Juan Manuel Santos, le nouveau président colombien, partage les mêmes racines politiques qu’Uribe, et était son bras droit au Ministère de la Défense lors du précédent gouvernement, où il figurait parmi les plus intransigeants face au Venezuela.

Uribe laisse derrière lui des scandales politiques, la crise sociale du para-militarisme et une région déstabilisée, conséquence de l’accord conclu avec les USA leur permettant d’installer 7 bases militaires dans le pays. Cela est vu par les Vénézuéliens comme une menace contre la révolution bolivarienne tout autant que comme une menace envers la stabilité du continent.

La révolution bolivarienne en crise

Au Venezuela, la situation est maintenant très fortement différente, tant sur le plan social que politique et économique. 11 ans après la révolution bolivarienne, le gouvernement n’a toujours pas développé d’économie alternative ni rompu avec le système capitaliste. L’économie du pays continue à être faible et dépendante du pétrole. Les 5 années de croissance économique du Venezuela étaient basées sur des hauts prix pétroliers ainsi que, par extension, sur la spéculation concernant les matières premières, ce qui a eu un rôle significatif dans le développement de la crise capitaliste actuelle. Une récession a suivi, qui a remis à l’agenda plusieurs problèmes qui semblaient être résolu au Venezuela grâce aux programmes sociaux financé par les revenus pétroliers.

Selon les rapports économiques internationaux, dans la région, seules les économies du Venezuela et de Haïti, récemment touchée par un terrible tremblement de terre, restent en déclin. Cela a troublé les eaux du processus bolivarien et ouvert la voie pour une offensive de l’aile droite, dans le cadre des élections parlementaires du 26 septembre prochain où elle pourrait augmenter son nombre de sièges.

Au même moment, même les politiques gouvernementales comme la création de structures similaires à des conseils communaux, le renforcement de l’intervention de l’Etat dans l’économie et d’autres politiques sociales qui avaient été abandonnées au cours de la précédente période de néolibéralisme, avant l’arrivée de la révolution bolivarienne, ont démontré leur insuffisance et les structures étatiques continuent à être de plus en plus touchées par l’inefficience bureaucratique et la corruption. Cela a été illustré dans le cas récent de la PDVAL, une entreprise alimentaire gouvernementale créée par la PDVSA (une compagnie pétrolière gouvernementale). En conséquence de corruption et d’incompétence, des tonnes de nourritures ont été perdues, ce après quoi énormément de gens ont commencé à considérer le gouvernement de Chavez comme étant opaque et manquant de transparence.

Voilà le contexte du conflit actuel. Il s’agit bien du résultat d’une politique de menaces et d’intimidation contre la révolution bolivarienne mais, cependant, derrière la rhétorique diplomatique, le facteur le plus concret de cette situation est la construction de bases pour l’impérialisme américain en Colombie, qui n’a pas provoqué de réponse aussi forte du gouvernement vénézuélien. Les relations entre les deux pays se sont détériorées jusqu’à un point où le commerce entre les deux pays a chuté de 60%.

Une intervention impérialiste ?

Un des éléments clés de ce conflit est représenté par la tentative de l’élite politique dirigeante des deux pays de créer un conflit qui ne sert les intérêts d’aucune population de la région, mais qui a l’avantage de détourner leur attention de la situation qui se développe au Venezuela et en Colombie.

Rien ne peut être certifié concernant une future action de l’impérialisme, mais pour l’instant, avec des Etats-Unis submergés par une crise économique et politique de grande ampleur, militairement embourbés dans les occupations de l’Irak et de l’Afghanistan, en crise ouverte avec le régime iranien, une intervention militaire directe des USA au Venezuela semble hautement improbable. Une telle intervention provoquerait une vague de solidarité internationale qui renforcerait les éléments anti-impérialistes et réveillerait le volcan de la révolution des Andes qui avait menacé d’explosé en 2002-2006, quand différents gouvernements de “gauche” avaient été élus dans la région. Cela referait apparaître la menace du début d’une véritable révolution socialiste, de la libération continentale et internationale et de la lutte pour une fédération socialiste d’Amérique Latine.

Nous n’espérons pas voir se concrétiser la menace de l’impérialisme. Mais dans nos perspectives, actuellement, la plus grande menace pour le processus bolivarien est interne. Les tendances réformistes et “sociales-démocrates” conspirent ouvertement pour prévenir tout développement orienté vers la révolution socialiste. Leur rhétorique, qui se confine à la “libération nationale”, considère le socialisme comme une tâche lointaine alors qu’il s’agit d’une nécessité urgente. Ce type de contradictions a maintenant conduit à une situation où la droite et les contre-révolutionnaires, après des années de défaite, après avoir été proches de l’extinction, sont maintenant plus vivants que jamais, avec une réelle possibilité de revenir au pouvoir au Venezuela.

Nos revendications :

  • Non à la guerre !
  • Les bases militaires US : hors de Colombie !
  • Non à l’intervention impérialiste !
  • La véritable guerre n’est pas entre les peuples, mais contre le système capitaliste !
  • Travailleurs, paysans, indigènes, étudiants et communautés populaires de Colombie et du Venezuela : unité and lutte pour le socialisme démocratique et révolutionnaire !
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