Les travailleurs du secteur non-marchand sont à un tournant décisif dans leur lutte pour l’amélioration des salaires et des conditions de travail. Après la manifestation du 27 janvier, qui a vu descendre dans la rue des milliers de membres du personnel infirmier, du personnel paramédical, d’éducateurs, d’animateurs ontclamé leur colère, tant en matière d’amélioration des conditions de travail que sur le plan salarial, le gouvernement a bloqué l’enveloppe budgétaire à 375 millions d’euros répartis sur 5 à 6 ans.
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Ce qui limite la création d’emplois à 10.000 au lieu de 25.000, soit 7.000 équivalents temps plein. C’est beaucoup trop peu pour soulager la charge de travail.
En matière de pouvoir d’achat, ce sera encore plus mince. Le gouvernement s’en tient à la position du ministre précédent Frank Vandenbroucke (SP.a) qui avait opposé un Niet! pendant deux ans aux revendications salariales. Il n’est prévu qu’une petite augmentation pour les plus mal payés et on instaurera un deuxième pilier pour les pensions dans le secteur. Les pensions des travailleurs du non-marchand figurent parmi les plus maigres en Belgique.
Les travailleurs du non-marchand gagnent en moyenne 10,5% de moins que dans les autres secteurs, et cela durera encore deux ans. Les syndicats ont fait savoir que les propositions du gouvernement étaient insuffisantes. Ils revendiquent une enveloppe minimale de 520 millions d’euros. Mais ils abandonnent ainsi une bonne partie de leur cahier de revendications alors que les travailleurs se sont battus pour l’application de ce cahier pendant plus d’une année. Qui dit que les prochains mois, ne verront pas les négociateurs syndicaux opérer une nouvelle reculade, et que les travailleurs du non-marchand ne se retrouveront pas de nouveau avec un accord sans contenu pour les cinq ou six ans à venir?
Les syndicats ont déposé un préavis de grève illimité à partir du 24 février, mais ils laissent leurs affiliés dans l’incertitude sur les modalités pour organiser ces grèves. La LBC (la Centrale CSC pour les employés, en Flandre) veut faire une grève générale les 24 et 25 février afin d’exercer le plus vite possible une pression maximale sur le gouvernement et arracher des concessions. Si le gouvernement tient bon, le secteur ira-t-il vers une grève générale? La LBC tient-elle compte du fait que dans beaucoup d’institutions les actions sont menées uniquement par les délégués?
Il faut une mobilisation. Mais la forme qu’elle prendra reste très floue. Ainsi le SETCa envoie ses militants diffuser des tracts "Grève à durée indéterminée… dans les soins de santé?". Attention au point d’interrogation. Distribuez-le aux collègues de travail et, pour le reste, tirez votre plan? C’est la recette assurée pour une défaite. Dans son dernier tract, Hypertension (bulletin de militants du SETCa, de la LBC et de la CNE dans le non marchand), le MAS insiste sur la nécessité d’un plan d’action par région et sur la mise sur pied d’un comité d’action. Cela permettra d’informer la masse des travailleurs qui, jusqu’à présent, l’a peu été. Au SETCa, il y a un plan d’action avec des réunions d’information et des piquets massifs sont prévus à partir du 1er mars sur un certain nombreux d’hôpitaux bruxellois. Avec un tel plan de mobilisation, il est possible de lancer des actions qui iront en s’élargissant. Mais il faudra aussi que ces actions puissent durer dans le temps.
Pour mettre sur pied des comités d’action, il faudra travailler à la base pour unifier les militants de la FGTB et de la CSC. Jusqu’à présent, les manifestations se sont déroulées en " blocs de couleur ", les verts d’un côté, les rouge de l’autre. Cela nuit à l’unité.
Une victoire du non-marchand est possible et nécessaire. D’abord pour le personnel, mais aussi pour les usagers. Chaque délégué doit prendre l’initiative d’organiser, dès que possible, des réunions pour préparer le passage à l’action dans les institutions de soins et, sur le plan régional, élaborer un plan d’action capable de mener à la victoire.