Algérie: Arcelor Mittal connaît sa seconde grève à durée indéterminée de l’année!

Nationalisation du site sous contrôle démocratique des travailleurs

Depuis le 20 juin, plusieurs milliers de travailleurs du site du sidérurgiste Arcelor Mitall à Hel-Hadjar, près de la ville d’Annaba (au nord-est de l’Algérie), sont en grève pour une durée indéterminée sur base d’un conflit portant sur les salaires. Entre autres choses, les grévistes revendiquent une augmentation salariale comprise entre 13 et 20%.

Par Chahid Gashir, CIO

Arcelor Mittall est la plus grande compagnie sidérurgique au monde mais aussi le plus grand investisseur étranger d’Algérie, en dehors des secteurs pétrolier et gazier. Depuis 2001, la compagnie contrôle 70% de l’ancienne usine d’Etat d’El-Hadjar, la compagnie SIDER, contrôlée par l’Etat, ne possédant plus que 30% du site. Les travailleurs ont menacé de faire grève jusqu’à ce que l’Etat renationalise l’entreprise ou, au moins, augmente son contrôle sur elle.

Cette usine, un des plus grands sites industriel du pays, produit 750.000 tonnes d’acier annuellement et emploie quelques 7.200 travailleurs. 5.000 d’entre eux avaient précédemment pris part à une assemblée générale et ont voté à l’unanimité pour paralyser le site. Un travailleur de l’usine a fait remarqué que 95% de la force de travail est maintenant en grève. “Nous allons poursuivre jusqu’à la satisfaction complète de nos revendications” a déclaré le même travailleur. Plus tôt cette année, les travailleurs de cette usine avaient déjà engagé une grève de 9 jours concernant la fermeture d’une unité de production de coke et la menace de pertes d’emplois.

La colère est généralisée

Ces derniers mois, l’exaspération face à l’augmentation des prix et à la pénurie d’emplois et de logements a entraîné plusieurs vagues successives de grèves et de protestations en Algérie. Les médecins, les enseignants, les fonctionnaires, les travailleurs dans les industries, etc. ont été impliqués dans différentes actions de grève, avec la question des salaires comme point central. Dans un precedent article sur ce site, nous avons écrit “ces conflits ont encourage d’autres secteurs à prendre la voie de la lutte avec leurs propres exigences”. Cela est particulièrement le cas quand les travailleurs remportent une victoire, comme lors de la récente grève nationale de 8 jours des cheminots en mai.

10.000 travailleurs de la compagnie ferroviaire nationale SNTF, qui revendiquaient une augmentation salariale, ont paralysé tout le réseau dans une grève à durée indéterminée qui a finalement duré 8 jours. La plupart des cheminots recevaient un salaire inférieur au salaire minimum (qui autour de 15.000 dinars – soit environ 150 euros par mois). Cette grève des cheminots était la plus importante de ce type depuis que l’Algérie a connu une indépendance formelle en 1962. Alarmé par l’effet contagieux de ce conflit, le gouvernement a accepté une augmentation de salaire de 20%, “une concession qui, ont prévenu certains économistes, pourrait encourager d’autres grèves dans ce pays de l’Afrique du nord”, a-t-on pu lire dans le communiqué de l’agence Reuters juste après la grève.

Renationalisation de l’usine! Les entreprises privées et publiques doivent être retirées des mains des capitalistes et du mauvais fonctionnement bureaucratique!

Les grévistes d’Arcelor Mittal ont reçu le soutien et la solidarité de travailleurs du site SNVI à Rouiba (Alger), de même que celui de travailleurs de plusieurs autres compagnies, avec l’encouragement de poursuivre leur lutte.

Le CIO soutien également fermement cette grève, et suggère non seulement la nationalisation de l’usine, mais aussi sa mise sous contrôle démocratique de représentants des travailleurs démocratiquement élus et révocables à tout moment. Le CIO propose aussi de lier ce conflit aux autres secteurs faisant face à des problèmes similaires, en instaurant une économie entièrement placée sous une véritable panification socialiste et démocratique. Cela constituerait un encouragement énorme pour que la classe ouvrière joue un rôle décisif dans l’économie et afin d’utiliser les vastes ressources du pays au bénéfice de tous, tout en évitant le disfonctionnement et la corruption qui arrivent quand les compagnies publiques sont dirigées par des responsables de type mafieux.

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