L’Intercommunale bruxelloise des Eaux (IBDE) qui distribue l’eau potable dans l’agglomération bruxelloise a instauré depuis le 1er janvier 2005 un nouveau tarif,appelé «tarif solidaire». Il est tout sauf clair. Plus la consommation annuelle augmente, plus le prix au m3 augmente : 0,80 euro le m3 pour les 15 premiers m3 ; 1,39 euro le m3 pour les 15 suivants; 2,06 euro le m3 pour les 30 suivants et 3,06 euros au-delà. A première vue, cela semble juste : plus on consomme plus on paie, et le tarif progressif incite l’habitant à ne pas gaspiller l’eau.
Mais les familles nombreuses consomment forcément plus (douches, lessives, vaisselles,…). Paieront-elles le m3 moyen consommé plus cher que le petit consommateur (isolé, couple sans enfants) ? «Non», répond l’IBDE, «nous pondérons cela par le nombre de personnes du ménage, selon le registre national». Oui, mais le registre national ne reflète pas toujours la situation exacte. Un étudiant qui kote à Bruxelles reste souvent domicilié chez ses parents. Comment se fait la pondération quand la composition du ménage change en cours d’année ?
Mais il y a plus. En principe il y a un compteur par ménage. A Bruxelles il y a peu de maisons individuelles et la plupart des logements sont des immeubles à appartements. Or, la moitié seulement des logements à Bruxelles disposent de leur compteur d’eau individuel. Dans beaucoup d’immeubles, surtout les vieux immeubles des quartiers pauvres, il n’y a qu’un compteur pour tout le bâtiment. En général le propriétaire répartit les consommations d’eau entre locataires.Pour ces logements, la facturation sera encore plus opaque car la population de l’immeuble change souvent.
Evelyne Huytebroeck, ministre (Ecolo) de la politique de l’Eau dans le gouvernement de la Région Bruxelles-capitale n’avait bien évidemment pas pensé à cela en instaurant la tarification «solidaire». On reconnaît encore bien là la patte des Ecolos: essayer de protéger l’environnement à coup de taxes sans trop se préoccuper de savoir sur qui elles tombent.