Aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, dans la zone euro et au Japon, les dirigeants politiques ont, en 2009 en 2010, pris pas moins de 3.870 milliards d’euros des caisses des Etats pour soutenir le système financier et économique. Même s’ils ont ainsi pu éviter une dépression mondiale (pour le moment), cela n’a pas débouché sur une nouvelle période de croissance stable. Au contraire, le peu de croissance que nous avons vue était très fragile et fort dépendante des aides de l’Etat.
Par Els Deschoemacker
Les dettes des banques ont été épongées par de nouvelles dettes ; celles des autorités publiques. Il est évident que, pour les gouvernements, le plus facile est derrière eux : les caisses de l’Etat ont été pillées, des dettes massives ont été construites, et la crise reste là, sans solution à l’horizon.
En Belgique aussi, la dette de l’Etat a augmenté très rapidement. «En deux ans, un quart de siècle d’assainissement a été perdu», a ainsi titré le quotidien flamand De Standaard. «Il n’y a plus d’argent, il faut intervenir de façon dure maintenant», a averti l’économiste Geert Noels. Presque tous les partis adhèrent à ce constat. Ceux qui estimaient que l’époque du néolibéralisme (assainir l’Etat au détriment de l’Etat-Providence) était derrière nous et qu’on se dirigeait vers une période de keynésianisme (stimuler la demande avec, entre autres, la création d’emploi par l’Etat ou encore avec des allocations décentes) en sont pour leurs frais. Ce que nous avons vu, c’est un keynésianisme pour la classe capitaliste, qui doit maintenant être payé par un néolibéralisme très dur pour la masse laborieuse.
Certains partis sont plus prudents que les autres. Mais, en réalité, nous pouvons nous épargner la peine d’étudier les différents programmes des partis. Mieux vaut partir de l’expérience vécue ces trente dernières années de politique néolibérale. Quel que soit le gouvernement qui sortira des urnes – qu’il soit d’unité nationale, sans les libéraux et avec les ‘socialistes’ ou l’inverse, rempli de nationalistes flamands et/ou de revanchards francophones, avec ou sans les verts,… – tous vont chercher les efforts à venir (22 milliards d’euros selon le Bureau du Plan) en grande partie dans notre poche.
Les développements actuels de la crise du capitalisme laissent très peu d’espace. Les capitalistes mènent une guerre contre la classe ouvrière pour restaurer leurs profits. Pour le moment, la peur ou l’idée qu’il faut des assainissements pour, à terme, pouvoir revenir aux acquis sociaux du passé peut être présente dans une grande partie de la classe. La réalité peut rapidement mettre en pièce ce genre d’idées. Nous allons vers des années de coupes budgétaires extrêmement dures, bien qu’avec un rythme différent dans les différents pays, dépendant des conditions spécifiques et des rapports de force. La croissance faible (dans notre pays, à peine 0,2%) peut rapidement se muer en récession.
N’y a-t-il pas d’alternative à ce système de misère, de chômage et de pauvreté pour la majorité de l’humanité ? Si. Les nouvelles générations vont devoir réapprendre dans la douleur les vieilles leçons de la lutte des classes. Cela va demander du temps, des luttes et des expériences, mais les idées du socialisme scientifique vont finir par regagner du terrain au sein de la classe des travailleurs.