Ce mercredi 17 février était un jour crucial pour les travailleurs en grève de Splintex. Ils devaient, après 11 semaines de grève, se prononcer sur un préaccord négocié entre la direction, le conciliateur social (ministère de l’Emploi) et les syndicats. Ce préaccord, présenté aux ouvriers pour «sauvegarder l’outil à long terme» était une sinistre farce: 248 pertes d’emplois et la prépension à 50 ans, rien même sur d’éventuelles primes de départ.
Vincent Devaux
De plus, pour faire passer plus facilement la pilule, en divisant les travailleurs, la direction a voulu un vote à bulletins secrets sur le préaccord. Mais l’assemblée générale en a décidé autrement. Non seulement elle a rejeté cette proposition de vote secret, mais elle a voté à l’unanimité le rejet de ce préaccord funeste. 350 mains courageuses se sont levées pour la poursuite de la grève après 79 jours de pressions patronales, après l’intervention des huissiers et de la police, après les calomnies dans la presse, bien que dans chaque famille de gréviste l’argent manque,… Le directeur a eu le culot d’annoncer à la presse que le vote en assemblée n’était pas légitime. Cela montre qu’en plus, il est mauvais perdant.
Au fil des semaines la combativité n’a pas faibli. Elle s’est même colorée d’une nouvelle conscience au travers de cette expérience de lutte. Les directions syndicales freinent l’action et ne veulent pas lancer un appel à une grève régionale de solidarité. Lors de cette assemblée, des ouvriers ont proposé l’occupation de l’usine et ont relancé l’idée d’une grève générale régionale: une proposition déjà émise lors d’une assemblée interprofessionnelle. Les directions syndicales ne peuvent se défiler. Il est de leur responsabilité de donner toutes les facilités pour élargir cette lutte. Un élargissement de la lutte à d’autres usines exercerait une pression terrible sur la bourgeoisie. Elle permettrait de faire reculer un patronat hargneux et prêt à tout.
La résistance magnifique des ouvriers de Splintex est un cinglant démenti face aux affirmations des menteurs, des cyniques et des affabulateurs en tous genres qui proclament que les travailleurs ne veulent plus se battre. Nous entrons dans une nouvelle période de luttes où la classe ouvrière va se forger une nouvelle expérience. Ce qu’il faut à la classe ouvrière, c’est une avant-garde syndicale à la hauteur de ses espoirs, une gauche syndicale organisée et cristallisée au sein de délégués combatifs, dotés d’une conscience socialiste. Ce qu’il faut aussi, c’est un nouveau parti des travailleurs, capable d’organiser – à une échelle de masse – le soutien matériel et politique aux ouvriers en lutte. Un parti capable de mettre le holà à la régression sociale et d’orienter les travailleurs et la jeunesse vers une lutte pour la transformation socialiste de la société.