Obama est-il différent?

Lorsque les américains et le monde ont appris l’élection d’Obama, on avait l’impression qu’une véritable révolution avait éclaté: autre style, autre discours, autre couleur de peau,… tout allait être différent! ‘‘Change, we can believe in’’(1) scandaient les américains. Ont-ils eu raison d’y croire? Où en sommes-nous un an plus tard? L’homme le plus puissant du monde l’a-t-il changé?

Par Stéphane (Liège)

Au début de la crise des subprimes, Bush, après avoir laissé couler Lehman Brothers marquant le signal de déclenchement de la crise, sauvait les sociétés financières Fanny Mae et Freddie Mac à coup de deniers publics. Dès le début de sa présidence, Obama s’est attelé à ficeler son plan de relance principalement fait de réduction d’impôts pour les grandes sociétés… Sauvez l’économie capitaliste vacillante à coup de deniers publics… voyez le changement…

La politique de guerre prolongée

L’autre grand reproche fait à Bush, surtout par les non-américains fut sa politique étrangère: guerre en Afghanistan et Irak en tête, soutien inconditionnel à Israël, unilatéralisme, etc. Ici, peu question de changement aussi, mais la couleur était annoncée dès le départ: la guerre en Afghanistan est LA guerre qu’il fallait mener et l’engagement précipité en Irak une erreur. Jamais il n’a été question de s’opposer aux guerres d’agression des Etats-Unis, ni d’un retrait des troupes d’Irak.

Obama déclarait: ‘‘Je ne m’oppose pas à toutes les guerres. Je suis opposé aux guerres stupides. Ce à quoi je m’oppose est la guerre irréfléchie.’’ S’il y a différence avec W., c’est peut-être dans la stratégie opérée pour élargir ‘‘l’Empire’’ américain. Là où les néoconservateurs voulaient contester les grandes puissances jusque chez elles, le réaliste Obama revient à la zone traditionnelle étasunienne: les Amériques. Ainsi Obama a décidé d’abandonner le bouclier anti-missile pour se réconcilier avec la Russie. Aussi, les révolutions colorées qui ont fleuri sous le mandat de George Bush (Géorgie 2003, Ukraine 2004, Kirghizstan 2005, etc.) ne risquent pas de bénéficier du même soutien et même lorsque le gouvernement pro-US au Kirghizstan a été renversé par un mouvement populaire, il n’y a eu aucune contestation de la part de la Maison Blanche. D’autre part, dans les coulisses du sommet de Copenhague, Barack Obama a préféré négocier un accord minimaliste non-contraignant pour les parties avec une brève déclaration d’intentions avec la Chine, le Brésil, l’Afrique du Sud, etc. Par contre, la droite radicale a fait un Coup d’Etat au Honduras avec l’assentiment tacite de Washington et des bases militaires fleurissent aux portes du Venezuela ou en Haïti à quelques kilomètres de Cuba.

De l’espoir à la déception

Même dans son propre pays, Obama n’a pas réussi à parvenir à un changement fondamental. Il y a peu, Bush n’hésita pas à sauver les entreprises privées et les banques avec l’argent de la communauté. Le résultat de ce ‘‘socialisme pour les riches’’ (privatiser les profits, socialiser les pertes), ce sont des économies dans les services publics et l’infrastructure qu’Obama ne remet pas en cause.

D’autre part, la réforme des soins de santé est très limitée. Il n’a pas été question d’un grand service de santé public pour tous, même une option minimale publique a été écartée. Même après cette réforme, 23 millions d’Américains ne sont pas assurés. Le groupe d’action ‘‘Médecins pour un plan national de santé’’ (PNPH) compare ainsi la réforme à une ‘‘aspirine pour combattre le cancer’’. Obama a fait des concessions aux républicains (en n’hésitant pas à davantage limiter le droit à l’avortement pour tenter de gagner des votes républicains) au lieu d’écouter le point de vue de ceux qui ont voté pour lui. En vain. Le résultat, c’est un déclin de popularité pour Obama et une réforme des soins de santé très limitée.

L’espoir d’un changement ne s’est pas réalisé et le soutien pour Obama est victime de cette désillusion. Seule une minorité de la population est toujours en faveur de sa politique. Le soutien au parlement a déjà disparu, 75% de la population estimant qu’il fait mal son job. C’est le plus haut niveau jamais enregistré.

Il est grand temps d’entendre à nouveau la voix des américains ordinaires: travailleurs, chômeurs, retraités ou jeunes. Nous ne pouvons pas compter sur les démocrates. Leur échec offre des ouvertures pour un retour des républicains et crée l’espace pour les démagogues populistes comme Sarah Palin et son Tea Party. Ce n’est pourtant pas le type d’opposition vers laquelle regardent les travailleurs américains et leurs familles.

Un élément que les médias ne rapportent pas, c’est le fait que 36% des Américains ont aujourd’hui une opinion positive du socialisme. L’ouverture pour des alternatives et des idées socialistes est de plus en plus grande, mais elle doit être politiquement organisée. Nos camarades de Socialist Alternative plaident pour soutenir des candidats indépendants des républicains et des démocrates qui peuvent se battre pour les soins de santé universels, contre la guerre et pour la nationalisation des secteurs-clés de l’économie, en réponse à la crise. Aux Etats-Unis aussi, un parti des travailleurs de masse avec un programme socialiste est nécessaire. www.socialistalternative.org (1) Le changement, nous pouvons y croire!

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