Nouveau développement politique contre l’offensive patronale en France

Cette année, le gouvernement francais a tenté une offensive massive contre les travailleurs et la jeunesse. L’éducation nationale est sous attaque avec une nouvelle loi, "La Poste", SNCF, la société des chemins de fer nationale, ont été réorganisées pour préparer la privatisation sur un moyen terme. Le 8 février dernier, le gouvernement de Raffarin a cassé les 35 heures légales de temps de travail hebdomadaire. Ces nombreuses attaques provoquent la colère des travailleurs et de la jeunesse contre ce gouvernement et les patrons. Plus les attaques du gouvernement augmentent, plus la colère se développe.

Leïla Messaoudi

Une offensive massive du gouvernement

Ces deux dernières années, la réforme des pensions en 2003, la semi-privatisation de l’électricité et du gaz de France, la réforme des soins sociaux en 2004, ont été réalisés. À ces moments-là, aucun des syndicats principaux n’ont décidé de mobiliser contre ces attaques, ils ont organisé quelques manifestations et aucune vraie mobilisation sur les lieux de travail. Les luttes ont été très isolées et particulièrement celles contre les licenciements dans le secteur privé.

Les capitalistes français doivent assurer leurs propres profits en prenant de plus en plus aux travailleurs et à la jeunesse. C’était assez significatif de voir à quelle vitesse le gouvernement a changé la loi sur le temps de travail hebdomadaire. Décembre passé, une première discussion à l’assemblée nationale a organisé la fin de la semaine des 35h. Il y a deux semaines, le 8 février, la loi a été définitivement changée par l’assemblée nationale pour supprimer les 35h. Le 1er mars, le sénat devra voter également. Ils expliquent qu’il est question du droit "de travailler plus longtemps pour être payé plus". L’ancienne loi a introduit la flexibilité du temps de travail sur l’année, la nouvelle loi traite davantage de la question du paiement d’heures supplémentaires. Derrière ce changement de la loi, ils autorisent les patrons à faire travailler plus longtemps les travailleurs sans payer les heures prestées en plus des 35h par semaine. Les patrons doivent faire des bénéfices rapides sur les salaires. Les anciennes lois sur les 35h, appliquées par le gouvernement de la gauche plurielle leur ont donné l’occasion d’annuler beaucoup de pauses et de rythmes de travail sur les lieux de travail. Cette nouvelle loi ne les aident pas seulement à payer des salaires inférieurs pour le même temps de travail mais aussi à introduire beaucoup de différents salaires, statuts au sein des lieux de travail, divisant ainsi les travailleurs et cassant les droits collectifs de ceux-ci.

Le gouvernement de Raffarin doit faire du bon boulot pour les patrons maintenant, même si ce pourrait être le dernier job pour lui avant le référendum sur la constitution européenne en juin. C’est pourquoi Raffarin ne bouge pas sur la question du changement de la semaine des 35h. Le capitalisme français ne pouvait pas reculer sur ces questions sans perdre plus d’influence sur le marché mondial.

Une vague de mobilisations

Toutes les attaques ont augmenté l’ inquiétude de la majorité de la population à propos des revenus, des licenciements, des salaires et des conditions de vie en général. Les mobilisations contre le gouvernement et les attaques des patrons en France se développent depuis le début de 2005. L’opposition entre les travailleurs et le gouvernement est plus forte que jamais depuis les élections de 2002. Précédemment, dans chaque secteur, les travailleurs ne voyaient pas comme maintenant le lien entre les attaques menées contre eux et les autres. La stratégie des capitalistes d’attaquer séparément le secteur public et privé n’arrive plus à diviser les travailleurs des deux secteurs. Les gens ressentent qu’ils sont "dans le même bateau".

Le 20 janvier, plus de 328 000 travailleurs du secteur public ont participé aux manifestations pour défendre les salaires et la norme de vie. Le samedi, 5 février, 517 000 travailleurs étaient dans les rues de 118 villes à travers la France contre la réforme de la semaine de 35h, pour leurs salaires et pour défendre les services publics. En même temps, depuis le 20 janvier, un mouvement d’écoliers se développe et ce malgrès les vacances dans plusieurs régions du pays. Le jeudi 10 février, 100 000 écoliers étaient en grève et ont manifesté contre le nouveau projet de loi sur l’éducation nationale. Ce mouvement énorme d’écoliers est bien percu par les travailleurs et pourrait renforcer leur détermination dans le combat qu’ils menent. La lutte combinée des travailleurs et de la jeunesse est la situation la plus effrayante avec laquelle un gouvernement pourrait être confronté.

Les syndicats dans un tournant

Les syndicats ont un rôle clef dans cette situation. Ces dernières années, les travailleurs qui ont voulu lutter contre les coupes budgetaires et les privatisations ont ressenti l’échec des syndicats. Les syndicats ont perdu de l’influence depuis plusieurs années parmi les travailleurs. Durant les deux derniers mois, face aux actions des patrons, dans les lieux de travail, la pression a grandi dans les rangs des travailleurs. Les directions syndicales ont été obligées d’ appeller à une grève d’un jour dans le secteur public en janvier. Il était également question pour eux de survivre comme un syndicat reconnu par les travailleurs et en tant qu’associé de l’état. Le samedi 5 février, avec des manifestations massives de travailleurs des secteurs public et privé était un bon point de départ. Les gens réalisent cela, chaque secteur a besoin d’une lutte commune pour contre attaquer. Ceci a concrètement soulevé la question d’une lutte unifiée des travailleurs de tous les secteurs pour stopper l’offensive des patrons et du gouvernement.

Depuis le début de février, rien de clair n’a été annoncé par les syndicats. Dans quelques secteurs, comme le secteur de l’éducation nationale, les syndicats ont appellé a plusieurs jours d’actions, manifestations et de grèves en mars. Mais, aucun d’eux n’ appellant vraiment pour le même jour de grève. En fait, le potentiel énorme actuel pour construire ce jour de grève commune de tous les secteurs contre la nouvelle loi des 35h, les licenciements, les bas revenus et les attaques sur les services publics les inquiètent. Les directions syndicales refusent de prendre la responsabilité d’ appeller à un nouveau jour de grève. Ils essayent d’éviter une prolongation d’une grève qu’ils ne pourraient pas contrôler.

Il est temps de contre-attaquer

Dans tous les secteurs, les travailleurs ont besoin d’une cible commune. Un "jour de grève commun de tous les travailleurs et de la jeunesse" au milieu de mars doit être établit comme un but principal et être préparé dans chaque secteur. Les travailleurs ne peuvent pas attendre que les syndicats organisent cette grève. Une lutte unifiée de tous les secteurs et de la jeunesse est la seule facon d’arrêter l’offensive des patrons et du gouvernement. Nous devons la préparer, tous ensemble, membres d’un syndicat ou pas, en construisant des assemblées générales, des comités de grève. Ces assemblées, démocratiquement controllées par les travailleurs, dans chaque secteur, peuvent être le point de départ d’un jour commun et réussi de grève contre la politique des patrons. Il est possible que les patrons et le gouvernement soient prêts à se confronter à un tel jour de grève mais la possibilité d’une prolongation de ce jour de grève commune en une grève generale les feront devenir nerveux. Une grève generale arrête l’économie et donc les profits. Les travailleurs se rendent compte pendant une grève generale de la vraie puissance qu’ils ont mais également du pouvoir qu’ils ont de contrôler la production et de décider quoi faire avec cette production.

Une lutte unifiée n’est pas une garantie pour réussir a arrêter les attaques pendant longtemps, les mêmes mesures pourraient revenir à l’ordre du jour. Plus les travailleurs sont organisés et impliqués dans la lutte, moins le gouvernement pourra mettre en avant de nouvelles attaques après la lutte. Une grève générale soulève également la question de remplacer le gouvernement. Etre organisé, discuter des revendications ensemble, décider et organiser la grève, nous donne la possibilité d’être plus au courant de la situation. Mais cela ne nous donne pas un programme pour remplacer le gouvernement et nous ne pouvons pas être en grêve toute l’année.

Il est temps de construire une alternative socialiste

La nouvelle situation politique en France a ouvert de manière cruciale la discussion sur la façon de combattre le gouvernement et les patrons. L’appel a une grève commune d’un jour des travailleurs du secteur public et du privé est le seul but concret à proposer dans la situation actuelle. La Gauche revolutionnaire, la section française du CIO, est la seule organisation qui a concrètement développé cet appel dans quelques syndicats et dans les manifestations et rassemblements. Aucuns des syndicats mais également aucunes des deux organisations d’extrême gauche (LCR et LO) n’ont proposé un but concret pour s’opposer au gouvernement et aux patrons. Ils parlent de la nécessite "d’une contre offensive des travailleurs" ou de la construction d’un "grand movement tous ensemble" sans plus de précisions.

Aujourd’hui, la question de la construction d’un nouveau parti qui organise les travailleurs, la jeunesse, les chômeurs…. tous ceux qui veulent lutter est une importante question. Un tel parti doit vraiment casser avec le capitalisme et tous les partis qui ont accepté de gérer la misère pour les pauvres et les profits pour les riches. Un tel parti doit répondre à la question de l’alternative au capitalisme et au combat pour construire une société qui peut vraiment satisfaire les besoins de tout le monde : une société socialiste. Nous devons combattre pour une alternative socialiste au capitalisme avec un programme concret pour lutter.

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