Ce vendredi matin, l’ensemble des magasins Carrefour étaient fermés. Nous nous sommes rendus notamment au Carrefour de Bierges (Wavre) pour soutenir les travailleurs présents au piquet et discuter de quelle manière il était possible de poursuivre la lutte (à cet égard, nous avons distribué notre dernier tract mettant en avant la nécessité d’un plan d’action national). Le délégué CNE du magasin nous a détaillé la situation.
Interview et photos par Baptiste (Wavre)
Une équipe de la RTBF est également présente sur place, interviewe quelques travailleurs mais est surtout à la recherche de personnes venues faire leurs courses, et qui ne seraient pas contentes de découvrir la grève. Ce sera mission impossible, puisque le peu de personnes venues au Carrefour attesteront qu’ils soutiennent le personnel, ce qu’une caissière s’empressera d’attester devant les caméras : «depuis l’annonce du plan de licenciements, la clientèle est derrière nous et nous encourage à ne surtout pas nous laisser faire.»
Socialisme.be :Comment a évolué la situation pour aboutir à cette journée de grève ?
Nous avons eu une série de réunions avec la direction dans le cadre de la loi Renault depuis l’annonce de fermeture. Au dernier conseil, il était question de la cession de trois hypermarchés à Mestdagh, avec au passage le remplacement de la CP 312 par la 202, ce qui signifie une dégradation des conditions de travail pour le personnel. Quand on sait que Carrefour est à 25% actionnaire du groupe Mestdagh, il apparaît clairement que cette cession est un tour de passe-passe pour attaquer les acquis sociaux. En plus de passer à une Commission Paritaire moins favorable, Mestdagh compte aussi couper dans l’emploi : dans le cas de l’hyper de Waterloo, il s’agirait de 17 équivalents temps-plein (sur 130 emplois) qui seraient supprimés. Nous voulons dénoncer ces mesures.
Mais aussi, on veut mettre la pression en vue des discussions sur le plan social : jusqu’à présent Mr Lavinay a toujours été occupé de dire qu’il «fallait» gagner 30 millions d’euros par an sur les salaires. La direction ne sait rien dire d’autre, alors il est temps que ça change un peu.
Socialisme.be : L’atmosphère est-elle encore combative à l’heure actuelle ?
Malgré que la situation soit pesante, l’appel à la grève a été suivi partout. Et les tentatives de Lavinay de casser le mouvement en menaçant d’envoyer des huissiers pour laisser rentrer des travailleurs n’a pas fonctionné, que du contraire: dans les magasins où le directeur s’est montré plus agressif et arrogant, le personnel est parti en grève pendant 48 heures !
Socialisme.be :Vous évoquiez un mouvement de grève qui a pris place aujourd’hui chez Carrefour en France (suite au refus de la direction d’une augmentation d’1€ par heure), ne saisirions-nous pas cette occasion pour développer une solidarité internationale et construire un rapport de force favorable ?
Oui c’est envisageable, nous en discutons pour le moment.
La lutte à AB-InBev a démontré la victoire que peut amener la construction d’un tel rapport de force, en saisissant le potentiel dans la combativité du personnel, le soutien de la clientèle et une solidarité internationale. De telles luttes paient, il ne manque plus qu’un plan d’action !