Régulièrement, des évènements médiatisés mettent en avant la « violence à l’école ». Cela donne lieu à des mesures d’exclusion, de relégation d’élèves, sans cependant apporter de solutions réelles aux enseignants ni aux élèves.
Cécile Mangin
De quoi parle-t-on quand on fait état de “violence à l’école”
Des études sérieuses démontrent que les violences graves sont extrêmement rares en ce qui concerne les atteintes physiques à l’égard des membres des équipes éducatives. Quelle que soit la composition sociale de l’école, les enseignants qui travaillent au sein d’une équipe éducative cohérente se disent moins victimes de violence. Mais il existe un malaise partagé par les enseignants et les élèves, sans qu’aucune solution efficace ne soit proposée.
En Communauté française, les écoles en difficulté reçoivent un financement supplémentaire (dans le cadre de la politique de « discrimination positive »). Mais dès que les choses s’améliorent, ce subside tombe et, du même coup, les projets mis en place (concrètement, cela revient à perdre un ou plusieurs emplois, par exemple licencier un éducateur). Il n’existe aucune réponse structurelle et durable qui garantisse aux établissements scolaires de pouvoir fonctionner dans de bonnes conditions. Les classes restent trop nombreuses, les enseignants sont souvent isolés (leur horaire ne leur donne pas toujours la possibilité de travailler en « équipe » et donc de partager leurs réflexions et leurs expériences). Contre toute logique, on continue à définancer l’enseignement, à supprimer des postes et donc à aggraver la situation matérielle des enseignants et des élèves.
Parfois, on en arrive à des situations extrêmes comme à l’Athénée Madeleine Jacqmotte, à Ixelles. Suite aux incidents graves dont des enseignants ont été victimes, c’est une réponse absurde qui a été proposée : exclure presque une centaine d’élèves majeurs pour absentéisme et ce dans la plus parfaite illégalité ! Ces élèves expliquent qu’ils étaient « licenciés » par exemple le matin (voilà déjà un mot qu’ils connaissent) en raison de l’absence d’enseignants, et ils ne revenaient plus l’après-midi… Les autorités scolaires les orientent actuellement vers les formations de l’ORBEm ou bien vers les cours de promotion sociale. Dans d’autres établissements, la direction fait appel à la police pour traquer les brosseurs ou fouiller les élèves pour détecter la présence de drogues. Mais la répression ne permettra pas d’arracher les racines du mal.
L’enseignement est-il vraiment un outil d’émancipation des élèves ? Certainement pas ! C’est une machine à fabriquer de bons petits travailleurs, adaptés aux besoins du moment du marché, et que l’on jettera lorsque l’on n’en n’aura plus besoin. L’école est-elle un lieu de travail épanouissant ? Bien souvent, les enseignants doivent faire face à un concentré de toutes les contradictions de la société capitaliste. On ne peut s’attaquer aux maux qui accablent l’école sans s’attaquer à ceux qui rongent la société : le chômage, la pauvreté, la flexibilité à outrance, le coût du logement,… Car l’école ne vit pas en vase clos.