Italie: Les erreurs à gauche et la désillusion ouvrent la voie à la droite

Les élections régionales italiennes des 28 et 29 mars 2010 ont déterminé l’équilibre du pouvoir pour les années à venir. La situation délicate rencontrée dans le pays a entraîné diverses forces sur le terrain politique, comme l’exprime le Peuple Violet, un mouvement d’opposition qui a pris naissance sur internet. Deux manifestations nationales ont pris place à Rome et une grève générale s’est également déroulée, mais il s’agissait bien plus de spectacle que de la construction d’une relation de forces.

Article basé sur une analyse de Marco Veruggio (membre de ControCorrente et du CIO)

Une donnée importante à mettre en relief est certainement l’augmentation des abstentions qui, ajoutées aux votes blancs et nuls, conduit très probablement à 40% des électeurs. Il est difficile de donner une lecture politique claire sur ce phénomène, mais nous ne pouvons qu’observer un fossé toujours plus grand entre le monde politique et celui de la vie concrète de la population. Nombreux sont ceux qui ont affirmé que l’abstention allait pénaliser la droite mais, en réalité – et encore une fois, comme en 2008 – elle a touché les plus grands partis de la gauche. Les 300.000 votes perdus par Rifondazione Communista (PRC) ont assurément été en bonne partie causés par cette abstention généralisée.

Beaucoup d’encre a coulé pour analyser la soi-disant droitisation du pays en conséquence de la victoire de la Ligue du Nord. Mais les chiffres indiquent plutôt que le nombre de suffrages de la Ligue reste à un niveau identique que précédemment face à un recul pour les autres partis. Les deux blocs électoraux, droite et ‘‘gauche’’, confirment leurs poids réciproques obtenus lors des récentes élections politiques. Le Parti Démocrate (PD, créé en 2007 de la fusion de différentes organisations de ‘‘gauche’’) se confirme comme un parti essentiellement régional, entre la Toscane et l’Emilie-Romagne. Il ne touche ni le sud ni le nord du pays. Le Peuple de la Liberté (PDL, créé en 2009 autour de Berlusconi) essaie quant à lui de sortir de son enracinement territorial au Nord. Sa présence au Sud est instable et sûrement subordonnée aux accords avec les potentats plus ou moins criminels de ces régions.

On peut également observer l’éternelle oscillation de la Gauche dans l’idée d’un nouvel ‘‘Arcobaleno’’ (Arc-en-ciel), du nom de la coalition électorale formée en 2007 entre le PRC et trois autres formations plus petites et au terme de deux ans de participation au gouvernement capitaliste de Romano Prodi pour le PRC. Le résultat de cette approche a été un laminage complet, la politique néolibérale du gouvernement Prodi avait désillusionné des millions de travailleurs et de jeunes et ouvert la voie au retour de Berlusconi. Reproduire la même tactique est absolument incompréhensible d’un point de vue politique et programmatique, et cela se révèle même dangereux sur le plan électoral.

Au niveau national, il reste bien peu de chose. La tentation d’un raccourci qui additionne des pommes et des poires ou qui crée un énième désastre du type ‘‘Arcobaleno’’ doit être liquidée pour faire place à une vision plus réaliste des faits.

Entre les travailleurs touchés par la crise économique et la logique du Capital, les travailleurs précaires, les étudiants qui ont lutté dans de petits et grands mouvements, ce n’est pas le potentiel qui manque pour appuyer et s’impliquer dans une formation qui serait le prolongement de leurs luttes. Cet objectif nécessite d’adopter une indépendance résolue contre les partis qui suivent la logique du néolibéralisme et de s’impliquer dans les luttes pour les généraliser et les développer.

L’approche politique dont les travailleurs et les jeunes ont besoin en Italie est une approche fondée sur la lutte des classes, une approche marxiste, une approche qui est capable d’aiguiller avec patience les luttes d’aujourd’hui vers la construction d’un rapport de forces conséquent dans la société ainsi que d’une alternative anticapitaliste et socialiste.

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