Grèce: crise économique et révolte contre le bain de sang social

La crise économique frappe la Grèce de manière très sévère. Le problème central de l’économie grecque est toujours le grand déficit budgétaire, ce qui signifie que le gouvernement grec doit emprunter aux banques pour satisfaire ses besoins. Selon l’Union Européenne, le déficit grec était de 13,4% du Produit Intérieur Brut en 2009. En conséquence, la crédibilité de l’économie a chuté!

Dimitri Pantazopoulos (CIO-Grèce)

La Grèce doit emprunter aux banques grecques et internationales avec un taux d’intérêt énorme (de l’ordre de 7 à 9%). Mais le déficit budgétaire s’accompagne de la dette nationale (la Grèce doit rembourser une dette de 50 milliards d’euros en 2010). En réalité, ce qui se passe, c’est que le gouvernement grec doit emprunter aux banques… pour payer les banques.

Sous la pression de l’Union Européenne, le gouvernement a imposé jusqu’aujourd’hui 3 paquets d’austérités pour diminuer le déficit budgétaire à 8,6% du PIB pour la fin de l’année. Ces paquets comprennent:

  • Une diminution des salaires des fonctionnaires de 7%
  • L’augmentation de le TVA de 19% à 20%
  • Le gel des salaires et des retraites
  • La diminution de 30% des primes de Noël et d’été (connus en Grèce comme les 13e et 14e mois)
  • L’augmentation des impôts sur le carburant, l’alcool et le tabac

Des recherches démontrent que toutes ces attaques ont diminué le niveau de vie des travailleurs de 10 à 15 %. Mais malgré ces mesures, la Grèce a eu besoin de demander l’activation du mécanisme de soutien de l’Union Européenne, du Fond Monétaire International et de la Banque Centrale Européenne. Il est clair que l’économie fait face à la faillite.

Mais l’activation du mécanisme présuppose de nouvelles attaques contre la population grecque. L’Allemagne, l’UE et le FMI ont déjà demandé un programme de stabilité de 3 ans pour prêter de l’argent à la Grèce. Cela veut dire que les travailleurs devront encore payer pour rembourser les banques. L’UE et le FMI ont comme objectif d’assurer les intérêts des banques et non d’aider l’économie grecque. Dans le contexte du capitalisme globalisé, la Grèce ne peut pas devenir une économie compétitive, qu’importe le point auquel les salaires et le niveau de vie des travailleurs sont diminués. C’est le niveau technologique qui rend les produits d’un pays compétitifs, mais la Grèce n’a pas le niveau technologique des économies fortes comme l’Allemagne et les Etats-Unis.

En ce qui concerne la disposition de la société civile à propos de ces mesures, on remarque de la rage contre les coupes, mais la société se sent faible et incapable de réagir efficacement. La démoralisation de la classe ouvrière se base sur le fait que la population reçoit une attaque par des forces (l’UE, le gouvernement, le FMI) qu’il semble impossibles de vaincre. En même temps, la direction syndicale et les partis de masse de la gauche n’ont ni propositions de lutte ni programme satisfaisant pour affronter la crise et les attaques.

Les directions syndicales sont liées au PASOK (le parti social-démocrate qui est au pouvoir actuellement) et c’est pourquoi ils ne sont pas disposés à organiser la lutte des travailleurs. Même s’ils annoncent des grèves sous la pression de la disposition combative des travailleurs, ils ne les organisent pas de manière satisfaisante. La bureaucratie syndicale n’est pas capable de faire face à ses responsabilités.

Mais en Grèce, aujourd’hui, la classe ouvrière ne peut pas trouver de sortie au niveau politique, car les partis de la gauche ne font elles non plus pas face à leurs responsabilités historiques.

Actuellement, le mouvement ouvrier en Grèce n’a pas seulement besoin de grèves et de luttes en général, ou d’une résistance abstraite, il a besoin d’un programme radical et concret. Malheureusement, la gauche ne peut pas comprendre qu’au sein d’une situation pareille où la crise a exposé au grand jour les limites du capitalisme, on a besoin d’un programme qui doit être tout à fait contraire aux intérêts de la bourgeoisie. Ce programme doit être composé de revendications telles que:

  • Le refus de payer la dette nationale aux banques grecques et internationales
  • La nationalisation de banques sous la gestion démocratique et le contrôle des travailleurs
  • La nationalisation des secteurs-clés de l’économie (dont la majorité étaient publics avant d’être privatisés) sous la gestion démocratique et le contrôle des travailleurs
  • L’instauration de taxes drastiques sur les profits des entreprises (la taxation sur les profits est de 20% aujourd’hui contre 45% il y a 10-15 années)
  • L’arrêt du programmes d’équipement de l’armée, qui coûte 8 milliards d’euros chaque année
  • L’instauration de taxes drastiques sur les profits et les grandes propriétés foncières de l’église orthodoxe.

Il est certain que l’application de ce programme ne peut pas donner de solution immédiate aux problèmes de l’économie grecque et que dans un premier temps, l’économie sera en récession. Mais il faut être clair et expliquer que l’économie grecque est déjà en récession (quelques économistes parlent d’une récession de 10% pour 2010) et que c’est seulement l’application de ce programme qui peut donner une solution favorable aux intérêts de la classe ouvrière et des pauvres.

Un parti de gauche avec un programme pareil pourrait offrir de réelles perspectives pour la lutte de la classe ouvrière. Xekinima (CIO-Grèce) fait de son mieux pour que ce programme soit adopté par SYRIZA (une coalition de la gauche radicale) et par le mouvement ouvrier en Grèce.

Partager :
Imprimer :

Soutenez-nous : placez
votre message dans
notre édition de mai !

Première page de Lutte Socialiste

Votre message dans notre édition de mai