Le droit de mener des actions est de plus en plus limité

Les patrons et leurs politiciens éprouvent une aversion profonde pour toute forme de réglementation capable de nuire à leurs intérêts, le marché n’est jamais assez libre. Tout le reste doit par contre être le plus réglementé possible. Les journalistes en Irak sont “encadrés” et l’armée ne leur laisse voir que ce qu’elle veut bien leur montrer. Plus près de chez nous, on exige de plus en plus que les actions de protestations soient “encadrées”, sous peine d’amendes ou de répression. Pour donner son avis, il vaut mieux disposer d’un porte-monnaie bien rempli et d’un bon avocat.

Un syndicaliste a été arrêté et condamné à payer une combi-taxe pour avoir été présent à un piquet de grève aux portes d’un Carrefour en 2008. Ce 26 février, une petite action de protestation a été organisée devant le Palais de Justice de Bruxelles contre cette arrestation sans la moindre base. Dans les faits, c’était une tentative de réprimer les protestations, ce qui ne pose aucun problème à l’administration communale. Il y a eu arrestation et un voyage en combi, il faut donc payer les 50 euros. Par principe, un recours en justice a été introduit, avec le soutien de la CGSP-VUB.

A Gand, cette taxe a été supprimée après que près de 400 jeunes aient été arbitrairement arrêtés suite à une action antifasciste. Mais il semble là qu’on considère qu’il faut au moins 50 euros en poche pour participer à un piquet de grève.

Et c’est encore bon marché! L’été dernier, à Malines, trois membres de Blokbuster (notre campagne antifasciste flamande) ont été embarqués parce qu’ils menaient une campagne antiraciste. Arbitrairement arrêtés et embarqués en combi, ils ont par la suite reçu une note de 100 euros. Invraisemblable! Nous avons évidemment protesté contre cette amende et attiré l’attention sur notre droit à la libre expression. La diffusion de tracts «sans autorisation» à Malines ne fait pas partie de la «liberté d’expression», mais est un «désagrément». Le 16 mars, nous avons eu une audience et le Collège échevinal ainsi que le bourgmestre ont consacré 10 minutes à cette affaire. L’administration communale n’est pas seulement responsable de la police et de l’imposition d’une combi-taxe, mais encore de son appréciation! C’est être juge et partie, non?

A Anvers, enfin, la police nous a imposé toute une série de restrictions avant la manifestation anti-NSV du 4 mars dernier. Négocier le parcours n’est évidemment pas un problème, mais la police voulait également savoir quels slogans allaient être criés, interdire les pétards, considérer les organisateurs responsables de chaque dégât dans le cadre de la manifestation et du ramassage de chaque tract éventuellement jeté à terre sur le parcours,… Nous avons bien entendu refusé tout cela, et heureusement. Le jour dit sont apparus 15 agents en civil qui cherchaient à se faire passer pour des manifestants (ils ont même mis des chasubles rouges de Blokbuster!). Devrions-nous objectivement être responsables pour les dégâts éventuellement commis par ces agents?

Penser différemment et organiser des actions devient de moins en moins évident. Les règlements communaux passent avant les Droits de l’Homme. Bien entendu, nous ne nous laisserons pas faire et nous nous battrons pour le droit démocratique à avoir un avis divergent, de même que pour le droit à diffuser cet avis sur la scène publique, avec les méthodes que nous jugerons pertinentes.

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