Vers une nouvelle offensive contre nos pensions ?

En ce moment, l’une des principales discussions est sans nul doute le débat sur l’avenir de nos pensions. Les pensions légales belges sont actuellement parmi les plus basses d’Europe, mais cela n’empêche pas les partis traditionnels et les médias de dire que les pensions ne seront plus payables sans réforme sérieuse. Un plus petit nombre de travailleurs devant payer pour un groupe plus important de pensionnés, nous devons donc travailler plus longtemps. Presque tous les partis traditionnels se rangent derrière ce raisonnement.

par Karel (Bruges), article tiré de l’édition d’avril de Lutte Socialiste

Cette propagande vise à progressivement mettre un terme au régime des pensions. En 2005, Gilbert De Swert (du Service d’Etude de la CSC) avait écrit un livre remarquable appelé «50 mensonges sur la fin de carrière» dans lequel il disait notamment que s’il y a plus de personnes âgées, il y a également moins de jeunes. «La plupart des ‘experts’ ne voient que le coût du vieillissement, ignorant l’économie provenant du moindre rajeunissement. Peu d’experts combinent addition et soustraction.» Mais lui, oui: «En 1970, un actif (20-60 ans) correspondait exactement à un non-actif: 62 jeunes et 32 seniors pour 100 actifs. En 2030, ce rapport serait peu différent: 100 actifs pour 43 jeunes et 62 seniors. Où le problème du vieillissement se pose-t-il encore?»

Le CD&V sonne la charge contre nos pensions

En mars, Yves Leterme a lancé un ballon d’essai avec sa proposition destinée à indéfiniment permettre de gagner un revenu supplémentaire après la pension. Les sociaux-chrétiens flamands du CD&V ont proposé d’abolir l’âge de la pension et de le remplacer par un système équivalent à 45 années de travail l’obtention d’une pension complète. Dans l’écrasante majorité des cas, cela signifie soit une augmentation de l’âge de la pension, soit une diminution des allocations de pension. Du côté des libéraux flamands, il est question de supprimer la prépension, de limiter les allocations de chômage dans le temps et de décourager les travailleurs à prendre un crédit-temps (en ne le comptant plus dans le calcul du droit à la pension). Le PS et le SP.a proposent eux de diminuer les charges salariales dans l’espoir de garder plus de gens plus longtemps au travail, en échange d’un financement alternatif de la sécurité sociale sous la forme, notamment, d’un impôt sur les fortunes et d’une «taxation verte». Les libéraux flamands, indignés, ont fait valoir qu’ils étaient bien entendu partisans des diminutions de charges, mais opposés à une augmentation des impôts, même si la somme obtenue serait largement utilisée pour faire baisser les charges.

Les pensions sont payables

En Belgique, comme ailleurs en Europe, ces deux dernières décennies ont été marquées par des assainissements – sous la pression du patronat – sur le salaire brut (ou le salaire différé) des travailleurs. Et maintenant, nous devons une fois de plus payer la facture en travaillant plus longtemps! Sans les milliards annuels de cadeaux au patronat sous forme de diminutions de charges, jamais il n’y aurait eu de problème avec les pensions.

La discussion ne porte pas sur le payement des pensions. La question fondamentale concerne la manière d’utiliser et de répartir dans la société la richesse produite par les travailleurs. Cette richesse doit-elle être utilisée pour financer la sécurité sociale et pour avoir des pensions légales d’un bon niveau? Ou doit-elle être réservée à l’augmentation des dividendes des actionnaires?

Enfin, notons l’hypocrisie particulièrement crasse du patronat qui d’un côté répète sans cesse que nous devons travailler plus longtemps tout en licenciant à tour de bras de l’autre, souvent dans le seul but de maximaliser les profits à court terme.

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