Régionales en France: crise politique sur fond de crise sociale

Les élections régionales françaises se sont déroulées, après trois années de gouvernement Sarkozy et au creux de la crise économique et sociale qui touche l’ensemble du système capitaliste. Alors que la bourgeoisie a ressorti les bouteilles de champagne, le CAC 40 progressant de 23% pour 2009, la crise frappe constamment plus durement travailleurs, allocataires et jeunes. Ces élections sont l’occasion de tirer quelques enseignements de l’état du mouvement social en France.

par Alain (Namur), article tiré de l’édition d’avril de Lutte Socialiste

Rejet de la classe politique traditionnelle

L’abstention a atteint le score historique de 53,67% au premier tour. Ce score illustre le dégout d’une majorité de la population face au système politique actuel, un dégout envers l’UMP de Sarkozy, mais aussi envers le PS même si celui-ci gagne haut la main ces élections en profitant d’un rejet massif de la politique gouvernementale.

Un des autres enseignements du scrutin, c’est le retour du Front National. Le Pen et son parti ont eu du mal à trouver leur place face aux accents sécuritaires et répressifs de la politique sarkozienne. Néanmoins les conditions objectives qui avaient permis au FN de passer le premier tour des présidentielles en 2002 ont continué à jouer et certains déçus du Sarkozysme se sont tournés vers l’extrême droite pour exprimer leurs frustrations.

Le FN a réalisé plus de 11% au premier tour et près de 18% en moyenne dans les 12 régions où il avait pu se maintenir au second tour. Une réelle alternative de gauche, avec un programme clair contre la politique de casse sociale, aurait pu éviter un tel retour de l’extrême droite.

Une claque pour Sarkozy mais quelle alternative?

Ces élections sont un échec pour Sarkozy. Suite à ses attaques menées exclusivement contre les travailleurs et les allocataires sociaux et sa politique en faveur des capitalistes, les travailleurs ont vite cherché des opportunités pour le combattre. Mais le plan des directions syndicales – ne pas avoir de stratégie et laisser échapper la colère – a eu comme effet que les attaques ont porté leurs fruits et que le mouvement est temporairement démoralisé.

Alors que la LCR et son porte-parole Olivier Besancenot avaient réalisé un bon score aux présidentielles de 2007, un peu de 4% au premier tour, le résultat des élections régionales du NPA, tout comme ceux des européennes de l’an passé, sont assez décevant: 3, 4% ou 2,85% en moyenne, selon que l’on tienne compte ou non du résultat des trois régions où le NPA s’était présenté avec le Front de Gauche. En Île de France, où Besancenot était tête de liste, le NPA fait 3,13%. Au-delà du fait que les deux élections ne sont pas du même type, l’initiative NPA cherche un second souffle après avoir suscité beaucoup d’espoirs. Néanmoins, le manque de clarté politique, l’absence de débat sur l’orientation stratégique et le tournant électoraliste ont contribué à faire perdre l’enthousiasme de la classe ouvrière envers cette initiative.

Dans la situation actuelle, un véritable parti des travailleurs doit pouvoir être un instrument pour la lutte que ceux-ci mènent. Un parti résolument tourné vers les luttes des jeunes et des travailleurs ainsi que leur organisation avec une perspective socialiste aurait été capable de gagner de nouveaux militants et de mobiliser l’ensemble des travailleurs. Au lieu de cela, la direction nationale s’est contentée de discussions interminables sur la stratégie de coalition électorale et le vote utile (ce qui revient à appeler à voter PS) ainsi que sur des mots d’ordre vagues de grève générale.

Pour sa part, le Front de Gauche, composé principalement du Parti communiste et du Parti de Gauche, réalise globalement un score moins mauvais, avec près de 6% au premier tour. Mais sa stratégie d’alliance quasi automatique au second tour avec le PS et Europe Ecologie ne le positionne pas en réelle alternative aux partis traditionnels. Une unité des partis de gauche radicale a bien été tentée à différents endroits, mais il est clair qu’une telle apparente unité sans programme clair et conséquent n’a pas non plus représenté une alternative pour la grande majorité des travailleurs. Les élections n’arrêteront pas la casse sociale

Il est clair que même si la gauche gouvernementale a remporté la quasi totalité des régions, cela n’arrêtera certainement pas les attaques. Les travailleurs ne doivent avoir aucune illusion sur le fait que les régions, même roses et vertes, ne leur serviront pas de bouclier (comme le disait Martine Aubry le soir du premier tour). Seule la mobilisation et la construction d’un rapport de forces permettra de faire reculer les capitalistes.

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