Le 6 mars, plusieurs milliers d’hommes et de femmes ont participés à la marche mondiale pour les femmes dans le cadre de la journée internationale des femmes. Nous voulons revenir sur cette manifestation, particulièrement après la manifestation réactionnaire contre l’avortement.
Par Laure (Bruxelles)
Nos slogans à la manifestation:
"Contre le chômage et les emplois précaires, Il faut les 32 heures sans perte de salaire!", "Au boulot jusqu’à 65 ans, c’est ce que veut le gouvernement. Augmentons les allocations et pas l’âge de pension!", "Pas d’argent pour la guerre, mais pour combattre la misère!", "Crèches publiques, pilule gratuite! A travail égal, salaire égal!" ou encore "Femmes, hommes, même combat. Notre ennemi commun: le patronat!"
Cette manifestation a pris place dans un contexte où la crise économique touche très durement l’ensemble des travailleurs, mais en premier lieu les femmes puisqu’elles constituent la couche la plus fragilisée de la population.
Le 6 mars, plusieurs milliers d’hommes et de femmes ont participés à la marche mondiale pour les femmes dans le cadre de la journée internationale des femmes. Cette manifestation a pris place dans un contexte où la crise économique touche très durement l’ensemble des travailleurs, mais en premier lieu les femmes puisqu’elles constituent la couche la plus fragilisée de la population.
Le cortège, composé de nombreuses organisations syndicales, d’associations féministes, etc. passait par divers lieux symboliques pour y soulever 4 grandes thématiques. Nous y étions présents avec une délégation particulièrement combative ainsi qu’avec notre programme pour donner une réponse socialiste à tous les aspects du sexisme soulevés par la plateforme de cette marche. Nous avons d’ailleurs vendu plus d’une soixantaine de numéros de notre mensuel Lutte Socialiste et plus d’une trentaine d’exemplaires de notre brochure Un programme socialiste anticrise pour les travailleuses.
La pauvreté et l’indépendance économique
Plus de 60% des plus pauvres dans le monde sont des femmes. Aujourd’hui, pour une femme, vivre seule signifie bien souvent vivre dans la pauvreté. En Belgique, 70% des femmes vivant sous le seuil de pauvreté vivent seules. Cela s’explique entre autre par leur position dans la société et dans le marché du travail. Effectivement, on les retrouve à majorité dans le travail précaire et sous payé : 80% du temps partiel est effectué par la gente féminine et elles gagnent en moyenne 75% du salaire d’un homme. La moitié des travailleuses pensionnées touchent moins de 700€/mois en Belgique. Le capitalisme entretient cette discrimination puisqu’elle permet de diviser les travailleurs et de faire pression sur l’ensemble des conditions de travail et des salaires.
La paix et la démilitarisation
Toute guerre, tout conflit violent a pour premières victimes les plus vulnérables : les femmes et les enfants. Le viol comme arme de guerre à de tous temps été utilisé. Pour l’illustrer, dans certains villages congolais, les viols consécutifs étaient tels que plus de la moitié des femmes sont devenues stérile. Et pendant ce temps, nos classes dirigeantes se contentent de regarder de leur tour d’Ivoire. A moins évidemment que leurs intérêts – les matières primaires, le prestige,…- ne soient touchés. Et c’est la seule chose qu’ils iront alors défendre. Il suffit de voir le sort actuel des femmes afghanes, qui allaient soi disant être libérées par l’intervention des Etats-Unis : Une loi vient d’être introduite permettant à un mari shiite de refuser de donner de la nourriture et de l’argent sa femme si elle refuse de coucher avec lui. Sous couvert d’ « opérations humanitaires», ce sont en réalité des opérations de pillage qui sont mise sur pied pour le profit des multinationales et des régions entières qui sont occupées au nom de l’impérialisme.
Là encore, il est clair que les femmes continueront de faire les frais des guerres tant que le système capitaliste sera en place.
La souveraineté alimentaire et les services publics
Privatiser, libéraliser, démanteler, augmenter les prix et assainir. Ce sont les seuls mots que les gouvernements Européens ont à la bouche quand il s’agit des services.
Le manque de logements sociaux implique que la majorité des familles dépensent en moyenne 40 à 50% de leur revenu à leur loyer qui amène à ce qu’aujourd’hui la plupart des foyers n’arrivent à joindre les deux bouts une fois que toutes les factures ont été payées. Là aussi les prix deviennent exorbitants. Concernant l’énergie, son coût en Belgique est le plus élevé d’Europe, depuis qu’Electrabel a été privatisée.
De plus, il y a dans la grande majorité des villes de Belgique des pénuries concernant l’accueil des enfants et l’accessibilité aux soins de santé. C’est toujours aux travailleurs de se saigner un peu plus pour avoir accès à ces services de bases. Près d’un tiers des familles belges se privent de soins médicaux nécessaires ou les reportent pour des raisons financières!
Le démantèlement de l’ensemble des services amène forcément un poids supplémentaire sur les épaules des familles et en fait surtout des femmes, qui sont alors contraintes de prévoir ces services gratuitement dans le foyer. Ainsi, les capitalistes font des économies colossales puisque le travail domestique représenterait 11 milliards d’économies par an en termes d’heures de travail non payées selon une étude menée en 1995.
Les violences contre les femmes
Cela passe trop sous silence dans les médias, mais la première cause de mortalité précoce chez femmes de 16 à 46 ans en Europe est la violence conjugale : en France 160 femmes en meurent chaque année, ce chiffre est de 70 en Belgique.
Récemment, une étude a montré qu’il y avait une corrélation entre le déclin économique et l’augmentation des violences domestiques ( et certainement des violences en générales). Cela signifie qu’avec la crise, cette situation ne fera qu’empirer.
La seule réponse que le gouvernement belge mets en avant c’est l’investissement de quelques millions. Mais il ne s’agit pas de développer un réseau de refuges gratuits (puisqu’aujourd’hui la plupart sont payants), ni de faire construire massivement des logements sociaux, encore moins d’augmenter l’ensemble des allocations sociales, non, rien de tout cela. Cet argent servira à mettre en place une énième campagne de sensibilisation, alors qu’il est évident que ce ne sont pas de publicités qui stopperont la violence mais bien des services sociaux conséquents.
Quelles solutions face à ces problèmes?
Durant la Marche Mondiale des Femmes, nous avons pu croiser l’une ou l’autre ministre ou encore l’un ou l’autre parti politique au gouvernement. Quelle hypocrisie que d’oser parader pour les droits des femmes alors que ces mêmes personnes sont à l’initiative des politiques qui ne font qu’aggraver le sort des femmes. En effet, on ne peut prétendre défendre l’amélioration des conditions de vie des femmes tout en menant une politique néolibérale et en défendant bec et ongles le capitalisme.
De même, ce n’est pas parce que plus de femmes occuperont des postes à responsabilité dans les conseils d’administration que l’ensemble des travailleuses se porteront mieux. En quoi le sexe des différents directeurs de carrefours aurait il empêché que des centaines de femmes vont bientôt se retrouver sur le carreau ? Nous luttons pour de vrais emplois avec de vrais salaires à travers notamment la revendication des 32h sans perte de salaire et avec embauche compensatoire. Nous luttons également pour la construction massive de logements sociaux, le développement de l’ensemble des services publics, … mais il est fondamental que cette lutte soit menée avec les hommes puisqu’il s’agit en fait de lutter pour le bien être de tous de tous.
Mais il ne faut pas se leurrer. Même si le mouvement ouvrier peut arracher certaines concessions à la bourgeoisie par des luttes combatives, cette dernière fera marche arrière dès que l’occasion se présentera. C’est d’ailleurs ce que l’on peut constater aujourd’hui avec le démantèlement de nos acquis pour lesquels pourtant les générations précédentes avaient arrachés en luttant, et notamment sur la question du droit à l’avortement.
C’est pourquoi, ce n’est que lorsque l’on aura renversé le système capitaliste qui se nourrit et entretien le sexisme pour diviser la population que l’on pourra réellement améliorer le sort des femmes, et en fait de l’ensemble des travailleurs.