Manifestation contre l’avortement: Défendons les droits des femmes, non à la réaction!

Ce dimanche 28 mars, se déroulait à Bruxelles, Place Royale, un rassemblement suivi d’une manifestation contre le droit des femmes à avorter. Cette action, mise sur pied par un comité fantomatique des «Etudiants contre l’avortement» à l’image de manifestations similaires dans d’autres pays européens, a rassemblé diverses organisations, dont certaines d’extrême-droite telles que Belgique et Chrétienté, Nation et le Vlaams Belang. Cette manifestation se déroulait dans le cadre des vingt ans de la dépénalisation de l’avortement en Belgique. Une contre-manifestation a eu lieu au même moment Place Royale à l’initiative de diverses organisations de gauche.

Par Stéphane P. et Julien (Bruxelles), photo de de Marc Chevaux

La manifestation contre l’avortement qui portait le nom «Pour la vie» a rassemblé entre 500 et 1000 personnes (1.600 selon Le Soir!). Des orateurs francophones, néerlandophones, irlandais, polonais se sont succédés au micro. Cela souligne le caractère international dans lequel s’inscrit cette manifestation. En décembre dernier, des milliers d’Espagnols avaient répondu à l’appel de l’Eglise contre les lois autorisant l’avortement récemment votées par le gouvernement social-démocrate espagnol. En Europe, le droit à l’avortement n’est toujours pas reconnu en Irlande, à Chypre, à Malte et en Pologne. La politique du Vatican concernant les droits des femmes, et d’autres sujets de société, tels que le port du préservatif, les droits des LGBT etc., a pris un tournant encore plus réactionnaire ces dernières années dû entre autres à l’élection de Benoit XVI qui représente l’aile conservatrice de l’Eglise catholique. En Belgique, la récente nomination de Mgr Léonard est une conséquence logique de l’idéologie prônée par l’Eglise. Ce dernier a d’ailleurs ouvertement soutenu la manifestation contre l’avortement et y était présent.

Malgré une faible mobilisation, une petite centaine de contre-manifestants se sont réunis Place du Sablon pour partir en cortège vers la Place Royale dans le but de faire face aux « Pro-vie », puisque c’est comme cela qu’ils se nomment. On ne peut que déplorer le manque d’organisation et de revendications politiques claires dans les rangs des contre-manifestants. La police bruxelloise était présente en force pour protéger la manifestation à caractère sexiste, faisant face aux défenseurs des droits des femmes. Rappelons qu’il y a deux ans, à l’occasion de la Journée Internationale des Femmes, Willy Decourty, bourgmestre PS de la commune d’Ixelles, avait dans un premier temps interdit une manifestation des femmes iraniennes, co-organisée par le PSL, pour finalement l’autoriser. Aujourd’hui, Freddy Thielmans, bourgmestre PS de la ville de Bruxelles, n’a visiblement aucun scrupule à autoriser des organisations catholiques fondamentalistes et d’extrême-droite à se rassembler, à prendre publiquement la parole et à manifester dans les rues de Bruxelles.

Avec la crise, l’augmentation de la pauvreté et de l’insécurité socio-économique pousse de nombreux travailleurs à rechercher une certaine sécurité dans la famille. Depuis les années ‘80, la privatisation et le sous-financement chronique des services publics a forcé de plus en plus de familles à prendre en charge une plus grande part des tâches domestiques comme l’éducation des enfants, les soins de santé… Les premières personnes touchées sont les femmes et les jeunes. Les valeurs familiales traditionnelles telles que le mariage et le retour de la femme au foyer sont des idées défendues depuis des dizaines d’années par les organisations fascistes et catholiques conservatrices.

Aujourd’hui, ces dernières profitent des conséquences de la crise pour remettre à l’ordre du jour leur idéologie sexiste et nauséabonde qu’elles diffusent parmi les travailleurs et leur famille. Contre ce retour galopant des idées d’extrême-droite et face au silence des partis traditionnels, nous devons nous organiser. Le PSL se bat activement contre le sexisme, le fascisme et toute autre forme d’oppression contre les travailleurs. Nous luttons pour, entre autres, un emploi de qualité pour tous et toutes, un salaire étudiant, des services publics gratuits et de qualité et d’autres revendications qui permettent aux femmes et jeunes de décider eux-mêmes de leur vie.

Tout en défendant le droit à l’avortement – personne ne doit avoir le pouvoir de décider à la place de la femme si elle veut des enfants ou pas – nous pensons aussi que beaucoup de femmes qui se font avorter ne le feraient pas si leur situation financière était meilleure.

Nous revendiquons un véritable choix pour les femmes, et donc le maintien du droit à l’avortement et de préférence même un allongement du temps pendant lequel on peut légalement faire un avortement. Mais nous revendiquons également le droit à un revenu stable et suffisant pour vivre confortablement par une augmentation des salaires et de toutes les allocations sociales. A cela doivent être combinées des allocations familiales couvrant réellement le coût d’un enfant et des services publics permettant aux femmes de combiner travail et famille. Ce programme doit garantir qu’aucune femme ne se fasse avorter pour des raisons principalement financières.

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