Les politiciens européens affirment vouloir faire disparaitre la pauvreté, en forte augmentation partout en Europe, tout comme le chômage. Mais le président européen Herman Van Rompuy a demandé aux diri- geants grecs de faire ce que lui-même n’osait pas dans son propre pays: appliquer une politique d’austérité drastique qui va approfondir la pauvreté.
Le coup d’envoi de cette “année européenne de lutte contre la pauvreté” a été donné fin janvier à Madrid. Il est vrai que l’Espagne a une certaine expérience dans ce domaine avec un chômage à 20%… Au final, il n’y a eu que quelques vagues promesses. Lutter contre la pauvreté doit passer par des efforts visant à rendre “le public plus conscient de la problématique”, l’UE devant quant à elle “rectifier son engagement autour de la pauvreté”. Barroso a déclaré que la pauvreté est “inacceptable” et qu’il était nécessaire d’aller vers une “Europe sociale sans pauvreté”, sans que cela ne signifie bien sûr qu’un revenu minimum européen va être instauré. Les politiciens européens ont simplement conclu qu’il fallait des indicateurs de pauvreté plus clairement définis afin de développer une meilleure vue sur la problématique.
Logement social désastreux à Bruxelles
Une étude consacrée au logement social à Bruxelles démontre qu’en 2008, le nombre net de logements sociaux a augmenté de 12 logements, pour atteindre 38.526. La liste d’attente pour l’attribution d’un logement social a grimpé de 4.000 demandes, pour atteindre le chiffre de 30.207 familles!
Pour ceux qui vivent du minimex, le loyer sur le marché privé est quasiment inabordable. En 2006, le loyer moyen était de 508 euros par mois! Comme les logements sociaux ne comptent que pour 7,7% du total, l’impact des loyers des logements sociaux est extrêmement limité. Combinés aux faibles revenus, ces loyers très élevés entraînent d’énormes conséquences sociales.
Pour une meilleure vue de la pauvreté, ces politiciens n’ont qu’à se balader dans les environs du parlement européen à Bruxelles et y tenter, avec le reste de la population locale, de survivre avec un revenu en-dessous du “seuil de risque de pauvreté” (878 euros pour un isolé). 15% de la population belge vit en-dessous de ce seuil, plus de 25% à Bruxelles. Notre capitale est une ville pleine de contradictions: les 10% des déclarations d’impôt les plus élevées concernent 35% du revenu taxable total.
Environ 30.000 familles bruxelloises dépendent du minimex et plus de 100.000 Bruxellois reçoivent une allocation de chômage. Dans son rapport de l’année 2009, l’Observatoire pour la Santé et le Bien-être de Bruxelles-Capitale a constaté que “les allocations sont trop basses et n’offrent pas assez de protection pour vivre de façon digne. Malgré les efforts récents, beaucoup d’allocations minimums restent sous le seuil de risque de pauvreté.” Avoir un emploi ne suffit d’ailleurs pas à éviter la pauvreté: à peu près un dixième des travailleurs bruxellois a un revenu se situant sous ce seuil. Pour beaucoup de jeunes, même cela n’est pas accessible: plus d’un tiers des jeunes bruxellois sont au chômage.
La pauvreté et le chômage se trans-mettent de génération en génération. Plus de 10% des enfants belges vivent dans une famille sans revenu d’emploi, ce qui pour les nouveau-nés monte jusqu’à 28% à Bruxelles! Ces enfants de familles pauvres arrivent plus rapidement dans l’enseignement technique et professionnel, ou quittent l’école avant terme. 44% des jeunes chômeurs de Bruxelles n’ont pas terminé leur scolarité.
Pour lutter contre la pauvreté, il ne faut accorder aucune crédibilité aux politiciens traditionnels, responsables du démantèlement de la sécurité sociale. Aujourd’hui, après avoir sauvé les grandes banques, ils veulent nous faire payer en rognant encore sur la sécurité sociale. Les belles paroles de la lutte contre la pauvreté ne sont rien face à leur pragmatisme. Et la création de pauvreté est actuellement la norme.