France : élections régionales sur fond de crise et de réforme

En mars 2010, la France votera pour renouveler les conseils régionaux. En pleine crise économique, la droite et la gauche se lancent dans la campagne électorale. De quel programme, de quel projet politique les travailleurs et les jeunes en France ont-ils besoin ?

Par Nicolas (Bruxelles), article issu de l’édition de mars de Lutte Socialiste

“Identité nationale”

Ces dernières semaines, on a assisté à une stratégie électorale traditionnelle de la part de l’UMP de Sarkozy. Besson (ex-PS), Ministre zélé de l’Immigration, a lancé un débat sur l’identité nationale utilisé pour diffuser des idées racistes. Déjà lors de la campagne des présidentielles, Sarkozy avait joué à fond l’argument de l’insécurité, créant un climat qui détournait l’attention des questions cruciales, sociales et économiques, ce qui lui permettait au passage de prendre des voix à l’extrême-droite.

Aujourd’hui, le débat n’est pas différent : l’identité nationale a été utilisée pour diviser les travailleurs et les jeunes, en stigmatisant une partie d’entre eux. L’attention a pu être détournée des vrais enjeux : le chômage qui explose, les restructurations qui se succèdent, les retraites à l’aube d’une nouvelle grande réforme. Ces problèmes sont la conséquence des politiques néolibérales menées par les différents gouvernements : privatisation accélérée des services publics, diminution du nombre de fonctionnaires, suppression de la taxe professionnelle (12 milliards de cadeaux en plus aux patrons en 2010), attaques sur les retraites, etc. pour combler les déficits publics creusés par le sauvetage des banques et les baisses de charges patronales.

Attaques sur le système des pensions

Dans cette situation, il faut souligner le rôle joué par le PS français en tant que principal parti d’opposition. Martine Aubry, présidente du PS, a même pris de l’avance sur le gouvernement en s’avançant sur le dossier des pensions. Pour dire «pas touche» ? Non bien sûr : Aubry s’est empressée de se présenter comme une interlocutrice «fiable», proposant d’augmenter l’âge de la pension à 62 ans (actuellement à 60 ans).

Cela fait des décennies que, gouvernement après gouvernement, les acquis sociaux ont été démantelés à grands coups de contre-réformes. Et le PS, sous le gouvernement Jospin notamment, ne s’est pas montré des plus discrets dans le démantèlement des services publics. L’annonce d’une réforme du système des pensions est un signal du gouvernement aux actionnaires pour leur prouver leur bonne volonté à faire payer la crise aux travailleurs. La démarche du PS est identique : montrer à la bourgeoisie sa capacité à mener les réformes aux bénéfices des profits privés.

Quelle alternative à gauche ?

La classe des travailleurs, en France comme ailleurs, a besoin de son propre parti, dans lequel ils peuvent s’organiser, mener les luttes, discuter les revendications et se rassembler le plus largement possible, et pas seulement au moment des élections.

Le développement des nouvelles formations de gauche en Europe et ailleurs met en avant le danger d’une approche essentiellement électoraliste. C’est le cas pour le Parti de Gauche (PG) de Mélenchon, une scission de gauche du PS qui a participé aux dernières élections européennes avec le PCF (Parti Communiste). Le PG dit vouloir rester dans le cadre du parlementarisme «républicain» actuel, tente de convaincre que les réformes sociales par le haut sont possibles et ne cherche pas à jouer un rôle dans les mouvements dans la rue.

Le NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste), de son côté, avait lancé un appel aux partis de gauche pour un front unitaire afin de défendre les retraites. Mais l’important aujourd’hui est de construire à la base des syndicats, sur les lieux de travail, pour mobiliser vers une lutte générale contre les attaques lancées contre les acquis sociaux. Le NPA doit aussi intervenir dans cette situation en mettant en avant la nécessité d’une alternative socialiste au capitalisme.

Depuis des mois, le NPA a privilégié la discussion sur les élections régionales plutôt que sur les idées politiques, les interventions dans les luttes et le type de parti à construire. En voulant aller vers des listes unitaires, le NPA a mis de côté toute une série de revendications anticapitalistes. De plus, il n’y a pas une stratégie unifiée pour les élections: chaque région peut choisir de conclure ses propres accords électoraux. Ce manque de clarté est un pas en arrière pour le NPA qui peut démobiliser les membres et les travailleurs qui regardent vers le NPA.

Nous pensons que le NPA doit être un parti résolument tourné vers les travailleurs et les jeunes pour construire un rapport de forces dans les luttes. C’est ce message qui doit être diffusé au moment des élections : le système capitaliste et ses relais politiques n’offrent aucune solution à nos problèmes.

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