Onkelinx et Vandenbrouke: Sauver le marché libre en démantelant la sécurité sociale

Le dogme néolibéral du marché libre n’est plus. Même des anciens ”ultras” plaident maintenant pour exercer un contrôle sur les “excès” du système. On entend des voix en faveur d’un rôle plus actif pour l’Etat. Quiconque s’attendait à ce que leurs Eminences social-démocrates saisissent cette chance afin de restaurer l’idée d’Etat-providence – voire de socialisme – se trompent. Au contraire, les sociaux-démocrates grecs du PASOK ont promis, sous le contrôle de l’Europe, de serrer la vis aux salariés, allocataires sociaux et pensionnés. Plus près de chez nous, la Ministre PS des Affaires «sociales», Laurette Onkelinx, a décidé de mettre la main sur notre salaire brut, et le socialiste bleu Vandenbroucke (SP.a) veut “un assainissement budgétaire tel qu’on n’en a pas connu dans notre pays en 40 ans”.

Edito de l’édition de mars de Lutte Socialiste, par Eric Byl

Selon le journal De Tijd, “les Belges” d’aujourd’hui sont déjà redevenus aussi riches qu’avant la crise. Un ménage «moyen» disposerait d’un patrimoine déclaré d’environ 365.000 euros. De plus, l’économie souterraine est estimée dans notre pays à 20% du total (dans toute la Zone Euro, il n’y a qu’en Grèce et en Italie que c’est pire). Si nous «répartissons» cela entre toutes les familles, cela voudrait dire que le patrimoine ménager «moyen» s’élève à presque 450.000 euros. Malgré la crise, il n’y a donc pas moins, mais bien plus de richesses qu’auparavant. Avant que le lecteur ne sorte de ses gonds; il est clair que cette richesse n’a jamais été aussi injustement répartie. Derrière la dénomination de “Belges” il y a quelques super-riches, beaucoup de Belges «moyens» et un nombre croissant de pauvres. Même avoir un emploi ne protège plus de la pauvreté – emploi qui est d’ailleurs de plus en plus difficile à obtenir.

Onkelinx et Vandenbroucke ne savent que trop bien que, selon le Conseil Central de l’Economie (CCE), les patrons ont empoché 8,4 milliards d’euros l’an dernier en baisses de charges et en subventions salariales. L’année précédente, ce chiffre n’était “que” de 7,8 milliards d’euros. A ce sujet, pas un mot. A la compétitivité de “nos” entreprises, il est interdit de toucher. Mais que faut-il faire alors ?

Onkelinx veut un “deal”, un nouveau pacte social pour remplacer celui qui a suivi la seconde Guerre mondiale. Elle veut réduire la part des cotisations sociales dans le financement de la sécurité sociale à 50% (contre 66% actuellement). Ce serait une forte baisse des coûts salariaux et, puisque nous n’en sentirions pas l’effet sur notre salaire net, Onkelinx pense pouvoir s’en tirer ainsi. Elle espère pouvoir compter sur le consentement des dirigeants syndicaux lors des prochaines négociations autour de l’accord interprofessionnel. Nous voilà prévenus.

Ces cotisations sociales ne sont rien d’autre que notre salaire différé. Notre bas de laine collectif en cas de maladie, d’invalidité, pour les allocations familiales, les pensions et le chômage. Si les cotisations sociales baissent, les allocations devront baisser, ou d’autres sources de financement devront être envisagées. Et vu qu’Onkelinx veut réaliser cela avec le MR, nous savons déjà qui va payer. Son ancien collègue Vandenbroucke a déjà rédigé 34 pages de «choix stratégiques». Il veut faire un appel à quiconque est «apte à la solidarité et la redistribution». On l’entend déjà venir. Parce que des choix budgétaires doivent maintenant être effectués, dit-il, nous devons d’abord nous concentrer sur «la protection de base». Il veut donc, comme les vrais libéraux, dégrader la sécurité sociale pour en faire un simple «filet de sauvetage social». En fin de compte, Vandenbroucke trouve que l’Etat-providence est un luxe que nous ne pouvons nous permettre que si nous payons beaucoup plus et recevons beaucoup moins. Leurs Eminences social-démocrates se présentent en véritables experts – hélas pas en protection sociale, mais bien au contraire en dépouillement de notre système social.

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