Accord Interprofessionnel. Si ça passe, le patronat a gagné!

Faut le faire! Malgré la participation de 50.000 travailleurs à la manifestation syndicale du 21 décembre, les négociations pour l’accord interprofessionnel ont abouti à un projet d’accord qui ne contient que des cadeaux pour le patronat, et des concessions pour les ouvriers et les employés. En outre, les négociateurs syndicaux ont laissé le gouvernement détourner 250 millions d’euros d’impôts afin de « huiler » les négociations, Pas étonnant que Pieter Timmermans, dirigeant de la FEB, parle d’un accord «historique» et que la ministre de l’Emploi Freya Van den Bossche (Sp.a) le qualifie de «fantastique».

Eric Byl

Norme salariale de 4,5%

La FEB mentionne que la norme salariale de 4,5% est la plus basse jamais négociée! En deux ans elle réduira de 60% le handicap salarial par rapport aux pays voisins. Paul Soete, le chef extrémiste d’Agoria (Fédération patronale du métal) félicite chaleureusement les négociateurs patronaux, Il trouve cependant l’accord trop coûteux. Il aurait préféré une norme salariale inférieure à 4% et encore plus de flexibilité, mais ne remettra pas pour autant l’accord en question. Qu’y a-t-il là-derrière? Soete sait que si le patronat reporte une victoire trop insolente, la base syndicale pourrait ruer dans les brancards. Sa désapprobation est par conséquent tactique: un avertissement aux syndicats pour leur dire qu’ils feraient mieux de signer cet accord.

De ces 4,5%, 3,3% au moins seront mangés par l’index santé, la liaison des salaires au coût de la vie. Avec l’ancien index (y compris avec le prix des produits pétroliers, du tabac et de l’alcool), il ne resterait plus rien. En outre, en comptant les augmentations barémiques (0,5% par an, rien que pour les employés) et le flux salarial vers le haut (la croissance du salaire moyen – 0,5% en 2003) dû à la disparition progressive des emplois les moins qualifiés et leur remplacement progressif par des emplois plus qualifiés. Dans le meilleur des cas, il ne restera donc plus rien de la norme salariale. Etant donné la hausse de la productivité (en moyenne de 1 à 1,5% l’an) le salaire réel par unité produite baissera au cours des deux prochaines années de 2 à 3%. “Historique” pour les patrons, “fantastique” pour le gouvernement.

Flexibilité

Comme si ce n’était pas assez, la loi de 1971 qui limitait les heures supplémentaires à 65 heures passe à 130 heures! Il ne manque ainsi plus que 20 heures par an pour revenir à la semaine de 40 heures. Les syndicats gardent encore il est vrai un certain contrôle. Le gouvernement consacrera 80 millions € pour subsidier les heures supplémentaires et 120 millions € pour réduire la pression fiscale sur le travail en équipes et sur les heures supplémentaires. 40 millions € sont encore prévus pour compenser la baisse des charges sociales sur les bas salaires et améliorer ainsi le salaire net. Le reste de l’argent servira à faciliter l’accès au marché du travail pour les moins valides (5 millions €) et le Fonds de Fermeture (7 millions €). La problématique des fins de carrière et le refinancement de la sécurité sociale (pillée par les gouvernements précédents) est reportée à la fameuse conférence prévue en mars.

Rejeter cet accord

Ce que les directions syndicales peuvent aussi affirmer: cet accord est le plus mauvais depuis longtemps. L’affirmation selon laquelle cette norme est la plus haute depuis des années est complètement fausse. De même que la position des négociateurs syndicaux qui prétendent avoir ainsi réussi à endiguer le recul social. Avec l’appui de 50.000 manifestants et une base qui attend un mot d’ordre clair, on aurait pu arracher beaucoup plus. La faiblesse mène à l’agressivité. L’encre de l’accord était à peine sèche que les travailleurs en grève chez AGC Automotive (ex-Splintex) ont vu leur piquet attaqué par un commando d’huissiers et de policiers fédéraux. Une direction syndicale digne de ce nom aurait exigé la solution de ce conflit comme préalable à la signature d’un accord interprofessionnel. Un seul mot d’ordre est possible: il faut rejeter cet accord. La direction syndicale soumettra la ratification de cet accord à des instances triées sur le volet. Les régionales et les centrales combatives seront noyées dans les votes en bloc des secrétaires syndicaux qui ne prendront même pas la peine de consulter leur base. Ne croyez pas la fable selon laquelle on rattrapera dans les secteurs ce qui a été lâché sur le plan national.

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