Bologne, privatisations et coupes budgétaires : un tiercé d’enfer !

Enseignement supérieur et universitaire

Ces dernières années, chaque rentrée scolaire a vu se développer des luttes étudiantes parfois très massives. La France et la Grèce ont connu les mouvements les plus impressionnants. Mais le nombre de pays où les étudiants ont mené des luttes ces derniers mois ne cesse d’augmenter : Allemagne, Croatie, Espagne, Autriche, Italie, Irlande…

Par Jalil, Bruxelles

La Belgique n’a pas encore connu de mouvements d’une telle ampleur. Néanmoins, la FEF a lancée une nouvelle campagne "Sauvez Wendy" pour la diminution du coût des études qui fait suite à la campagne Respact. Etudiants de Gauche Actifs (EGA) a participé à la campagne Respact et soutient ces initiatives mais veut aussi débattre de leurs limites. Certains au sein de Respact ont reproché à la délégation d’EGA de prendre ouvertement position contre le processus de Bologne et ont tenté de restreindre la liberté d’opinion et d’expression au sein de la campagne. Ce n’est cependant pas pour rien que tous les mouvements étudiants qui ont eu lieu en Europe ces derniers temps ont appelé à l’arrêt immédiat du processus de Bologne.

Il nous semble important de clarifier le débat : le traité de Bologne, signé il y a maintenant dix ans, a ouvert un processus qui a pour objectif de transformer l’enseignement supérieur en Europe en un énorme marché soumis à la concurrence, où le privé prend de plus en plus de place. Cela entraîne une dégradation des conditions d’étude et de travail.

ULB : minerval en hausse, cours en baisse

L’Université Libre de Bruxelles en fournit un exemple particulièrement frappant. Ces dernières années, l’ULB n’a cessé de s’enfoncer dans les privatisations. Il y a quelques années, les restaurants et le foyer étudiant ont été vendus à des intérêts privés. Ensuite, c’est la moitié du campus et les logements étudiants qui ont été privatisés. Les conséquences n’ont pas tardé à se faire sentir : diminutions de salaire pour les travailleurs – les gardiens sur le site (surnommés les « Bleus ») ont été remplacés par des agents Securitas 20% moins chers – et augmentation des loyers des logements étudiants et du minerval. La rénovation des bâtiments se fait avec des matériaux de moins bonne qualité et des travailleurs en sous-traitance.

Les entreprises privées ont pour seul objectif de faire du profit. Les autorités de l’ULB visent à en faire une université d’élite, privée, capable de concurrencer les autres universités sur le plan européen, pour en arriver à un système semblable à celui des Etats-Unis. C’est cela le processus de Bologne.

En ce début d’année, la ministre Simonet a diminué de moitié les 30 millions d’euros destinés au refinancement de l’enseignement supérieur, reprenant par la même occasion l’argent gagné par la lutte des Hautes Ecoles il y a quelques années. Le recteur de l’ULB s’est empressé d’annoncer que, vu le manque de financement public, il faudrait chercher l’argent ailleurs : il a ainsi créé une “fondation d’utilité publique” chargée de trouver des mécènes privés pour financer l’ULB. Accepter des soi-disant dons du privé, c’est perdre ce qui reste de l’indépendance de la recherche et du fond pédagogique. Il y a deux ans, le recteur a annoncé son plan de diminution de 40% des cours de l’ULB qui vise à supprimer tous les cours jugés comme n’étant pas rentables (principalement en Socio et en Philo&Lettres). On va ainsi vers un enseignement à deux vitesses, avec des universités élitistes, sponsorisées et aiguillées par le privé, qui fourniront des diplômes à la bureaucratie européenne (à travers le Centre d’Etudes Européennes notamment) et des universités poubelles pour la majorité des étudiants, qui resteront (sous-)financées par le public.

Assemblée générale

EGA a réagi en organisant une première manifestation devant le rectorat avec les Etudiants Socialistes (ES) et ATTAC. Cette manifestation a donné naissance à un comité luttant contre la marchandisation de l’enseignement et pour le refinancement de celui-ci. Des campagnes où tout fonctionne de haut en bas ne permettent pas d’impliquer le plus grand nombre d’étudiants et d’élargir le mouvement. La casse de l’enseignement se fait aujourd’hui sous nos yeux. La seule manière de gagner est de mener une lutte démocratique avec les étudiants et les travailleurs.

Le comité a organisé une première Assemblée Générale à l’ULB avec environ 150 personnes qui ont mené une première discussion sur l’attaque menée par le gouvernement Olivier (PS, Ecolo, CDH) contre l’enseignement, sur le traité de Bologne et sur les suites à donner aux actions. La discussion a été vive et intéressante. L’Assemblée Générale s’est déclarée contre le processus de Bologne, contre la privatisation des logements étudiants et contre la diminution de l’offre de cours.

Nous avons aussi rappelé qu’il fallait revenir à un refinancement de l’enseignement à hauteur de minimum 7% du PIB. De l’argent il y en a, nous le savons. Le gouvernement fédéral n’a pas hésité à sortir 25 milliards d’euros pour sauver les banques. Aujourd’hui, on veut nous faire payer la note en retirant 15 millions d’euros destinés à l’enseignement supérieur.

Il est temps de réagir ensemble, étudiants et travailleurs, contre la régression sociale qu’on veut nous imposer.

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