Samedi 6 mars – Marche Mondiale des femmes

Les femmes marchent contre la pauvreté, la guerre, la violence envers les femmes et le démantèlement des services de base

Le 6 mars, la plateforme « Marche Mondiale des Femmes » appelle à une nouvelle manifestation à Bruxelles. Des milliers de femmes et d’hommes – syndicalistes, féministes, militant(e)s de mouvements sociaux ou simples citoyen(ne)s – viendront faire entendre leur protestation face à la pauvreté, la guerre, la violence envers les femmes et toutes les difficultés qu’elles rencontrent encore pour accéder à des services de base pourtant indispensables. Nous vous appelons toutes et tous à y participer.

Par Anja Deschoemacker

Arrêtez le cauchemar au Congo

Le projet 2010 de la Marche Mondiale des Femmes se terminera le 10 octobre avec le passage d’une délégation européenne au Kivu (province de l’est du Congo). La situation barbare dans laquelle est plongée la population locale et la violence presque impensable que subissent les femmes de tous âges sont bien connues. Mais rien n’est fait pour mettre fin à l’horreur.

Dans un rapport reposant sur les recherches menées par ses envoyés dans le nord du Kivu en février et mars 2008, Amnesty International explique : « Les membres des groupes armés et des troupes gouvernementales continuent les viols et les abus sexuels envers les femmes et les jeunes filles et, dans un nombre plus réduit de cas, également envers des hommes et des garçons. Parmi les victimes, il y a de jeunes enfants et des femmes âgées, dont beaucoup ont subi des viols en groupe ou des viols à répétition. (…) Des femmes ont été enlevées et utilisées comme esclaves sexuelles. Dans beaucoup de cas, l’abus sexuel et le viol apparaissent être motivés par des raisons ethniques et/ou visent à terroriser et à démoraliser des communautés qui sont soupçonnées de soutenir des groupes ennemis. »

La lutte reste nécessaire

Dans les années ’90, on nous a dit et redit que les femmes n’avaient plus de raison de devoir mener une lutte collective pour améliorer leur sort, qu’arriver à se faire une place agréable dans la vie ne dépendait désormais plus que des capacités individuelles et des efforts de chacun et chacune.

La réalité était et reste néanmoins bien différente. Si, chez nous, les discriminations légales ont été supprimés, les femmes doivent faire face, aujourd’hui comme hier, à un taux de chômage plus élevé que celui des hommes et surtout à un sous-emploi beaucoup plus fort : en 2006, 7,8% des hommes travaillent à temps partiel contre 44,2% des travailleuses. En moyenne, une femme devrait travailler trois mois de plus par an pour obtenir le salaire d’un homme.

Cette position économique inégale ne disparaît pas simplement par des changements de lois. Les lois n’ont en effet pas arrêté la forte montée de l’emploi à temps partiel et de l’emploi temporaire – il y a aujourd’hui de plus en plus de femmes qui travaillent en dehors de la maison mais, en pourcentage, il y en a de moins en moins qui parviennent à vivre de leur salaire sans tomber dans la catégorie des travailleurs pauvres. Si les hommes avec enfants gagnent plus que les hommes sans enfants, pour les femmes c’est le contraire. En conséquence, les femmes dépendent de plus en plus d’un revenu masculin pour s’assurer un confort de base et la pauvreté augmente pour les femmes (et leurs éventuels enfants) qui ne disposent pas d’un tel soutien masculin.

Les femmes subissent aussi les conséquences du démantèlement progressif des services publics et de la sécurité sociale. Les listes d’attente qui s’allongent dans les services sociaux et médicaux rappellent tous les jours que ceux qui ont le plus grand besoin d’aide et de soins ne peuvent bien souvent compter que sur leur famille. Une partie des drames familiaux qui se passent tous les jours trouve son origine dans cette situation.

La manifestation du 6 mars est une manifestation nécessaire et les revendications qui sont mises en avant constituent un minimum nécessaire pour commencer à s’en prendre aux problèmes sociaux que vivent les femmes et leurs familles.

Quel programme défendons-nous ?

La commission Femmes du PSL a récemment publié une brochure “Un programme socialiste anticrise pour les travailleuses” (à commander à la rédaction). Dans cette brochure, nous expliquons que, pour assurer une véritable libération de la grande masse des femmes et leur permettre d’obtenir une position à part entière dans la société, il faut une politique qui réponde aux besoins sociaux en créant et en développant des services collectifs, plutôt que de reporter l’ensemble des tâches domestiques sur le dos des femmes.

Ainsi la lutte contre le sous-emploi (et donc contre les bas salaires qu’il provoque) ne peut être gagnée que par la transformation de tous les emplois à bas salaire, à temps partiel et à durée limitée en emplois qui offrent une sécurité d’emploi et un salaire à part entière. Un premier pas important pour arriver au plein emploi – ce qui, en plus, empêcherait le patronat de dresser des groupes de travailleurs contre les autres sur base de leur sexe, de leur âge ou de leur origine nationale – est une diminution du temps de travail sans perte de salaire et avec des embauches compensatoires. Cette mesure est aussi nécessaire pour offrir à chacun un peu plus de temps à passer avec sa famille, pour développer ses talents, pour se relaxer.

Offrir à toutes les femmes – et surtout à celles ayant des enfants – un emploi à temps plein ne peut cependant se faire que si des solutions collectives sont offertes aux nombreux problèmes qui retombent aujourd’hui sur le dos des familles. Pour pouvoir passer plus de temps avec nos enfants, il faut élargir les formules de congé maternel – et paternel – avec paiement du salaire complet. Mais ce n’est pas suffisant: les tâches domestiques répétitives dans le ménage doivent au moins être partiellement reprises par des services publics à créer.

Aujourd’hui les familles disposant de revenus assez élevés peuvent faire appel aux titres- services. Bien sûr, de tels services sont nécessaires mais il est honteux que les conditions de salaire et de travail du personnel engagé en titre-services sont parmi les pires sur le marché du travail. Il en va de même pour le secteur de l’accueil des enfants par les parents d’accueil: le PSL soutient la grève, annoncée pour février par la CNE, pour donner aux mères d’accueil un statut de travailleur à part entière. De tels services devraient être des services publics, accessibles à tous, où les travailleurs auraient droit eux aussi à un statut de fonctionnaire.

L’indépendance financière est, pour les femmes aussi, la meilleure protection contre la violence. La société devrait investir beaucoup plus pour protéger les femmes et les enfants battus et les aider à construire une nouvelle vie. Une offre élargie de logements sociaux de qualité à loyer abordable, des services d’accueil d’urgence avec assez de personnel et de moyens, un accompagnement social et psychologique des victimes et des acteurs,… sont nécessaires. Mais, sans indépendance financière de la femme, il ne peut y avoir de changements fondamentaux.

Qui va payer tout ça?

Un tel programme coûte cher. Beaucoup de tâches nécessaires sont aujourd’hui accomplies par le travail non-payé des femmes. « Ta famille ne sait pas tout faire ? Tant pis, cherche une solution toi-même ! », voilà ce que disent en réalité le gouvernement et le patronat aux femmes. Pour les forcer à transformer ce travail non-payé en emplois payés à part entière, c’est une lutte massive de toute la classe des travailleurs qu’il faudra.

Car la question fondamentale est bien celle-là : les fruits du travail doivent-ils profiter à une petite élite capitaliste ou bien revenir à la société, pour qu’elle puisse utiliser au mieux ces moyens pour en finir avec la pauvreté, le chômage, les loyers élevés, les listes d’attente dans les secteurs de soins,… C’est la soif de profit de cette élite qui oblige les femmes partout dans le monde à travailler gratuitement.

C’est cette élite qui joue sur les différences existantes dans la classe des travailleurs afin de monter un groupe contre l’autre pour pouvoir tirer vers le bas les salaires, les contrats et les conditions de travail. Et c’est cette élite encore qui déclenche des guerres et des conflits violents dans ses affrontements avec ses concurrents pour s’emparer de nouveaux marchés ou de nouveaux débouchés.

Une solution complète et définitive à tout cela n’est possible qu’en arrachant le pouvoir des mains de cette élite – une tâche qui ne peut être accomplie que par le mouvement ouvrier – et en réorganisant la société sur la base de la coopération et de la solidarité. La véritable émancipation de la majorité des femmes n’est possible que dans la lutte pour le socialisme – c’est le programme que le PSL défendra samedi 6 mars et sur lequel nous voulons mener la discussion avec le plus de manifestants possible.

Aidez-nous et prenez contact avec femmes@socialisme.be.

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