Hypocrisie européenne
Les leaders européens présents à Copenhague ont vite rejeté la responsabilité de l’échec du sommet climatique sur les autres puissances. C’est bien hypocrite de leur part quand on voit ces mêmes dirigeants pousser à la libéralisation des transports en commun partout dans l’Union européenne.
Le 17 décembre, en plein sommet climatique, les cheminots ont organisé une manifestation européenne contre les libéralisations. Il est tout à fait possible que cette manifestation débouche cette année sur une journée de grève européenne organisée en commun.
Dans notre pays aussi, les politiques de libéralisation menacent d’avoir des conséquences négatives pour l’environnement. La direction de la SNCB veut privatiser sa filiale de transport de marchandises B-Cargo. Or, le « transport diffus » (un convoi de wagons de marchandises destiné à différentes entreprises) qui représente aujourd’hui 80% de l’activité de B-Cargo mais seulement 20% de ses recettes, sera jugé peu rentable par le privé. Il risque d’être abandonné à des entreprises routières. Que se passera-t-il si tout ce trafic passe par les autoroutes ? Tant pour la sécurité et les conditions de travail que pour l’environnement, cela sera un désastre. Et la responsabilité ne pourra pas cette fois être rejetée sur les Américains ou les Chinois…
Le réchauffement amène bien… la neige
Cet hiver, à première vue, nous avons peu subi les conséquences du réchauffement de la planète. Cela a conduit certains, après avoir évacué la neige de leur trottoir, à se débarrasser aussi de l’idée du réchauffement climatique…Le temps froid de cet hiver est en fait le résultat d’un changement ponctuel dans le système météorologique qui fait que notre air «habituel», réchauffé au voisinage du Gulf Stream, le courant d’eau chaude circulant dans l’Océan Atlantique, n’est pas arrivé chez nous cette fois-ci. Il a été dévié par le Nord de l’Europe et de la Russie ou il s’est considérablement refroidi, nous amenant une neige abondante.
Sous l’effet du réchauffement global, ces dernières années ont connu les plus grosses disparitions de glace polaire jamais enregistrées, ce qui réchauffe les eaux polaires. Comme expliqué ci-dessus, cela n’a pas suffi pour rendre le climat hivernal plus chaud chez nous. Mais, par contre, cette disparition des glaces menace de libérer dans l’air des quantités énormes de méthane – un gaz à effet de serre 25 fois plus puissant que le dioxyde de carbone – qui est aujourd’hui renfermé dans le permafrost.
Des scientifiques ont expliqué que l’eau de fonte des glaces du Groenland pourrait bloquer et dévier le Gulf-Stream vers le sud. Ce qui risquerait de faire entrer les territoires bordant le nord de l’Océan Atlantique dans une nouvelle ère glaciaire tandis que le reste du monde commencerait lentement à bouillir.
Le réchauffement de la Terre pourrait donc bien nous apporter encore plus de neige… et ce n’est pas une bonne nouvelle !
La conférence climatique de Copenhague s’est terminée, comme on pouvait s’y attendre, sur un échec. La valeur du rapport du GIEC – qui insistait sur les mesures draconiennes à prendre pour éviter une hausse de la température de 2 degrés – a été reconnue. Le texte final reconnaît la nécessité urgente d’agir. Mais il ne contient aucun engagement contraignant. Or les problèmes restent toujours aussi inquiétants.
Les changements climatiques représentent un problème international qui nécessite une solution internationale. Mais la conférence de Copenhague a surtout montré que les leaders mondiaux n’arrivent pas à offrir une réponse cohérente au désastre écologique. Et cela parce que le système qu’ils représentent, le capitalisme mondial, est basé sur une concurrence impitoyable pour les ressources et les profits à court terme.
Les classes dominantes des pays les plus puissants se servent du monde néocolonial comme d’une source de main d’oeuvre et de matières premières à bon marché, sans guère se soucier des hommes et de l’environnement. Cela s’est manifesté une fois encore à Copenhague : les pays les plus puissants ont tenu entre eux une « conférence au sein de la conférence » avant que les Etats-Unis imposent en fin de compte un accord vague et non contraignant. Ici aussi, l’ « espoir » promis par Obama n’a pas conduit au « changement ».
Pendant que les leaders mondiaux parlotent, la planète brûle. L’Organisation Météorologique Mondiale a révélé que la quantité de dioxyde de carbone dans l’air a atteint son niveau record depuis 650.000 ans. Onze des quatorze dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées. La glace polaire continue à fondre et alimente le processus en chaîne du désastre écologique. La libération des gaz (dioxyde de carbone et méthane) jusqu’ici emprisonnés dans les sols gelés en permanence (permafrost) représentent une bombe à retardement pour notre planète.
Pour faire face à ces problèmes, il faut des mesures sérieuses. Le protocole de Kyoto contenait des objectifs très limités mais qui pourtant n’ont même pas été atteints. Le manque de réponse efficace aux changements climatiques représente, selon Nicholas Stern, l’ancien économiste en chef de la Banque Mondiale, « la faillite la plus importante que le marché ait jamais connue». Pourquoi devrions-nous alors continuer à laisser les responsables de cette économie de marché prendre les décisions et décider des solutions?
Seul un contrôle démocratique de la production par les travailleurs et la collectivité pourrait garantir que les ressources et les richesses de la société soient utilisées de manière rationnelle.