Les paradis fiscaux prospèrent… mais le gouvernement va dans nos poches!

Après un accord d’été glacial, organiser un automne chaud

“Tu ne peux dépenser plus que ce que tu as” est une des expressions préférées de Bart De Wever. Mais ça ne s’applique pas à tout le monde. Alors qu’on va chercher des milliards dans les soins de santé, la sécurité sociale, les pensions et les services publics, 853 entreprises belges ont parqué 221 milliards d’euros dans les paradis fiscaux en 2016 seulement !

Par Michael Bouchez

Le montant exact est ouvert à interprétation. La liste des paradis fiscaux est adaptée chaque année. On ne sait pas non plus très bien combien d’argent est déclaré au fisc et quelle partie est considérée comme frauduleuse. Mais nous savons depuis longtemps que la lutte contre la fraude fiscale manque de moyens et est tout sauf une priorité pour notre gouvernement. A titre de comparaison, la lutte contre la fraude sociale aurait rapporté 180 millions en 2016, c’est-à-dire 1200 fois moins que ce qui a été envoyé dans les paradis fiscaux la même année.

Malgré cela, l’accord d’été de 2017 met de nouveau la priorité sur la chasse aux allocataires, tout particulièrement les invalides et les étudiants qui perçoivent une aide. Le gouvernement veut tout savoir des allocataires sociaux afin d’être sûr qu’ils ne touchent pas ‘‘trop’’ d’argent. De qui parle-t-on ? D’un invalide qui indique qu’il vit seul, alors qu’en réalité il vit avec d’autres personnes par exemple. Alors que nos politiciens cumulent les mandats et vont même jusqu’à toucher une pension alors qu’ils travaillent encore, ceux qui doivent lutter tous les jours pour nouer les deux bouts sont traités de profiteurs et rejetés.

Ces mesures contre la fraude sociale devraient dégager 52,7 millions d’euros. Pour cela, des inspecteurs supplémentaires seront recrutés. A côté de ça, la ‘‘lutte’’ contre la fraude fiscale devrait rapporter 50 millions. Il est particulièrement choquant de voir qu’un montant quasiment identique doit être récolté dans la ‘‘fraude sociale’’ et la fraude fiscale. Avec la même énergie et les mêmes moyens qui sont déployés pour la fraude sociale, on pourrait récolter beaucoup plus en luttant contre la fraude fiscale.

En un an, les 853 entreprises ont pu mettre de côté le montant d’austérité que nous avons dû avaler en 4 ans. 221 milliards, cela représente 245 fois les économies opérées dans les soins de santé (900 millions). La lutte contre la fraude sociale aurait rapporté 180 millions en 2016 : 1200 fois moins que ce qui se trouvait dans les paradis fiscaux cette année-là. C’est aussi 440 fois les nouvelles économies dans la sécurité sociale (502 millions) prévues dans l’accord d’été de 2017. Pour équilibrer le budget de 2019, il faudrait encore trouver 8 milliards. Nous savons déjà où le gouvernement n’ira pas les chercher …

Les seuls qui gagnent deux fois sont les grandes entreprises. Elles verront encore grandir leur capital offshore, car les impôts des sociétés vont diminuer de 34% à 25% en 2020. De cette façon, les moyens deviendront encore plus rares. Ce que De Wever et son gouvernement veulent dire par “ne pas dépenser plus que ce que tu as” c’est faire contribuer les travailleurs encore davantage à l’engraissement des capitalistes.

Un véritable gouvernement de gauche – qui déploierait autant d’efforts pour la population ordinaire que le gouvernement actuel pour les capitalistes – utiliserait ces milliards pour stimuler les infrastructures, l’enseignement, les logements sociaux et les énergies renouvelables par des investissements publics. De cette manière, la richesse produite ne profiterait pas uniquement à une petite minorité, mais à toute la société.

Une politique contre la fraude fiscale et les paradis fiscaux et un véritable impôt sur la fortune seraient des bons pas en avant. D’un autre côté, nous savons que cela ne se fera pas avec l’approbation des grands actionnaires. Ils menaceront de délocaliser et de fuir avec leurs capitaux. C’est pourquoi un gouvernement de gauche doit se baser sur l’organisation, la mobilisation et la participation de la population pour arrêter la fuite des capitaux par la nationalisation du secteur financier sous le contrôle et la gestion démocratique. On ne contrôle vraiment que ce que l’on possède.

Rompre avec la politique d’austérité est nécessaire, mais cela nécessitera aussi une rupture avec le système. Organisons-nous afin de le rendre possible par notre lutte!

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