Après un accord d’été glacial, vers un automne chaud ?

Quelle réaction face aux menaces austéritaires du fédéral ?

Fin juillet, Charles Michel et sa bande se sont entendus au sujet d’une batterie de mesures destinées à être votées en octobre et novembre. Plusieurs responsables syndicaux ont directement réagi en annonçant un ‘‘automne chaud’’. Peu de temps après, le ministre des Finances a évoqué dans une interview à L’Echo que ‘‘toutes les participations de l’Etat fédéral’’ allaient être examinées dans Proximus ou encore la SNCB. Au paquet de mesures antisociales de juillet s’ajoute donc la menace de la privatisation du rail ou des télécoms !

Au CD&V, on espérait que l’accord gouvernemental de juillet serait de nature à attendrir les relations tendues entre le parti chrétien-démocrate flamand et Beweging.net (anciennement ACW, équivalent flamand du Mouvement Ouvrier Chrétien) à l’aide d’une taxation sur la fortune et d’une solution pour les coopérants du holding financier Arco dans lequel était impliqué l’ACW. L’optimisme du CD&V a subi une belle douche froide. Beweging.net et ses organisations, parmi lesquelles la CSC flamande, lui ont fait savoir qu’ils n’en pouvaient plus. Divers responsables du CD&V se sont plaints de ces critiques en faisant mine de ne pas comprendre pourquoi le Mouvement ouvrier chrétien s’accrochait tellement aux intérêts des travailleurs et des défavorisés.

Dans son communiqué de presse au lendemain de la conclusion de l’accord d’été, la FGTB a dénoncé à juste titre que ‘‘les cadeaux fiscaux octroyés aux grosses fortunes et aux grandes entreprises sont toujours la priorité des priorités pour l’équipe Michel.’’ Jusqu’ici, la perspective partagée par une bonne partie des dirigeants syndicaux était d’attendre les prochaines élections en espérant l’arrivée d’une équipe gouvernementale moins à droite. Cette approche, irresponsable dès le début, a encore pris un coup dans l’aile depuis la constitution d’un gouvernement MR-cdH en Wallonie.

Le mouvement de 2014 – Un plan d’action illustratif de la force potentielle du mouvement des travailleur

La grève générale de 24 heures du 15 décembre 2014 fut elle la plus grande de l’histoire sociale du pays en termes de nombre de participants ? Les données précises sont inconnues, mais si ce n’est pas le cas, il s’en sera fallu de peu. Nous avons en tout cas encore tous en tête à quel point cette journée fut une éclatante démonstration de force. Cela n’est pas tombé du ciel.

Le plan d’action qui a conduit à la grève générale nationale du 15 décembre fut annoncé lors du meeting syndical du 23 septembre. Les syndicalistes étaient retournés vers leurs collègues avec de quoi gonfler leur enthousiasme : une date de manifestation nationale le 6 novembre comme tremplin vers une tournée de grèves régionales trois lundis d’affilée fin novembre et début décembre, étapes servant d’appui vers la puissante grève générale nationale du 15 décembre.

Peu de temps avant cette date, un sondage La Libre/RTBF/Dedicated dévoilait que seuls 20% des sondés avaient une opinion favorable du gouvernement Michel. Un score aussi pitoyable était une première dans les annales des sondages en Belgique. 42% des personnes interrogées estimaient mauvaise son action. En Flandre, le gouvernement recueillait à peine 26% d’opinions positives, pour 12% en Wallonie. Si un deuxième plan d’action aussi ambitieux avait suivi après le Nouvel An, le gouvernement n’aurait pas pu se relever. Mais les directions syndicales ont eu le vertige face au géant social qui s’était relevé et qui n’avait pourtant encore fait qu’étirer ses muscles.

Une expérience sur laquelle s’appuyer

A l’époque, les assemblées générales du personnel avaient refait surface et joué un rôle crucial en de nombreux endroits, rôle confirmé lors des grèves des agents pénitentiaires, des cheminots ou encore de la CGSP-Admi à Liège qui eurent lieu par la suite. Elles seront d’autant plus importantes aujourd’hui afin de de remobiliser les déçus du manque de suites sérieuses au plan d’action de l’automne 2014, de décider des actions à mener, de la manière de les mener,… Tout comme à l’époque, il est possible de totalement bouleverser l’opinion publique et de replacer au centre du débat les thèmes chers aux travailleurs et qui peuvent nous unir par-delà les langues et les origines.

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