Namur : la majorité communale sous pression populaire après l’interdiction de la mendicité

mendicité Namur

A la surprise générale, un règlement communal interdisant la mendicité dans le centre-ville de Namur pendant les mois d’été a été approuvé au Conseil communal du 29 juin dernier. En 2014 déjà, un premier texte avait fait scandale avant d’être recalé par le Conseil d’Etat. Trois ans plus tard, la majorité continue dans sa volonté de criminaliser la pauvreté, mais la mobilisation populaire a repris de plus belle.

Rapport d’action par AOD, un sympathisant

Suite au odieux règlement (voté à 25 voix contre 15, CHD-MR contre ECOLO-PS) abrogeant les derniers droits des mendiants pour subvenir à leurs besoins par l’aumône, une mobilisation populaire a ébranlé la ville de Namur ce 7 juillet 2017, poussant les représentants de la majorité à une rencontre ce lundi 10 juillet dès 9h30.

Bien qu’ayant tenté de limiter l’accès de la salle aux seuls portes paroles, citoyens et membres d’une kyrielle d’organisations combattives (Lutte solidarité travail, Nuit debout Namur, Réseau wallon de lutte contre la pauvreté, …) se sont frayés un chemin pour assister au débat, au côté de journalistes déjà sur place.

Les silencieux Anne Barzin (MR-Echevine faisant fonction), Stéphanie Scailquin (CDH-Echevine de la cohésion sociale) et François Noël (ECOLO-Président du CPAS), au côté du volubile Maxime Prévot (CDH-Bourgmestre empêché et ministre wallon du budget) ont défendu leur règlement en avançant différents arguments relevant plus de la cosmétique que de la politique de fond :

Premièrement, M. Prévot avance que le règlement permettrait soi-disant de combattre les comportements agressifs de certains mendiants. Ce constat est avancé par des rapports de police suite aux plaintes de certains commerçants. Cet argument tombe à l’eau dès lors que les comportements agressifs et l’état d’ébriété sur la voie publique sont déjà réglementés et prohibés. De plus, le risque d’actes violents monte en flèche lorsque que les dernières ressources d’un être humain lui sont enlevées. Le règlement risque donc d’induire plus de violence qu’il n’en évitera.

Deuxièmement, toujours selon M. Prévot, le règlement viserait à combattre les réseaux de mendicité sévissant à Namur. Une judicieuse interpellation citoyenne durant le débat fit remarquer au bourgmestre empêché qu’aucune arrestation dans ce sens n’avait été faite à Namur. M. Prévot s’est contredit en rétorquant que la lutte contre les réseaux ne relevait pas de ses attributions et que, de surcroît, il n’avait pas accès aux bases de données de la police traitant ce genre d’information. Ainsi, M. Prévot s’arroge une compétence qui ne lui est pas attribuée et prend des dispositions sécuritaires sans même avoir d’informations pertinentes ! De plus, les mesures visant à criminaliser les premières victimes de ces réseaux sont inopérantes : interdire la mendicité ne permet pas de lutter contre la traite des êtres humains et contre les réseaux mafieux qui spéculent sur la dignité humaine.

Troisièmement, CDH et MR assure que le règlement est issu d’un processus démocratique. Or, ils reconnaissent que le public cible directement concerné par la mesure, les mendiants, n’a pas été associé aux discussions. En fin de rencontre, la création d’un nouveau groupe de travail, incluant des mendiants, reconnaît implicitement que le premier groupe était illégitime et insuffisamment représenté.

Outre le règlement, le débat a tourné autour de la fermeture annuelle des abris de nuit durant un mois, du 22 juillet au 22 août, à Namur. Soutenant que la fermeture annuelle de l’abri était due aux vacances annuelles de ses employés, M. Prévot s’est retrouvé face à ses contradictions lorsque que la foule lui rappela qu’il y avait bien assez de citoyens qualifiés ou non au chômage afin de pallier au manque d’effectifs. Une nouvelle fois, les politiques traditionnelles montrent leur complète incapacité à anticiper un problème récurrent : la fermeture annuelle d’un abri.

Le débat s’est pourtant terminé sur quelques avancées mineures. Dorénavant, l’abri de nuit sera ouvert deux semaines durant son mois de fermeture. Sur proposition de la salle, un nouveau groupe de travail, augmenté de quatre nouvelles personnes, représentants citoyens et mendiants, sera constitué afin de rédiger un nouveau règlement. Enfin, le règlement sera assoupli durant un mois, permettant la mendicité dans certains endroits, durant la période de fermeture de l’abris.

Malgré ces petites avancées obtenues à l’arrachée, un gel ou l’abrogation du règlement n’est hélas pas à l’ordre du jour. Pas plus que la réouverture d’un débat public par la convocation d’un Conseil communal extraordinaire.  Afin d’obtenir l’abrogation, de nouvelles actions ont eu lieu devant le parlement wallon le mardi 11 juillet ainsi que rue général Michel ce mercredi 12 juillet. Une nouvelle action prendra place ce samedi 15 juillet au marché de Namur.

« Poor washing »

Il n’est pas surprenant de constater que ce règlement hypocrite couvre la période du 1er juillet au 30 septembre, soit durant la période des soldes et des vacances. L’objectif est simple, masquer la pauvreté afin de ne pas effrayer les touristes. La volonté de la majorité de transformer Namur en centre touristique n’est plus à démontrer. Outre un centre commercial abritant des grandes marques qui ne payent pas leurs taxes, un funiculaire de 10 millions d’euro, sans compter l’entretien annuel de 3 millions, seront construits sans consultation populaire. Ces constructions de prestige ne résolvent pas les problèmes de fond et captent des fonds importants qui pourraient être réinvestis dans l’emploi et la construction de logements publics.

La pauvreté est un problème global !

La pauvreté n’est pas un délit. La mendicité est un symptôme des politiques néo-libérales promues depuis des décennies par les différentes coalitions gouvernementales qui ne cessent de ronger les acquis des citoyens par des politiques d’austérité. L’existence de la mendicité dénonce un capitalisme en désagrégation et des politiques destructrices.

pauvretéSeule une politique socialiste prenant en compte les besoins de la population, et non pas ceux des banques et des marges de profit, permettra de faire disparaître la pauvreté et avec elle la mendicité. Seule l’action concertée et organisée de tous les citoyens, dans la rue, permettra de faire plier des institutions antidémocratique où les décideurs se réunissent en petits comités. Alors que des mesures hypocrites criminalisant la pauvreté sont mises en place, 20% des belges les plus riches détiennent 60% du patrimoine national contre 20% des plus pauvres qui n’en détiennent que 0,2%.

Pendant que certains grands propriétaires ne savent plus quoi faire de leur argent et accumulent toujours plus de richesses, gaspillant les ressources et l’effort des travailleurs, le plan d’austérité communal reste d’application et frappe de plein fouet le travailleur moyen. Rappelons les grandes lignes du plan d’austérité annoncé par la majorité CDH-MR-ECOLO au début de leur législature :

  • Diminution de 14,5 % des dépenses de fonctionnement.
  • Non-remplacement des agents communaux, soit 123 emplois perdus.
  • Diminution de la marge de croissance et de la dotation des CPAS.
  • Diminution de la dotation de la zone NAGE et de la zone de police.
  • Diminution de 10% des subsides dévolus aux ASBL.
  • Augmentation de l’additionnel à l’IPP (impôt communal qui s’ajoute à l’impôt sur les personnes physiques) qui va atteindre les 8,5%.
  • Augmentation de la taxe sur les égouts.

Combattons ensemble !

Citoyens, soyez partisans ! Il temps de descendre dans la rue pour arrêter ces politiques destructrices. La section namuroise du Parti Socialiste de Lutte est prête à soutenir tout mouvement populaire en lutte contre l’austérité et la discrimination faite aux pauvres. Organisons des comités anti austérité ainsi que des manifestations pour arrêter la casse sociale. Ensemble nous sommes plus forts. Organisons-nous !

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