Changement climatique : Trump remet les gaz !

Le 1er juin, Donald Trump a officiellement annoncé son intention de quitter les accords de Paris sur le climat conclus lors de la Conférence des Nations-Unies sur le climat de 2015 (la COP21). Une telle décision était déjà dans l’air depuis un bon moment : le président américain n’a jamais fait mystère de ses positions sur la question climatique que ce soit en nommant un climato sceptique notoire à la tête de l’Agence pour la Protection de l’Environnement et en réduisant son budget de 31%, ou encore en tentant de relancer l’industrie du charbon en mettant un terme au Clean Power Plan dont l’objectif était de fermer des centaines de centrales à charbon extrêmement polluantes.

Par Clément (Liège)

Une catastrophe en marche

La situation climatique de la planète est pourtant plus préoccupante que jamais. L’année 2016 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée, la température moyenne excédent de 1,1° les niveaux préindustriels et dépassant ainsi le précédent record établi en 2015. Selon le National Climatic Data Center américain, les températures du premier trimestre 2017 augurent déjà un nouveau record. 20 ans après la signature du protocole de Kyoto qui visait à réduire les émissions de six gaz à effet de serre d’au moins 5 % par rapport au niveau de 1990 entre 2008 et 2012. En effet, l’accumulation de dioxyde de carbone dans l’atmosphère ne cesse d’augmenter, à un tel point que la National Oceanic and Atmospheric Administration a relevé en certains endroits des niveaux de concentration de CO2 d’un taux jamais atteint au cours de 2 derniers millions d’années.(1)

Outre l’impact sur la fonte des glaces, l’augmentation de la sécheresse, la fréquence et la violence des événements climatiques extrêmes (tempêtes, canicules, tornades, inondations et glissements de terrain…) menace directement la vie humaine. D’après une étude de l’institut German Watch, 525.000 personnes ont perdu la vie entre 1995 et 2014 à cause d’événements climatiques liés au réchauffement global. Et parmi les 10 pays les plus touchés, 9 sont des pays pauvres ou en voie de développement. Aux victimes directes, il faut ajouter les victimes indirectes qui sont confrontées à l’impact des changements climatiques sur leur environnement proche et leurs moyens de subsistance.

Les emplois contre le climat ?

Trump justifie son retrait des accords de Paris par sa volonté de ‘‘ramener des emplois en Amérique’’. Il prétend que les réglementations écologiques détruiraient l’emploi, notamment dans l’industrie minière qu’il s’est promis de relancer. Mais croire que l’on peut sauver l’emploi en sacrifiant l’environnement n’est qu’une dangereuse illusion. D’une part parce que l’industrie minière, principale concernée, est une industrie de plus en plus automatisée, ce qui, aux mains des capitalistes, conduit à des pertes plutôt qu’a des créations d’emplois. D’autre part, parce que les emplois qui pourraient être créés par une politique résolument orientée vers la production d’énergies renouvelables et la transition écologique sont nettement plus nombreux que ceux qui disparaîtront avec la fermeture des mines.

Actuellement, plus de 680 000 personnes travaillent déjà dans le secteur des énergies renouvelables (avec une croissance annuelle de plus de 6%) contre seulement 50 000 dans les mines. Cela signifie qu’en appuyant légèrement sur l’accélérateur des énergies propres, on pourrait recréer en une seule année la totalité de l’emploi minier, voire davantage.

Par ailleurs, il serait erroné de croire que l’ensemble de la classe capitaliste américaine serait favorable au retrait des accords de Paris. Si certaines franges d’industriels voient cela d’un bon œil, il n’en va pas de même pour une majorité de capitalistes américains inquiets d’observer la perte d’autorité diplomatique des États-Unis sur le plan international et peu désireux de laisser leurs rivaux prendre de l’avance dans le secteur en pleine extension des énergies renouvelables. C’est en substance ce qu’illustre l’initiative ‘‘We are still in’’ par laquelle sept États américains et de nombreuses villes et entreprises se positionnent en faveur des accords de Paris. À ce titre, la décision de Trump de se retirer des accords de Paris devrait plutôt être vue comme la tentative d’une administration fragilisée par des défaites successives de consolider une base sociale autour de la question-clef de ‘‘ramener des emplois en Amérique’’.

Accords climatiques et poudre aux yeux

Que le plus gros producteur d’énergies fossiles et deuxième plus gros émetteur de gaz à effet de serre se retire d’un accord par lequel 200 pays se sont entendus pour limiter les émissions de CO2 et remplacer progressivement l’énergie fossile par des énergies renouvelables est évidemment un mauvais signal qui aura des conséquences imprévisibles. Mais cela doit également rappeler la faiblesse de ce type d’accords. Depuis le Sommet de Rio de 1992, la situation n’a fait qu’empirer. Et la COP21 ne devait pas inverser la tendance. Ainsi, si l’accord négocié à Paris reconnait la nécessité de limiter le réchauffement climatique à 2° d’ici 2100 (un seuil déjà fortement critiqué), il ne comporte aucune mention de la nécessaire limitation de l’extraction de carburants fossiles (80% des réserves connues devraient rester dans le sol pour atteindre l’objectif fixé !), il ne fixe aucun objectif intermédiaire à la réalisation d’un ‘‘niveau d’émission zéro’’ d’ici 2050 et, cerise sur le gâteau, il doit être appliqué sur base volontaire… Autant dire que pour historique qu’il soit, il n’a rien de très contraignant.

Le mépris de Donald Trump pour un fait reconnu par 97% des scientifiques et la tiédeur des accords passés par des dirigeants moins obtus soulignent en fait le même phénomène : impossible d’apporter une réponse radicale aux défis écologiques tant que les premiers pollueurs – les grandes entreprises – contrôlent notre système de production pour le profit de quelques-uns. Répondre à la question climatique exige de pouvoir contrôler – c’est-à-dire posséder – les secteurs clefs de l’économie pour permettre des investissements massifs dans les énergies renouvelables, la recherche & développement, les transports en commun, … dans le cadre d’une économie rationnelle et planifiée qui réponde aux besoins du climat et de la majorité de la population.

1) http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/05/09/tous-les-indicateurs-du-rechauffement-climatique-sont-au-rouge_5124694_3244.html

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