Le cabinet du ministre président de la région Bruxelles capitale a été secoué ce jeudi matin par une manifestation musclée des pompiers bruxellois. Ce n’est pas la première fois que les pompiers descendent dans les rues pour défendre leurs revendications et leurs conditions de travail.
Rappelons-nous que dernièrement ils étaient déjà sortis pour faire valoir la reconnaissance de leur profession comme un métier dangereux. Aujourd’hui, bien qu’il n’y ait pas d’avancée significative vis-à-vis de ce dossier, le sujet de leur colère est autre.
Eric, pompier à Bruxelles nous a expliqué : « Les recrutements, nominations et promotions sont régies par une loi cadre qui fixe le pourcentage de pompiers néerlandophones et francophones à l’intérieur du service. Le problème, c’est que cette loi-cadre peut sauter à la moindre plainte et bien souvent aussi à chaque changement de majorité politique. La plupart du temps il s’agit d’une des deux communautés qui se sent sous représentée. Aujourd’hui la situation est bloquée, nous n’avons plus de cadre linguistique en place et donc on ne recrute plus. Si bien qu’avec les départs, prépensions ou pensions, on n’embauche plus de jeunes pour les remplacer. L’autorité compétente, la région, doit faire bouger les choses au conseil d’Etat »
« De plus le problème se répercute et les conséquences sont nombreuses. Par exemple le fait qu’on recrute par paquets fait que la formation des nouveaux ne se fait pas dans des conditions idéales : les anciens sont partis ou alors le nombre de nouveaux à former est trop élevé. Sans parler des problèmes pour la sécurité de la population, sans embaucher, le personnel diminue et c’est à terme un camion en moins pour les interventions »
On doit recadrer la lutte des pompiers dans la situation générale dans laquelle on se trouve. Avec la crise économique les Etats ont sorti des milliards pour sauver le secteur financier qui depuis des années jouait au casino sur les grandes places boursières mondiales. En puisant dans les caisses publiques pour sauver les banques les Etats ont aggravés leur déficit budgétaire et leur dette. Aujourd’hui la question est de savoir a quel moment il va falloir prendre les mesures pour combler ces problèmes dans les caisses publiques : une politique d’austérité, des services publics déjà sous financés qui verront leur budget diminuer encore, santé, enseignement, ce sont les travailleurs et leurs familles qui vont en fin de compte payer pour cette crise.
En Belgique, les autorités ont décidé de diviser les efforts budgétaires entre le fédéral, les régions et les communes. Les entités locales se retrouvent donc à devoir faire des coupes budgétaires dans leurs différentes compétences. On a vu les coupes dans l’enseignement et les luttes des enseignants en octobre, aujourd’hui le problème des pompiers n’est pas étranger, ni même celui du manque de personnel dans les hôpitaux. Nous avons besoin d’une lutte généralisée pour défendre la qualité et l’accessibilité de nos services publics. Au-delà du problème du cadre linguistique les pompiers seront aussi confrontés au manque de moyens pour embaucher.
Mais aujourd’hui il s’agit d’une division linguistique. La loi-cadre votée au parlement bruxellois donne souvent des discriminations soit à l’embauche soit pour les promotions ou nominations quand les quotas sont atteints. Si bien qu’une des deux communautés se sent finalement discriminée lorsqu’on lui ferme la porte car elle ne parle pas la bonne langue. Ce qu’on a besoin c’est d’une formation de langue pendant les heures de travail pour former les travailleurs au bilinguisme et ainsi éliminer les discriminations sur base linguistique.
Alors que des pompiers de Wallonie sont venus en solidarité soutenir cette manifestation, aujourd’hui la manifestation des pompiers ne s’est pas fait en front commun syndical. L’initiative du SLFP et de l’ACV n’a pas été suivie par la CGSP-ACOD ni par la CSC. Cette division souligne le fait que les directions syndicales doivent rompre les liens avec les partis traditionnels. Nous avons besoin d’actions les plus larges possible et d’unités pour défendre nos revendications. Les liens qu’entretiennent directions syndicales et partis de l’Olivier sont venus aujourd’hui miner une action pour les conditions de travail des pompiers et pour la sécurité de la population.