Inbev Jupille. Interview de Nino Militello, délégué principal FGTB

Lundi 18 janvier, les travailleurs d’Inbev luttent depuis une semaine et demie déjà contre un plan de licenciement particulièrement agressif concocté par leur direction. Petit tour au barrage filtrant qui bloque l’accès au site de Jupille à Liège et interview express de Nino Militello, délégué principal FGTB.

Propos recueilli par Simon (Liège)

Socialisme.be: Quelle est la situation financière de Inbev?

NM: « La situation est excellente! L’entreprise fait clairement du bénéfice. Elle peut aussi compter sur toute une série de mesure que le gouvernement a mis en place pour réduire les impôts des grosses sociétés comme la nôtre ou leurs charges sociales. Par exemple les intérêts notionnels. Il paraît que ces mesures devraient favoriser l’emploi. On voit bien que rien ne justifie ces licenciements! »

Cela fait une grosse semaine que vous êtes en lutte. Quelle a été votre stratégie jusqu’ici?

NM: « Nous ne sommes pas entrés en grève car nous savions que la direction avait accumulé du stock en prévision de notre réaction au plan de licenciement. Par contre, nous bloquons l’usine de façon à ce que rien ne sorte. De cette façon, nous allons quand même peser sur le chiffre d’affaire de la société. Et en attendant, les ouvriers sont payés puisque l’usine tourne, même si c’est au ralenti. »

Il semble que les négociations reprennent demain. Qu’est-ce que vous en attendez?

NM: « Il faudrait déjà que la direction mette quelque chose sur la table. En tout cas pour nous c’est clair: on veut le retrait pur et simple du plan. »

Le site de Diekirch au Luxembourg est menacé de fermeture. Y-a-t-il une stratégie de la part des syndicats belges pour rentrer en solidarité?

NM: « Bien sûr! Mais c’est quelque chose qui sera discuté lors de la préparation du conseil d’entreprise européen qui devrait avoir lieu bientôt. »

Ca fait une grosse semaine que vous êtes en lutte. Est-ce que vous avez reçu des témoignages de solidarité?

NM: « Pas mal de délégations syndicales d’entreprises de la région sont passées. Il y a eu aussi des délégations des TEC, des cheminots, des metallos (y compris de Bruxelles), des pompiers… Sinon on sent que la population en général comprend notre mouvement et nous soutient. On a fait une action de sensibilisation au Standard cette semaine. 4000 tracts ont étés distribués. Pas un seul n’était à terre. C’est clair que le mouvement doit dépasser le cadre de Inbev. On appelle l’inter-régionale à lancer des actions partout en Wallonie et en Flandres. »

Et du côté des politiques?

NM: « On en attend pas grand chose. Pour nous, même le PS est devenu un parti comme les autres. Il y a bien eu quelques effets d’annonce mais nous, on attend du concret. Ce n’est pas normal que des entreprises qui font du chiffre et qui bénéficie de baisse d’impôt et de charges puissent licencier. Des élus du peuple ne devraient pas favoriser ça. »

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