LA POSTE: Vache à lait pour le privé ou service à la population ?

L’attaque européenne contre les services postaux se mène également dans notre pays. On y retrouve les mêmes éléments : d’un côté les attaques contre les salaires et les conditions de travail du personnel, de l’autre la baisse de la qualité du service pour la majorité de la population. Libéraliser signifie moins de services pour plus d’argent avec un seul gagnant: les gros actionnaires de la poste privatisée.

Par Geert Cool

Les arguments avancés par les partisans des “réformes” successives sont le volume de courrier constamment en baisse et la libéralisation dictée par l’Union Européenne.

La diminution du volume de courrier est toutefois remise en doute, l’année 2007 ayant ainsi connu une légère hausse. De plus, l’envoi de courriers publicitaires non adressés a augmenté. Diverses entreprises de courrier affirment que la diminu-tion du volume s’est stabilisée. Selon La Poste, la baisse de 4,5% connue dans la première moitié de 2009 est imputable à la crise économique. Ce qui n’empêche pas les profits de rester stables. Sans même tenir compte d’un profit exceptionnel de 117 millions d’euros (qui vient d’une opération de gestion), le profit serait resté stable (103 millions d’euros pour les six premiers mois).

En neuf ans, le nombre de membres du personnel a baissé de 44.000 à 32.000. 12.000 emplois de moins, c’est cinq fois le nombre d’emplois menacés à Opel-Anvers! La productivité, qui a augmenté de 30% en quelques années, n’a pas entraîné de meilleurs salaires. Les dirigeants s’en sont beaucoup mieux tirés. En 1994, le PDG de La Poste recevait 6 fois le salaire d’un employé de base ; en 2009, il l’empoche 45 fois !

Les partis traditionnels mènent la même politique à travers toute l’Europe : privatisations et libéralisations. Se cacher derrière l’obligation de suivre les directives européennes est hypocrite : ce sont les mêmes partis, à l’Europe comme sur le plan national, qui détricotent les services. Le but de la libéralisation est clair: faire plus de profit. Interrogé sur l’avancée de la libéralisation, le Ministre Van Ackere a déclaré que très peu de «progrès» avait été enregistré: «La productivité a augmenté de 40% ces quatre dernières années, surtout par le non-remplacement du personnel qui part en pension. Qui plus est, la marge bénéficiaire est passée de 8,7 à 12,8%.» Les actionnaires ont déjà pu empocher 1 milliard d’euros !

Pour garder ces profits à niveau, la direction veut économiser encore plus sur le personnel et sur les services. Seuls 650 bureaux de poste devraient survivre, et les effectifs devraient encore diminuer. Le projet de mettre en place des MacFacteurs sous la forme de facteurs à temps partiel et à bas salaire (qui recevraient 8,43 € de l’heure pour trois heures de tournée par jour) a été mis au frigo grâce aux actions spontanées du personnel. Mis au frigo, mais pas à la poubelle. Il est possible que cette proposition revienne bientôt sous une autre forme.

Qu’attendent donc les directions syndicales pour utiliser cette première victoire afin d’organiser le personnel et le mobiliser dans une lutte pour une poste de qualité avec un véritable personnel aux conditions de travail et de salaire décentes ? Il faut un plan d’action démocratiquement discuté pour organiser le large mécontentement contre la casse des services publics.

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Première page de Lutte Socialiste