FILM – Avatar: Quand les actionnaires deviennent des dévoreurs de monde

Avatar n’est pas du tout un film à caractère politique. Cependant, comme toute réalisation, il porte les marques de son époque. Nous voilà donc avec un (bon) film de science-fiction et d’aventure sorti dans un contexte de crise économique et de crise écologique. Cela se ressent…

Des troupes et des scientifiques sont envoyés sur Pandora, une planète fort éloignée qui a l’avantage de posséder une minerai rarissime qui se monnaie sur Terre à 20 millions de dollars le Kilo. Le problème, c’est que la planète est habitée, et que les Na’vi n’ont pas l’intention de céder aux diktats des responsables des mines.

C’est afin de les infiltrer que les Avatars ont été conçus, des hybrides combinant de l’ADN humain et Na’vi. Le héros, Jake Sully, est le ‘pilote’ de l’un deux et il parvient à se faire accepter (une bonne partie du film rappelle « Danse avec les loups »). Bien entendu, sa vision des choses évoluera peu à peu jusqu’à ce qu’il s’oppose au massacre des Na’vis.

Quand le massacre de ce peuple est mentionné, le directeur de l’exploitation minière sur Pandora répond: «les actionnaires détestent la mauvaise publicité, mais ce qu’ils détestent encore plus, ce sont de mauvais résultats trimestriels.» Ce genre de réflexion, on peut en trouver à plusieurs moments dans le film. Et dans le contexte de l’échec du sommet de Copenhague, ce film prend une certaine dimension en abordant la destruction d’une autre planète, toujours dans le but de continuer à servir les seuls intérêts des actionnaires. Le réalisateur, James Cameron, n’a pas voulu expliquer à quoi servait le minerai. Pour lui, « ce sont les diamants en Afrique du Sud » ou encore « le pétrole au Moyen-orient ».

D’autres parallèles intéressants parsèment Avatar. A mot couvert, des militaires parlent ainsi d’une précédente intervention des marines au Vénézuela, et le fait que les marines soient utilisés comme mercenaires pour une compagnie minière n’est pas non plus sans rappeler l’aventure irakienne. La référence au sanglant massacre des Indiens d’Amérique est encore abondamment entretenue. Bien entendu, il est aussi question d’environnement et des conséquences de l’exploitation effrénées des ressources. Si le capitalisme n’est pas explicitement nommé comme responsable, on évite toutefois heureusement les discours moralisateurs consacrés à la nature humaine soi-disant profondément destructrice.

Ces aspects, même s’ils sont loin d’être les éléments centraux du film, sont tout de même caractéristiques de l’atmosphère qui se développe dans le contexte actuel de crise économique. Mais quand on parle de crise, elle ne touche pas tout le monde de la même manière. Pour la majorité des spectateurs, ce seront surtout les effets spéciaux qui resteront en mémoire, ce film étant tout de même le plus cher de l’histoire du cinéma… avec la bagatelle de 300 millions de dollars. En rajoutant les coûts de publicité, on atteint même les 500 millions! Mais les producteurs, et James Cameron, n’ont pas à s’en faire, il rentreront largement dans leurs frais. On estime qu’il y aura 250 millions de dollars de bénéfices uniquement sur le sol américain. A ce niveau également, Avatar illustre où sont placées les priorités dans le système capitaliste.

Partager :
Imprimer :
Première page de Lutte Socialiste