Il n’y a pas que du côté francophone que l’extrême-droite a des soucis ! Selon le dernier sondage du Standard et de la VRT, le Vlaams Belang ne récolterait plus que 12,6% des suffrages, à peine la moitié de son score record de 2004. Ce déclin électoral s’accompagne de troubles internes qui ne peuvent plus être amortis comme avant par la distribution de petits postes très lucratifs. Les antifascistes ne doivent cependant pas se leurrer – ces problèmes au sein du VB ne signifient pas que notre lutte est devenue superflue.
Les limites de la méthode populiste
Nous avons toujours expliqué que le VB a fondé son énorme croissance électorale sur l’emploi de méthodes populistes. Le vide politique laissé par le rapprochement politique entre les partis traditionnels a permis au VB de percer simplement en se présentant comme «différent» – en plus de jouer évidemment sur la corde raciste.
Le plus grand problème qui s’est posé au VB a toujours été que sa croissance électorale ne reposait pas sur un large soutien pour le programme initial du parti, qui était directement issu des traditions fascistes et qui était porté par des cadres ayant notamment fait leurs classes au sein d’une milice privée illégale, le VMO. Les méthodes de violence et de terreur ne sont pas acceptées par de larges couches de la population, y compris par les électeurs du VB. La croissance électorale du Vlaams Belang était l’expression d’un mécontentement passif, pas d’une opposition active au système.
Cela pouvait notamment se voir à la participation limitée aux différentes activités, et cela tant parmi les membres que parmi les mandataires. Le nombre même des manifestations et des meetings n’a cessé de diminuer. La seule manière pour le VB d’encore parvenir à rassembler un peu de monde a été d’organiser une journée familiale au parc d’attractions Bobbejaanland, avec tarif réduit pour les membres. Le VB s’est chaque jour un peu plus adapté à ses électeurs, au risque de mécontenter un certain nombre d’éléments plus radicaux. Tant qu’il y avait assez de petits postes à partager, les critiques pouvaient encore être gérées en interne. Mais maintenant, c’est fini.
Le VB a perdu son monopole sur les voix de mécontents, concurrencé par la Liste Dedecker et la N-VA de Bart de Wever. Une partie de son discours a été récupérée par d’autres. Des personnalités se déclarant de gauche ont ainsi lancé récemment une croisade contre «l’islam» avec des arguments qui ne détonneraient pas dans le magazine du VB. Face à tout cela, le Vlaams Belang s’est montré trop passif pour pouvoir consolider le soutien électoral qu’il avait obtenu par le passé.
Guerres de clans au sein du Blok
Les élections de 2006 et 2007 avaient déjà été marquées par une baisse des résultats pour le VB. Pour la première fois, le VB se voyait obligé de licencier au lieu de distribuer de nouveaux postes. Pour toute une série de carriéristes, cela a été dur à avaler et toutes les tensions internes sont montées à la surface. En matière de discorde interne, le VB ne se distingue pas fondamentalement des autres partis. Les guerres de clans ont été sans cesse plus acerbes. La dernière composition du bureau du parti a été rejetée sur le fil, pour la première fois dans l’histoire du VB. L’ordinateur portable du secrétaire privé du président Bruno Valkeniers a été «chouravé» au secrétariat du parti. Il n’est pas question d’un cambriolage, seul cet ordinateur (avec bien entendu tous ses documents compromettants) a disparu. D’autre part, un groupe de membres a lancé un appel public pour que le parti adopte une approche plus modérée afin de pouvoir rompre le cordon sanitaire.
Le terreau subsiste
Ces disputes internes peuvent sembler amusantes pour les antifascistes, mais ce n’est pas le plus important. Cette situation est la conséquence de problèmes électoraux qui ne sont probablement que temporaires. Aussi longtemps que le terreau sur lequel le VB a pu croître continue d’exister, le danger de l’extrême-droite demeure.
Si aucune réponse collective n’est apportée face au chômage croissant et à la casse des services publics, les gens se tourneront vers les réponses individuelles («S’ils n’étaient pas là, ce serait pour moi») qui ouvrent grand la porte au racisme, au nationalisme, au sexisme,… Cela ne peut être évité qu’en apportant une réponse politique sous la forme d’une opposition socialiste de gauche conséquente et active.
Un déclin électoral temporaire et des tensions internes ne signifient pas forcément la fin d’un parti comme le VB. Il y a quelques années en Autriche, beaucoup de gens ont pensé que c’en était fini du FPÖ de Jörg Haider lorsque ce parti a scissionné entre une aile «carriériste» autour de Haider et de la plupart des parlementaires d’un côté qui ont formé un nouveau parti, le BZÖ, et les éléments plus radicaux qui ont maintenu le FPÖ. Cette scission s’est produite après une défaite aux élections de 2002 (où le FPÖ avait perdu 16% et était tombé à 10%). Mais aux élections de 2008, le FPÖ et le BZÖ ont fait 27%, soit respectivement 18% et 11%.
Le danger des groupes violents
La défaite du VB offre aussi plus d’espace pour des groupes plus radicaux tout à fait prêts à mener une politique violente. Nous avons pu le voir quand une réunion des Etudiants de Gauche Actifs, le cercle étudiant du PSL, a subi une attaque physique le 8 octobre dernier à Anvers.
Eddy Hermy, un ancien membre du VMO et du VB, a essayé de créer autour de lui la N-SA (Nieuw-Solidaristisch Alternatief – Nouvelle Alternative Solidariste). Au vu du reportage qui a été consacré à son «congrès jeunes» (soutenu par le groupuscule francophone «Nation») et de la participation à la manifestation de la N-SA à Gand le 10 novembre, nous pouvons affirmer que ce groupe reste marginal avec tout au plus une centaine de radicaux de droite parmi lesquels d’anciens membres du VB et des partisans de Blood & Honour.
Ce genre de groupe n’a qu’une force limitée mais il semble prêt à aller à la confrontation physique pour s’en prendre à ses opposants politiques. C’est un danger face auquel nous devons nous organiser. Avec de bonnes mobilisations, nous pouvons faire en sorte que ces groupes ne reçoivent pas la moindre chance de sortir de leur marginalité.
Blokbuster continue à organiser la résistance antifasciste. Un rendez-vous de la plus grande importance est notre manifestation contre le NSV, l’organisation étudiante officieuse du VB, début mars 2010 à Anvers.