Agriculture: Surproduction d’un côté, famine et misère de l’autre

Le sommet de la FAO (Food and Agriculture Organization) vient de se clôturer. Les résultats engrangés sont bien maigres, pour ne pas dire inexistants. Les Objectifs du Millénaire qui étaient de réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de la faim sont reportés sine die. Les dirigeants du G8, qui ont accouru au chevet de l’économie mondiale pour sauver leur système, n’ont même pas daigné faire le déplacement (exception faite de Berlusconi, l’Italie étant le ‘pays hôte’). Il faut croire que les 17.000 enfants qui meurent de faim chaque jour (ce qui fait un toutes les cinq secondes) ne suscitent pas pour eux grand intérêt.

Par Alain (Namur)

Au-delà des déclarations d’intention, le nombre de personnes souffrant de la faim est passé de 850 millions à 1,2 milliard depuis la dernière réunion (en 2008), la crise étant passée par là. Cette situation explique les émeutes de la faim qui ont eu lieu dans différents pays lors de la flambée des prix des matières premières l’an dernier.

Au regard de cette situation, on pourrait croire que la Terre n’est pas à même de nourrir tous les habitants qui la peuplent. Mais rien n’est en fait plus faux. Jean Ziegler, spécialiste des questions alimentaires pour l’ONU, a expliqué que la Terre pourrait nourrir 12 milliards de personnes et que le problème principal n’était pas celui de la production mais bien de la répartition.

Dans nos pays, ces derniers mois, les producteurs laitiers ont manifesté à de multiples reprises. La plupart sont au bord de la faillite et la cause en est très simple: le prix auquel ils doivent vendre leur lait est trop bas pour leur assurer une rentabilité. Alors que les producteurs vendent leur lait autour de 0,20 centime le litre, leur coût de production s’élève à 0,35 centime le litre.

Cette situation est le résultat de l’absurdité capitaliste, un système basé sur le profit et qui tend à la surproduction, ce qui entraine régulièrement des chutes des prix. Alors que la demande réelle est très forte (deux milliards de personnes dans le monde n’ont pas assez à manger), la demande solvable (celle que les gens peuvent payer) est ,elle, en dessous de l’offre capitaliste. En Belgique par exemple, le taux d’auto-approvisionnement en pommes de terre est de 251%, de 150% pour le lait et de 107% pour les œufs. Ces chiffres ne veulent pas dire que tout les Belges mangent à leur faim, mais bien que la demande solvable ne sait pas absorber toute la production capitaliste. Cela entraîne la nécessité pour les producteurs agricoles de se tourner vers l’exportation. Les primes leur permettent de concurrencer les agriculteurs des pays pauvres qui se retrouvent eux-mêmes mis en difficulté.

Le capitalisme nous laisse donc devant un dilemme cornélien: arrêter les subventions agricoles et signer la faillite de dizaines de milliers de petits et moyens exploitants agricoles ou continuer avec le système de primes et accepter de voir les pays du Sud se vider par la faim.

On le voit, des besoins essentiels comme celui de se nourrir ne peuvent pas trouver de réponse satisfaisante dans le cadre de l’économie de marché. C’est pourquoi il faut lutter pour une économie planifiée de manière démocratique qui mette non pas le profit mais les besoins sociaux à l’avant plan de ces objectifs.

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