DOSSIER – Venezuela : Une nouvelle phase et de plus grands dangers. Vers où aller ?

L’arrivée au pouvoir de Hugo Chavez en 1998 a représenté un tournant important dans la situation mondiale. C’était la première fois qu’arrivait au pouvoir un gouvernement qui refusait l’idéologie impitoyable du néolibéralisme qui avait dominé chaque gouvernement et élite dirigeante à travers les années ‘80 et ‘90. L’arrivée au pouvoir de Chavez représentait donc un développement positif. Le régime de Chavez a mis en place toute une série de réformes populaires, surtout au niveau de l’éducation et de la santé, qui ont été soutenue de manière enthousiaste par le CIO et par les travailleurs du Venezuela.

Par Alejandro Rojas, CIO

La politique populiste radicale mise en œuvre par Chavez a très vite suscité la colère de l’impérialisme américain et de la classe dirigeante vénézuélienne qui ont tenté de le renverser. La lutte au Venezuela est passée par différentes phases et revirements. Maintenant, elle est entrée dans une nouvelle phase critique. Au départ, Chavez parlait seulement d’une «révolution bolivarienne». Toute une série d’importants programmes de réformes ont été entamés. Les «Misiones» dans la santé (Barrio Adentro) et dans l’éducation (Mision Robinson) ont été particulièrement populaires. Un million de personnes ont pu sortir de l’analphabétisme et des millions de gens ont pu accéder à un docteur pour la première fois de leur vie. Trois millions de personnes ont eu accès à une éducation primaire et secondaire. Depuis que Chavez est arrivé au pouvoir en 1998, plus de trois millions d’hectares ont été distribués à des coopératives paysannes. Ces réformes, et d’autres aspects de son programme ont très vite conduit son régime à un conflit ouvert avec les oligarques qui avaient auparavant été au pouvoir, et ont provoqué la colère de l’impérialisme américain.

La tentative de coup d’Etat en 2002 et le “lock-out” patronal de 2002-2003 ont été suivis par toute une série d’actes de sabotage, provoquant des pénuries de biens de consommation et des défis électoraux. Toutes ces tentatives de contre-révolution ont été vaincues. Elles ont été bloquées par un mouvement massif, indépendant et spontané provenant des masses populaires. La défaite de ces tentatives de contre-révolution a représenté d’importantes victoires.

En 2005, encouragé par ces événements et par la pression des masses pauvres et ouvrières, Chavez a été plus loin et a, pour la première fois, déclaré que les objectifs de la révolution bolivarienne étaient d’édifier un «socialisme du 21ème siècle». Pour la première fois depuis la chute du Mur de Berlin, ceci a une fois de plus remis la question du socialisme à l’ordre du jour politique, et a représenté un développement positif.

Toutefois, c’est une chose de parler du socialisme, mais c’en est une autre de comprendre quels sont le programme et les méthodes requises pour l’accomplir. Les marxistes ont aussi la responsabilité de tirer et de discuter des faiblesses, des déficiences et des dangers qui sont présents dans tout mouvement et qui peuvent constituer un obstacle pour la mise à bas du capitalisme.

Il est nécessaire d’aider les travailleurs et les socialistes à s’orienter de manière correcte afin de faire progresser la lutte et d’accomplir la révolution socialiste. Le socialisme authentique peut alors être construit à travers la mise en place d’un véritable système de démocratie ouvrière, qui tire les leçons des expériences du mouvement ouvrier sur le plan international et sur le plan historique.

Les marxistes tentent d’aider les socialistes au Venezuela à tirer les leçons de l’expérience internationale des travailleurs dans d’autres luttes afin de faire avancer la lutte pour la révolution socialiste. Nous acceptons aussi volontiers les commentaires et les critiques des travailleurs vénézuéliens quant à la lutte des travailleurs dans d’autres pays.

Le CIO a salué les avancées positives qui ont été accomplies au Venezuela. Mais nous avons aussi averti quant aux dangers auquel est confronté le mouvement, provenant de la contre-révolution et de la réaction, du fait des déficiences dans le programme, dans les méthodes et dans l’organisation de la classe ouvrière. Contrairement à certaines personnes au sein de la gauche, nous avons évité de tomber dans le double piège de l’opportunisme d’une part – qui consiste à se cantonner dans un rôle de fans ou de conseillers de Chavez – et du sectarisme de l’autre – c’est-à-dire d’attaquer Chavez sans nuances ou à titre personnel.

La menace de la contre-révolution demeure, parce que le capitalisme, malheureusement, n’a pas été vaincu et remplacé par un plan de production socialiste et démocratique basé sur l’édification d’un système de démocratie ouvrière et paysanne. Maintenant, une nouvelle phase critique s’est ouverte au Venezuela, qui amène de nouveaux dangers pour la lutte pour le socialisme.

Le fait que le capitalisme n’ait pas été vaincu est maintenant la cause de toute une série d’attaques sur les programmes de réformes et sur la classe ouvrière. La nouvelle élite riche qui s’est élevée sur le dos du mouvement et de l’appareil bureaucratique en perpétuelle extension, truffé de corruption, entre de plus en plus en conflit avec la classe ouvrière et avec la lutte pour faire progresser la révolution. Usant d’une «rhétorique socialiste», la bureaucratie et la nouvelle élite émergente ont de plus en plus adopté des mesures répressives contre la classe ouvrière et contre ceux qui entrent en conflit ou qui critiquent le régime.

Le CIO a déjà commenté à de nombreuses reprises le fait qu’une des plus graves faiblesses de la situation au Venezuela est l’absence d’une organisation de la classe ouvrière consciente et indépendante, qui se mettrait à la tête de la lutte pour une révolution socialiste. Le mouvement bolivarien a été dirigé par en haut, sans aucun moyen de contrôle de la part de la classe ouvrière. Cela a conduit à ce que des méthodes bureaucratiques, administratives et, de plus en plus, malheureusement, répressives, soient utilisées contre la classe ouvrière et contre ceux qui remettent en question ou défient le régime sur sa gauche.

Ces deux éléments – prédominance du capitalisme et méthodes répressives bureaucratiques – ont été renforcés au cours de la dernière période. Le processus révolutionnaire qui s’est développé, surtout après la tentative de coup d’Etat et le lock-out de 2002-03, s’est heurté à cette conjoncture. Si un processus révolutionnaire n’avance pas, alors inévitablement, il peut commencer à se rouiller et même à pourrir.

Malheureusement, cette menace commence à se développer au Venezuela. En conséquent, le soutien à Chavez est en train d’être gravement sapé et érodé. Même l’idée du socialisme commence à être discréditée parmi toute une couche de la population, à cause de l’échec de l’avancement de la révolution. Toutefois, commence à émerger une contre-révolution qui provient en partie de l’intérieur du mouvement chaviste lui-même.

Les “Boli-bourgeois”

Cette contre-révolution implique des sections de l’ancienne élite qui se sont ralliées à Chavez, et qui maintenant s’enrichissent et tirent d’immenses profits de l’ensemble du processus. Il faut ajouter à ces couches les «nouveaux riches» qui sont apparus. Aujourd’hui, le terme de «Boli-bourgeoisie» (Boli-burguesia) fait partie du vocabulaire de nombreux vénézuéliens. On retrouve ici un important élément du processus qui s’est déroulé en Afrique du Sud, où toute une section de l’ANC s’est enrichie après la chute du régime de l’apartheid. Ces personnes se sont muées en une nouvelle classe moyenne supérieure, et sont même devenu une section de la classe capitaliste. Ce processus est fort avancé dans le Venezuela d’aujourd’hui, au nom du «socialisme». Il y a même une organisation constituée d’entreprises «socialistes» – des compagnies qui se déclarent socialistes mais qui opèrent comme des entreprises capitalistes normales ! Cette couche inclut des gens tels que Ricardo Fernandez Barruesco, qui a démarré dans l’industrie agro-alimentaire mais s’est maintenant diversifié et possède la Banque Canarias, la Banque Bolivar et de nombreuses autres entreprises. Il y a aussi des membres de la nouvelle élite dirigeante tels que Wilmer Ruperti. Il y a dix ans, il n’était qu’un «homme d’affaires» parmi tant d’autres. Aujourd’hui, il est un magnat de la marine marchande et milliardaire. En fait, l’homme le plus riche du Venezuela, c’est lui. Il a amassé sa fortune pendant le «lock-out» patronal en utilisant ses pétroliers pour briser la «grève» et approvisionner le gouvernement en pétrole. Depuis lors, il a été richement récompensé, par des contrats juteux avec PDVSA, la compagnie pétrolière étatique. Bien que cette couche a tenté de se réconcilier avec Chavez, il reste clairement une autre section de l’ancienne élite et autre forces de droite, qui sont toujours déterminées à le vaincre.

La croissance de la «Boli-burguesia» est une caractéristique qui va probablement se poursuivre dans la période qui vient. Chavez, confronté à une économie sur le déclin – avec une chute prévue de 10,5% dans la production pour le troisième trimestre de cette année – a renforcé son appel au secteur privé, lui demandant de l’aider à relancer son économie vacillante. Listant cinquante-quatre enjeux prioritaires pour la relance de l’économie, il a fait appel aux banques privées – certaines se trouvant parmi les plus riches d’Amérique latine – pour aider à stimuler l’économie en augmentant le crédit au secteur commercial. (Ultimas Noticias, 22/09/09)

Alors qu’on beaucoup parlé sur le plan international de certaines des “nationalisations” accomplies par le gouvernement, la plupart d’entre elles ont, en fait pris la forme de partenariats publics-privés. Toute la portée de la politique économique du gouvernement Chavez a été d’accroître l’intervention étatique mais de laisser en place une économie capitaliste mixte – en l’étiquetant «socialisme».

L’impact de la crise

Au début de la crise économique mondiale, Chavez a nié le fait que le Venezuela puisse en être affectée.

Toutefois, son argument est maintenant impossible à maintenir, étant donné que les effets de la chute du prix du pétrole ont commencé à frapper l’économie. Il est par exemple stupéfiant de constater que la dette de la compagnie pétrolière étatique s’est accrue de +146% en 2008! On estime que PDVSA doit 12 milliards de dollars à ses créanciers. Ceci a maintenant un impact direct sur la capacité du gouvernement à maintenir son plan de réformes qui était au départ si populaire.

La plupart des réformes et des programmes sociaux ont été financés par PVDSA. L’accroissement de la dette de PVDSA force maintenant le gouvernement à faire des coupes dans son programme de réformes sociales. Les dépenses du programme social ont été réduites de 58% en 2008 par rapport à 2007. D’autres coupes ont aussi été prévues dans les dépenses étatiques pour 2009. Une fois que l’inflation, d’une hauteur de 30% – la plus élevée de toute l’Amérique latine –, est prise en compte, les économistes estiment que la valeur réelle du budget annoncé pour 2009 sera de 30% inférieur à celui de 2007 !

L’inefficience et la non-gestion bureaucratique

Il faut aussi ajouter à ces coupes les conséquences dévastatrices des méthodes, de la corruption et de l’inefficience bureaucratiques, qui ont sérieusement sapé même les plus populaires des « Misiones » (programmes de réformes) au cours des dernières années. Celles-ci incluent les programmes les plus populaires, tels que Barrio Adentro (pour la santé), la Mision Robinson (pour éradiquer l’analphabétisme), les supermarchés étatiques (Mercal) et le contrôle des prix que le gouvernement a instauré sur les denrées de base.

Les cliniques sous la direction de Barrio Adentro, qui avaient été ouvertes dans les « barrios » dans l’enthousiasme général, sont maintenant le plus souvent fermées et ne parviennent pas à fonctionner. Des plaintes ont été envoyées à La Havane par les docteurs cubains, concernés par la crise dans le secteur de la santé, ce qui a poussé Fidel Castro à écrire à Chavez pour le prévenir que le système des soins de santé ne fonctionnait pas. Chavez a déclaré avoir reçu une lettre de Castro qui se plaignait des problèmes de Barrio Adentro et qui demandait que quelque chose soit fait. Comme si Chavez lui-même n’avait rien à voir avec ce problème! Et pourtant, pourquoi a-t-il fallu une lettre de Castro pour prévenir le gouvernement vénézuélien de la crise dans son propre secteur de la santé ?

Comme beaucoup d’autres programmes de réformes, les réformes populaires dans la santé se sont retrouvées mêlées à tout un réseau de bureaucratie et de corruption, et au manque d’une planification même dans un seul secteur. L’introduction d’une planification unifiée du secteur de la santé, géré par un système de contrôle et de gestion ouvriers, aurait pu être un exemple de ce dont le reste de l’économie a besoin.

Malheureusement, le secteur de la santé est en train de plonger dans une crise de plus en plus profonde. L’introduction de nouvelles cliniques, qui ont permis aux couches les plus pauvres de la population d’avoir accès à un docteur, a été accompagnée de la stagnation et des coupes dans le secteur de la santé qui existait déjà. En dehors des cliniques de Barrio Adentro, une visite chez le docteur signifie une facture pour la consultation! La crise dans le secteur de la santé atteint maintenant des proportions explosives.

Des installations de base comme les cuisines et lavoirs dans un des plus grands hôpitaux de Carácas, El Agodonal, ont été fermées ou ne fonctionnent plus correctement depuis des années, ce qui cause des infections et des contaminations. Il suffit de faire le tour de cet hôpital, que Che Guevara lui-même a jadis visité, pour apercevoir des projets de réparations restés à l’abandon depuis plus d’un an. Entre 2007 et 2009, le gouvernement a décidé de consacrer plus de 2 millions de Bolivars à la réparation et à l’infrastructure hospitalières. Pourtant, après deux ans, pas un seul de ces projets n’a été achevé à plus de 30%. Ceci a eu un effet direct sur le fonctionnement des hôpitaux. El Agonodal ne fonctionne qu’à 30% de sa capacité.

Malgré le nombre de médecins cubains envoyés dans le pays, il y a toujours au niveau national un déficit de docteurs de 30%.

L’absence d’un système de véritable contrôle et gestion ouvriers a pour conséquence que le cancer de la corruption et de la bureaucratie est en train de ronger et de saper l’efficacité des programmes de réformes. Sous Chavez, il y a eu une croissance explosive de la bureaucratie étatique. Avec la récente réorganisation du gouvernement, Chavez a maintenant six vice-présidents! L’Etat emploie maintenant plus de 2 millions de personnes sur 12 millions de personnes en âge de travailler. Le nombre de fonctionnaires d’Etat s’est largement accru. Par exemple, le nombre de fonctionnaires travaillant pour la compagnie pétrolière étatique PDVSA a augmenté de +266% depuis 2002.

Les projets d’infrastructure que le gouvernement a entamé restent la plupart du temps inachevés – souvent en conséquence de la mauvaise gestion et de la corruption bureaucratiques. Dans le centre de Carácas, une nouvelle route pour les bus, construite sur le côté des avenues embouteillées, était censée permettre aux bus de tracer à travers la ville. Cette route reste inachevée et est empruntée par les voitures et les motos, victime de la corruption et du fait que la compagnie russe qui avait reçu le contrat pour la construire a disparu sitôt après reçu l’argent. A cette triste liste s’ajoutent les coupes récurrentes dans l’approvisionnement en eau et en électricité. Ces coupes sont en partie dues au manque d’investissement dans l’infrastructure, et en partie à la non-gestion bureaucratique.

La compagnie d’électricité nationalisée emploie environ 42.000 travailleurs, qui sont répartis entre plus de 200 différents départements! Nous avons là un pays jouissant d’une abondante capacité potentielle de développer un approvisionnement hydro-électrique plus qu’adéquat, grâce à ses vastes fleuves et à son accès facile à l’eau. Chavez affirme que les coupures de courant sont la conséquence de la modification du climat. En réalité, ces coupures constituent un monument au manque d’investissement sérieux dans l’infrastructure tout au long de la décennie qui a suivi l’arrivée au pouvoir de Chavez. La solution du Président est: «ne prenez une douche que de trois minutes.» Une minute pour se mouiller, une pour se savonner, et une pour se rincer !

Même les programmes de réforme agraire, pourtant très limités, ont été affectés par la croissance de la bureaucratie et par le manque d’investissements dans des machines à un prix que les travailleurs agricoles et que les paysans peuvent se permettre. Depuis 1999, l’Etat a saisi environ 2,5 millions d’hectares de terrain. En 1999, la quantité de viande produite tous les mois était de 17,4kg par personne et par mois. Ceci suffisait à approvisionner presque tout le marché domestique. On s’attend à ce qu’en 2009, la production ne soit plus que de 7,8kg par personne et par mois – à peu près 38% de la demande locale. Ceci a forcé l’Etat à importer plus de 50% de la viande consommée au Venezuela.

Sous certaines conditions, la classe ouvrière serait sans nul doute prête si nécessaire à accepter des sacrifices, et même une réduction de son mode de vie pour une durée temporaire. Un exemple de ceci est la situation qui a suivi la Révolution russe de 1917, lorsque la Révolution était isolée et menacée, et que vingt-et-une armées de l’impérialisme sont intervenues pour tenter d’écraser la Révolution dans le sang. Toutefois, pour que la classe ouvrière accepte de telles privations, elle doit être convaincue qu’il est nécessaire de défendre la révolution socialiste et sentir que ses dirigeants et militants sont eux aussi prêts à faire les mêmes sacrifices. Lorsque les inégalités se creusent, que croît la corruption, et qu’une partie de la population s’enrichit de plus en plus, les travailleurs n’accepteront pas que soit attaqué son mode de vie.

Le CIO a salué les programmes de réformes lorsqu’ils ont été instaurés, en tant qu’avancée positive. Cependant, nous avons aussi averti qu’à moins que le capitalisme ne soit renversé, et qu’un véritable système de démocratie ouvrière et paysanne ne soit mis en place, ces programmes ne pourraient pas être maintenus et développés plus en avant. Maintenant, ils commencent à refluer, sous l’impact de la crise économique qui s’approfondit.

Les contrôles des prix que Chavez a introduits ont maintenant été abolis. Même les supermarchés populaires Mercal ont rehaussé leurs prix sur nombre de denrées de base. Le prix du riz a augmenté de 29%, celui du lait de 68%, celui des pâtes de 78%. Alors que les supermarchés étatiques offrent toujours des prix bien plus bas, ces augmentations affectent directement les sections les plus pauvres de la population. Vingt ans après la Chute du Mur, les pénuries, les étagères vides, les files massives – une visite au supermarché Mercal rappelle nombre de clichés habituellement liés aux anciens régimes staliniens d’Europe de l’Est et de l’ex-Union Soviétique. Il n’est pas inhabituel de devoir faire le tour de quatre à cinq magasins avant de trouver du lait. Sans une planification démocratique de l’économie, les pénuries sont inévitables.

Ces pénuries proviennent en partie du sabotage économique par certaines sections des entreprises capitalistes de droite. Cependant, elles sont aussi en partie la conséquence de la bureaucratie, d’une mauvaise administration et de la corruption.

Sous le gouvernement de Salvador Allende au Chili, entre 1970 et 73, des pénuries sont apparues pour certaines matières premières à cause du sabotage et du boycott organisé par les patrons, qui préparaient les conditions pour un coup d’Etat militaire contre le gouvernement. Au Chili, les conséquences de ces pénuries ont été partiellement surmontées par les organisations démocratiques ouvrières et populaires qui existaient à l’époque. Les comités d’usine, les Cordones – et les JAP qui se sont formé dans de nombreux bidonvilles – ont organisé la distribution de la nourriture sur base des besoins et de leur disponibilité. La spéculation sur les prix était contrôlée par les JAP pendant une certaine période, en fixant le contrôle sur la nourriture de base. Malheureusement, ce genre d’organisation n’existe pas au Venezuela. De telles organisations sont nécessaires pour remédier aux pénuries de nourriture causées à la fois par les patrons et par la corruption et l’inefficience de la bureaucratie.

Les leçons de l’histoire – la classe ouvrière doit prendre la tête du mouvement

Le régime Chavez est de plus en plus confronté à la contradiction insolvable qui provient du fait de vouloir introduire des réformes et de les maintenir mais sans renverser le capitalisme pour introduire une économie planifiée socialiste et démocratique. Les marxistes saluent toutes les réformes qui peuvent bénéficier à la classe ouvrière et aux pauvres. Toutefois, sous le capitalisme, toute réforme ou acquis qui a été conquis sera constamment menacé et pourra être refoulé et supprimé. Le système capitaliste ne peut pas se permettre et ne permettra pas un programme permanent de réformes durables. Ceci a été clairement démontré lors des mouvements révolutionnaires de masse qui ont agité le Mexique de 1910 à 1920 et la Bolivie en 1952. Dans ces deux cas, l’incapacité à vaincre de manière décisive le capitalisme et les éléments de néoféodalisme a eu pour conséquence que les acquis et réformes massifs qui ont été conquis lors de ces deux révolutions ont été récupérés et détruits. C’est le même processus qui est maintenant en cours au Venezuela.

Cette contradiction a été encore plus aggravée au Venezuela par les méthodes utilisées depuis le tout début de cette « révolution ». Celle-ci a été « dirigée » du haut vers le bas, en employant des méthodes administratives et bureaucratiques sans l’organisation consciente et indépendante des masses laborieuses et de la classe ouvrière avec un contrôle d’en bas.

Ce sont ces méthodes qui ont été appliquées par Chavez dès le début ; elles reflètent ses origines militaires et l’absence d’un mouvement conscient, indépendant et organisé de la classe ouvrière et des pauvres. Il faut incorporer les meilleures traditions de la classe ouvrière de chaque pays en un mouvement révolutionnaire audacieux, armé des méthodes et du programme nécessaires pour vaincre le capitalisme. En même temps, il faut surmonter les faiblesses et déficiences présentes. Une révolution socialiste ne peut pas être accomplie en cachant ou en ignorant les problèmes existants.

Au Venezuela, au contraire du Chili, de la Bolivie et du Brésil, l’organisation indépendante de la classe ouvrière sur le plan industriel ou politique a toujours été historiquement faible. CTV, la première véritable fédération syndicale vénézuélienne, n’a été formée qu’en 1936, et n’a pas réellement commencé à fonctionner avant les années 50. Le Parti Communiste n’a été formé qu’en 1931 – dans la clandestinité, et selon la ligne stalinienne dès sa fondation. Il n’y a eu aucun dirigeant ouvrier historique de la carrure de Luis Recabarren au Chili, lequel a joué un rôle de premier plan dans la construction d’un mouvement ouvrier indépendant, en fondant de nombreux journaux ouvriers, en aidant à la construction de syndicats et du Parti Communiste, et qui était parvenu à se rendre en Russie pour les Congrès du Comintern, y rencontrant Lénine et Trotsky.

Cette faiblesse a été un des facteurs qui ont permis à Chavez et à ses partisans de prendre la tête du mouvement et de lui donner sa forme et son caractère depuis le début des années 90. Ce point a été illustré par Douglas Bravo, un dirigeant de gauche historique de la guérilla vénézuélienne, qui a collaboré avec Chavez et avec d’autres. L’écrivain britannique Richard Gott, dans son livre “Dans l’ombre du libérateur”, a cité Douglas Bravo, qui lui a raconté une réunion avec Chavez. Ils discutaient de la question d’une grève générale et de lancer une insurrection contre l’ancien régime. Gott commente “C’était exactement ce que Chavez ne voulait pas. Absolument pas. Chavez ne voulait pas que des civils participent en tant que force concrète”. Bravo a relaté le fait qu’une dispute passionnée s’est ensuivie, au cours de laquelle Chavez a déclaré que “tout ce que les civils savent faire, c’est se mettre dans le chemin”. (“Dans l’ombre du libérateur”, pp 64-65)

Lors des récentes discussions à Caracas avec cet auteur, Bravo a même été plus loin, et a illustré comment Chavez a fait tout son possible afin d’éviter l’implication active des masses. En 1992, Chavez a voulu lancer une rébellion militaire populiste radicale. Selon Bravo, il y avait au cours de la réunion mentionnée par Gott des représentants de diverses organisations étudiantes, civiques et autres, y compris une organisation de jeunes officiers de l’armée comme Chavez. Il avait été décidé que le 8 février serait la date d’une insurrection unie civile et militaire. Cependant, afin d’éviter l’implication de la population “civile”, Chavez a tout bousculé et a organisé tout seul son coup d’Etat (manqué) du 3 février 1992.

Malheureusement, les expériences de guérilla de Bravo et les développements sur les plans national et international l’ont mené à renoncer au “marxisme-léninisme”, et à se tourner vers un “humanisme de gauche” en tant qu’alternative au régime chaviste.

L’approche du haut vers le bas adoptée par le mouvement bolivarien a été une de ses caractéristiques depuis que Chavez est arrivé au pouvoir. Le CIO a aussi prévenu des conséquences de ce danger dans de nombreux articles et documents. Par exemple, nous avons dit que “sans le contrôle démocratique de la classe ouvrière, les sections de l’armée qui se retrouvent dans le rôle de dirigeant peuvent inévitablement développer des tendances bureaucratiques ou administratives, qui les mèneront au commandisme. Sans une compréhension claire du rôle de la classe ouvrière dans la révolution, et sans être soumis au contrôle démocratique, même les officiers les mieux intentionnés du monde développent de telles tendances et tentent d’imposer d’en haut leur propre volonté à la classe ouvrière.” (“Les socialistes révolutionnaires et la révolution vénézuélienne”, 2004)

Aujourd’hui, l’Etat à la matraque et l’appareil du parti ont commencé à utiliser tout ceci directement contre les couches de travailleurs qui se sont mis en lutte pour défendre leurs salaires et conditions de travail et leurs droits démocratiques.

Répression et méthodes “stalinisantes”

Malheureusement, la machine d’Etat dirigée par Chavez a commencé à utiliser, tant sur le plan industriel que politique, des formes de répression contre la classe ouvrière et contre ceux qui critiquent le gouvernement sur sa gauche. Sous prétexte de défendre la “révolution socialiste”, les personnes critiques sur sa gauche sont dénoncées comme étant des “contre-révolutionnaires” ou des “agents de l’impérialisme, de la CIA et du MI5”. Au sein du PSUV (le parti chaviste au pouvoir), de telles attaques sont fréquentes de la part de couches de la bureaucratie à l’encontre de ceux qui soulèvent la question d’un véritable contrôle ouvrier, qui se dressent contre la corruption ou mentionnent Trotsky. Par exemple, un partisan du CIO s’est vu dire par un cadre PSUV qu’on n’avait le droit que de parler de “Chavez, Fidel, Che, Mao, mais pas du contre-révolutionnaire Trotsky”. Ceci, malgré le fait que Chavez ait lui-même loué Trotsky lors d’un de ses discours.

Ces méthodes quasi-staliniennes rappellent celles qui ont été utilisées par les dirigeants du Parti Communiste lors de la Guerre civile espagnole. En Espagne, la classe ouvrière s’est dressée contre la rébellion fasciste de Franco et a fait avancer la révolution – contrôlant à un moment les quatre cinquièmes du pays. Le vieil Etat bourgeois était en lambeaux, tandis que la classe ouvrière faisait progresser la révolution. Toutefois, la classe ouvrière n’est pas parvenue à constituer et à établir son propre Etat ou à prendre pleinement le pouvoir entre ses propres mains. La politique des stalinistes a été de retenir la révolution socialiste et de former un accord avec une couche de la classe capitaliste “progressive”. En conséquence, la politique de l’Etat bourgeois a été reconstituée et la révolution, vaincue. Ceux qui s’opposaient à la politique du Parti Communiste étaient dénoncés et souvent exécutés en tant que “contre-révolutionnaires”.

Ceci n’est pas la situation du Venezuela d’aujourd’hui, mais l’utilisation de méthodes quasi-staliniennes est une réminiscence de certaines de celles qui ont été employées lors de la Guerre civile espagnole, où tant le capitalisme que l’Etat bourgeois demeurent.

Les méthodes de répression sont aussi maintenant de plus en plus utilisées contre la classe ouvrière, lorsque des sections de celle-ci sont entrées en lutte pour défendre leurs droits. Au cours de cette année, il y a eu une importante hausse du nombre de travailleurs qui sont entrés en grève pour leurs salaires, leurs conditions de travail et pour la défense de leurs droits. Selon certaines estimations, il y a eu plus de 400 conflits du travail pendant les douze mois qui ont précédé août 2009. Les personnes impliquées sont dans les secteurs de l’acier, de l’électricité, du minerai de fer, de l’aluminium, du transport, de la santé, et autres. En réponse à cela, l’Etat a utilisé contre eux des méthodes répressives.

Lorsque le personnel du métro de Caracas se préparait à une action de grève afin de défendre une convention collective, Chavez a menacé de les mettre sous loi martiale et de leur enlever leur droit de grève. Utilisant les lois liées à la “sécurité nationale”, des secteurs stratégiquement importants tels que le métro ou les hôpitaux ont été désignés comme étant “zonas de emergencia” où tout mouvement de protestation ou de grève est hors-la-loi.

Dans l’Etat de Zulia, lorsque les travailleurs du pétrole sont partis en grève en revendiquant le fait d’être incorporés dans une convention collective, 40 membres de la Garde Nationale ont attaqué les travailleurs et ont arrêté les dirigeants syndicaux qui ont été détenus pendant dix-sept heures.

Les médias du monde entier a accordé beaucoup d’attention au lancement par Chavez du nouveau téléphone portable “socialiste”, Vergatario, qui est parti en production 1er Mai 2008. Très peu de couverture médiatique a par contre été donnée aux conditions et à la répression déplorables que subissent les travailleurs de Vtelca, l’entreprise où ce téléphone est produit. Sans aucune obligation de payer les travailleurs, la direction a utilisé chaque méthode de répression à sa disposition contre sa main d’oeuvre, laquelle a tenté de former un conseil ouvrier et a élu des délégués chargés des problèmes de santé et de sécurité. A un certain point, la Garde Nationale a été utilisée contre la main d’oeuvre et, à l’encontre de l’ensemble du Code du Travail, soixante travailleurs ont finalement été renvoyés pour “manque de dévouement” à leur travail.

Des sections entières de la classe ouvrière ont été désespérément forcées à entrer en action afin d’appuyer leurs plaintes. Parmi ceux-ci, se trouvaient les 27 travailleurs sur une force de 1400 qui ont été impliqués dans un conflit avec PDVSA. Les travailleurs revendiquaient le fait d’être incorporés dans une convention collective plutôt que d’être laissés dans une société “holding” sans aucun contrat fixe.

Ces travailleurs, qui ne faisaient aucune confiance à leurs dirigeants syndicaux pour se battre pour leur cause, sont partis en grève de la faim. Ils ont cousu leur lèvres ensemble avec du fil et une aiguille afin d’être sûrs de ne rien avaler ! Au même moment où ce mouvement prenait place, des sections des étudiants universitaires dirigés par la droite descendaient dans les rues pour protester contre les modestes réformes inclues dans la nouvelle loi éducationnelle du gouvernement, certains d’entre eux partant aussi en grève de la faim. Chavez et le gouvernement se sont donc contentés d’attaquer les travailleurs, soi-disant manipulés par les étudiants universitaires contre-révolutionnaires de droite !

Ces attaques sur les membres de la classe ouvrière qui sont partis en action afin de défendre leurs droits, couplés à la réaction du gouvernement, ont ouvert la porte à un autre danger de la part des forces réactionnaires de droite qui ont tenté de renverser Chavez. Tandis que les travailleurs en lutte ont été dénoncés en tant que “contre-révolutionnaires”, la droite a été capable de se présenter comme une “amie” de la classe ouvrière.

Tout comme une section de l’ancienne élite qui a tenté de se réconcilier avec le chavisme, toute une section des anciens syndicats de droite a fait de même. Récemment, se sont tenues des élections cruciales pour la direction de FUTPV – la fédération nationale des travailleurs du pétrole national. La liste gagnante était menée par Wills Rangel, avec le soutien du gouvernement et du PSUV. Rangel était un ancien membre du bureau syndical du parti social-démocrate Acción Democratica, un des principaux partis qui composaient l’establishment pré-Chavez. Rangel n’a rompu avec l’AD qu’en 2003.

La situation qui se développe au Venezuela est une situation où, au nom du socialisme, des sections entières de travailleurs sont dénoncés en tant que “contre-révolutionnaires”, tandis que les forces du capitalisme réactionnaire ont le droit de se présenter en tant que défenseurs des droits démocratiques des travailleurs et des “amis” de la classe ouvrière.

Dans une des sous-traitants de l’entreprise nationalisée SIDOR, des centaines de travailleurs ont été exclus des conventions collectives lorsqu’ils sont partis en grève, et ont dû faire face à la répression policière et à des arrestations. Un dirigeant syndical critique du gouvernement a déclaré que “le socialisme du 21ème siècle signifie des travailleurs en menottes”.

Ces développements ont sapé le soutien de Chavez et des chefs du régime. Cependant, inévitablement, différentes couches de travailleurs et de pauvres tirent différentes conclusions de ce processus. Tandis qu’un nombre croissant de travailleurs s’éloignent du régime, toute une couche des plus délaissés et opprimés le soutiennent fanatiquement. Dans certaines zones, des sections entières ont été incorporés dans les “patrouilles socialistes” récemment formées, qui ont été établies en tant que sections communautaires locales du PSUV.

Certains de ces groupes communautaires de “vigilantes” ont été en certaines occasions mobilisés et envoyés dans le métro et dans certains hôpitaux pour empêcher les travailleurs d’y organiser des assemblées. Parfois, ces patrouilles sont composées des membres les plus opprimés de la société, des zélotes à la solde de Chávez qui ont été drillés par la propagande qui présente ces groupes de travailleurs comme étant des couches privilégiées qui soutiennent la contre-révolution.

Ce serait une erreur d’exagérer cette tendance, mais elle est en train d’émerger dans certaines zones, et c’est là un avertissement du danger qui est en train de se développer, c’est-à-dire la division de la classe ouvrière et des pauvres urbains sur base d’une telle approche. Il y a eu une accélération rapide de telles méthodes au sein du PSUV et par la machine d’Etat en général. Le PSUV affirme maintenant avoir cinq millions de membres. Ceux-ci sont divisés en trois catégories : membres complets, sympathisants et “réserve” – cette dernière catégorie étant la plus grande – ce qui montre à quel point la militarisation de ce processus est en train de se développer. Certaines de ces méthodes ont au départ été empruntées au régime cubain.

Maintenant, toutefois, il semble que beaucoup de choses sont en train d’être importées du régime chinois, dont l’influence s’est accrue au fur et à mesure que Chavez a décroché des accords commerciaux et de partenariats pour l’infrastructure. Les Chinois sont en train de bâtir toute une série de liaisons ferroviaires à grande vitesse à travers le Venezuela. Chavez a récemment loué le “gouvernement révolutionnaire” de Chine et a envoyé cent hauts cadres du PSUV en Chine pour une “formation idéologique”. La Chine semble de plus en plus être son “modèle”. Le gouvernement a placé des vœux officiels dans sa presse pour l’anniversaire de la révolution chinoise, afin d’y louer le gouvernement chinois de Hu Jintao!

De mauvaises fréquentations

Toutefois, le régime chinois n’est pas le seul à remporter le soutien enthousiaste de Chavez. Une des stratégies internationales de son régime a été de tenter de bâtir un bloc regroupant tout régime qui serait en conflit avec l’impérialisme américain, quel qu’il soit. Un véritable gouvernement socialiste révolutionnaire, dans n’importe quel pays, peut se retrouver isolé pendant toute une période jusqu’à ce que la révolution s’étende à d’autres pays. Dans de telles conditions, rien n’empêche pour un Etat ouvrier de conclure les accords commerciaux qui lui seraient imposés par le contexte. Utiliser les failles et les divisions entre les différentes puissances impérialistes serait, dans de telles conditions, tout à fait légitime. Les bolchéviks et Lénine et Trotsky ont été forcés de conclure de tels accords à cause de l’isolation de la Révolution russe.

Toutefois, le fait d’établir des relations commerciales formelles ne veut pas dire déverser des tonnes de louanges serviles envers des régimes brutaux qui répriment et agissent contre leur propre population en lutte. Les accords commerciaux ne requièrent pas le fait de chanter les louanges du soi-disant “grand dirigeant révolutionnaire” Ahmadinedjad d’Iran. Selon Chavez, le mouvement de masse contre son régime faisait partie d’un complot impérialiste. Lors du récent sommet des chefs d’Etats sud-américains et africains (ASA), Chavez a ajouté quelques amis de plus à sa liste, y compris le dirigeant libyen Kadhafi.

Ni son régime, ni celui de Cuba n’étaient même prêts à condamner le brutal massacre du peuple tamoul par le gouvernement sri lankais et de voter contre ce massacre aux Nations Unies.

Le soutien de régimes tels que les dictatures iranienne ou libyenne par un gouvernement qui prétend défendre le “socialisme révolutionnaire” est indéfendable et peut seulement endommager l’idée du socialisme parmi la classe ouvrière de ces pays et dans le reste du monde. Le futur du régime Chavez est en suspens. Les méthodes et limitations de son programme sont maintenant en train de sérieusement saper son soutien. Des élections parlementaires à l’Assemblée Nationale sont censées se dérouler en 2010. Chavez cherche maintenant à essayer de s’assurer une majorité des deux-tiers. En ce moment, ceci semble peu probable. Cependant, afin de tenter d’atteindre cet objectif, son régime a changé la méthode des élections et a éliminé le système de représentation proportionnelle qui existait auparavant. De telles mesures ne font que saper encore plus son soutien et renforcent l’idée qu’il est maintenant en train de construire un régime de répression. Ceci joue en faveur de la droite. La menace d’une “contre-révolution rampante” demeure, au fur et à mesure que de plus en plus grandes sections de la population sont de plus en plus frustrées et déçus vis-à-vis du régime actuel.

En même temps, la perspective de l’irruption de plus de batailles de classe, voire de grandes explosions sociales en réponse aux attaques du gouvernement, est présente dans cette situation. Dans un tel contexte, surtout avec l’importante récession économique, il ne peut être exclu que Chavez puisse encore aller dans la direction de plus de mesures populistes radicales, y compris plus de nationalisations ou expropriations, ou mettre en œuvre des mesures contre la “Boli-bourgeoisie” et la corruption. Ceci, malgré son arrangement avec ces “nouveaux bourgeois” et avec la bureaucratie.

Il faut un programme pour la révolution socialiste

Pourtant, de telles mesures ne résoudraient pas le problème sous-jacent si elles ne sont pas basées sur un mouvement indépendant et conscient de la part de la classe ouvrière, avec un programme en vue d’accomplir la révolution socialiste. Même si le capitalisme était totalement étouffé, l’absence d’un véritable régime de démocratie ouvrière empêcherait l’avancée du mouvement vers l’édification du socialisme.

Un programme pour la révolution socialiste au Venezuela devrait inclure :

  • L’introduction d’un véritable système de contrôle ouvrier, via des comités de délégués élus et révocables, qui contrôleraient la marche quotidienne des entreprises. L’ouverture des livres de comptes de toutes les entreprises – y compris des entreprises nationalisées – afin d’être inspectés par des comités de travailleurs, afin de mettre un terme à la corruption et de déraciner la bureaucratie.
  • Ces comités doivent être reliés au niveau de leur ville, de leur région et au niveau national. Les entreprises d’Etat doivent être gérées sur base d’un système de gestion démocratique ouvrière, les conseils d’administration de telles entreprises devant être composés de représentants élus des travailleurs de l’industrie, des couches plus larges de la classe ouvrière et des pauvres, et d’un gouvernement ouvrier et paysan.
  • Tous les cadres doivent être élus et révocables à tout moment, et ne doivent pas recevoir plus que le salaire moyen d’un ouvrier qualifié.
  • L’expropriation des banques, des multinationales et des 100 familles les plus riches qui contrôlent toujours l’économie vénézuélienne, et l’introduction d’un plan socialiste démocratique de production.
  • La formation d’une fédération syndicale indépendante et démocratique, avec une direction élue, redevable à et contrôlée par la base des membres. La lutte pur un tel programme est maintenant urgente afin d’insuffler un souffle nouveau dans la révolution vénézuélienne et d’empêcher sa stagnation et la menace de la contre-révolution.
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