Pour nous aussi, un programme anti-crise !

C’est la crise pour tout le monde. Alors, pourquoi est-ce qu’il faudrait un programme anti-crise spécial pour les femmes ? Cette réaction nous l’avons entendue plusieurs fois au cours de manifestations ou de discussions. La réponse est pourtant simple. Parce qu’avant la crise, la situation des femmes était déjà difficile. Qu’avec la crise, cela n’a fait qu’empirer. Et que si on ne fait rien, cela ne risque pas de s’améliorer. Alors oui, il faut un programme anti-crise pour les femmes !

Par Stéphanie (Louvain)

Aujourd’hui encore, le salaire des femmes est généralement plus bas que celui des hommes : 12% en moyenne, mais avec les contrats à temps partiel, le fossé se creuse jusqu’à 24%. Une telle différence met d’ailleurs une pression constante sur les salaires des hommes: il ne faut pas longtemps à un patron pour comprendre ce que l’argument du moindre coût d’une femme peut lui rapporter. Mais ce n’est pas la travailleuse la responsable, c’est le patron!

Et puisqu’on évoque le travail à temps partiel, parlons-en. En 2006, 7,8% des salariés masculins travaillaient à temps partiel. Les salariées, elles, étaient 44,2% dans le cas. Et il s’agit rarement d’un « choix » volontaire. Les mi-temps, les quart-temps, les horaires coupés, ce sont les patrons qui les imposent en fonction des besoins de leurs entreprises : aux caissières dans les supermarchés, aux femmes d’ouvrage dans les bureaux, aux employées dans les call-services,…

Et, comme les coupes dans les budgets sociaux font qu’il est de plus en plus difficile de trouver des places dans les crèches, les femmes ont une raison de plus de se retrouver à horaire partiel, qu’elles le souhaitent ou non.

S’occuper des enfants n’est d’ailleurs qu’un aspect de la deuxième journée de travail que les femmes doivent faire après avoir bouclé la première, mais cette fois à domicile : le ménage, les soins des enfants,…

La crise, le chômage qui monte, les difficultés à joindre les deux bouts, la misère qui s’installe, tout cela a encore un autre effet ravageur, surtout chez les jeunes : la montée d’une industrie du sexe, le développement de la prostitution,…

Alors, pour toutes ces raisons, un programme anti-crise pour les femmes n’est pas un luxe mais une nécessité. Ce programme, nous le développons dans la nouvelle brochure que la Commission Femmes vient de publier. Il détaille les inégalités que subissent les femmes, travailleuses, chômeuses ou au foyer, et avance les mesures qui nous semblent indispensables.

Il ne s’agit pas, pour nous, d’isoler les femmes et encore moins de les dresser contre les hommes. Il s’agit au contraire de répondre aux besoins particuliers des femmes à travers des revendications qui améliorent leur situation mais bénéficient aussi par ricochet à l’ensemble des travailleurs et des allocataires.

C’est évidemment le cas de la diminution du temps de travail, de la transformation de tous les statuts précaires en vrais emplois, d’un programme massif de construction de logements sociaux, de la limitation de la flexibilité sur le marché d’emploi à ce qui est socialement utile,… mais aussi de l’égalité salariale entre hommes et femmes, d’un accueil des enfants gratuit et de bonne qualité, fortement élargi et assuré par un vrai service public. Et c’est aussi le cas de la lutte contre les préjugés et les actes sexistes.

Prendre en compte les revendications des femmes, ce n’est pas simplement leur rendre un service. C’est leur montrer la nécessité de s’organiser pour faire face au patron ou au gouvernement. C’est faciliter leur entrée dans la lutte collective et donc renforcer celle-ci. Et c’est leur montrer que pour en finir avec leur oppression, une transformation socialiste de la société est indispensable. Et tout cela, c’est encore plus décisif en temps de crise qu’à tout autre moment.

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Première page de Lutte Socialiste